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Emmanuel Macron s'est exprimé le 9 novembre.
Emmanuel Macron s'est exprimé le 9 novembre.
©Capture d'écran Youtube / Elysée / DR

Etat d'esprit

Pour Emmanuel Macron, aucun doute n’est plus permis : les Français qui ne travaillent pas sont des fainéants. On se souvient de sa fameuse réplique : pour avoir du travail, il suffit de traverser la rue.

Michel Fize

Michel Fize

Michel Fize est un sociologue, ancien chercheur au CNRS, écrivain, ancien conseiller régional d'Ile de France, ardent défenseur de la cause animale.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont La Démocratie familiale (Presses de la Renaissance, 1990), Le Livre noir de la jeunesse (Presses de la Renaissance, 2007), L'Individualisme démocratique (L'Oeuvre, 2010), Jeunesses à l'abandon (Mimésis, 2016), La Crise morale de la France et des Français (Mimésis, 2017). Son dernier livre : De l'abîme à l'espoir (Mimésis, 2021)

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Pour Emmanuel Macron, aucun doute n’est plus permis : les Français qui ne travaillent pas sont des fainéants. On se souvient de sa fameuse réplique : pour avoir du travail, il suffit de traverser la rue.

La dernière allocution présidentielle confirme cet état d’esprit présidentiel. On punira donc à l’avenir les chômeurs qui ne feraient pas assez d’efforts pour retrouver un emploi en leur suspendant leurs allocations-chômage, des allocations qui, par ailleurs, ne seront plus versées qu’à celles et à ceux qui auront travaillé au moins six mois (au lieu de quatre auparavant) dans les deux dernières années. C’est la fameuse réforme de l’assurance-chômage promise par l’Exécutif et qui entrera en vigueur le 1er décembre prochain au grand dam des syndicats.

Quant à la réforme des retraites, si les conditions, dit le Président, ne sont pas réunies (à cause de la crise sanitaire) pour la mettre en œuvre maintenant, elle le sera ultérieurement. Et le président Macron d’en rappeler aux Français les grands axes : suppression des régimes spéciaux, allongement de la durée du travail par report de l’âge légal de la retraite, pour ne citer que les deux mesures-phare. Autant dire que le conflit avec les organisations syndicales est d’ores et déjà acté, la marge de négociation avec le gouvernement semblant quasi-nulle.

Emmanuel Macron révèle ainsi que malgré les crises successives enregistrées depuis 2018 (Gilets jaunes, cheminots notamment), il ne change pas. Il a beau ponctué ses discours d’un « nous » démocratique (« nous nous sommes bien battus », « nous avons remporté de beaux succès », « nous pouvons être fiers de nous », « croire en l’avenir »), c’est lui qui décide souverainement, selon le principe du « UN POUR TOUS » (soit plus de 67 millions de Français). Voilà ce que l’on pourrait appeler la « République absolue », qui en dit long sur la dégradation du fonctionnement de nos institutions.

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Pour le reste, l’affaire est aussi entendue : le Président, s’en défend-il, est un homme de droite, compréhensif envers les riches, méprisant envers les pauvres., un vrai libéral (au plan économique). A celles et ceux qui attendaient hier soir qu’il fasse, pour satisfaire l’électorat de gauche, une annonce forte dans le domaine de l’emploi, comme une augmentation des rémunérations, notamment dans le secteur public, il n’a rien proposé.

CAP A DROITE TOUTE ! (en tout cas dans l'idée que le président s'en fait car nombre de libéraux considèrent que cette mesure n'a de rationalité ni d'un point de vue économique ni d'un point de vue social)  Car la menace pour Emmanuel Macron n’est plus désormais dans le camp de la droite nationale (Le Pen ou Zemmour), mais dans celui de la droite républicaine classique. La vraie menace pour M. Macron s’appelle désormais Xavier Bertrand ou Michel Barnier. Le Président sait, en effet, qu’au second tour de l’élection présidentielle il battrait à coup sûr Marine Le Pen ou Eric Zemmour qui continuent d’inquiéter une partie de l’électorat et ne disposent pas d’une base électorale suffisamment large pour l’emporter en 2022.

Sur fond de droitisation de la société française (la gauche ne représente plus que 25 à 30 % des intentions de vote), le futur candidat des Républicains est désormais clairement inscrit dans le sens de l’histoire ; il a le vent en poupe. D’où la crainte de M. Macron d’avoir face à lui, en avril prochain, un concurrent redoutable (et politiquement expérimenté) et donc sa ferme volonté de ne pas se laisser déborder sur ce terrain idéologique. D’où la réaffirmation de son attachement à la valeur travail, l’une des valeurs fortes de la droite française, et du refus, à peine masqué, de tout ce qui pourrait apparaître comme de l’« assistanat » (ainsi le futur contrat d’engagement proposé aux jeunes sera-t-il assorti de conditions en contrepartie de la rémunération versée).

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