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Le colbertisme selon de Gaulle
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Bonnes feuilles

L'homme du 18 juin ne manquait pas d'esprit. Il maniait le sarcasme et utilisait son sens de la répartie à froid. La pensée et les actes du fondateur de la Ve République hantent toujours la vie publique française de la gauche et de la droite. Extraits de "De Gaulle au présent" présenté par Henri Guaino aux éditions du Cherche Midi 2/2

Charles de Gaulle sélectionné par Henri Guaino

Charles de Gaulle sélectionné par Henri Guaino

Henri Guaino présente les textes qui ont fait le gaullisme.

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COLBERTISME

« La politique et l’économie sont liées l’une l’autre comme le sont l’action et la vie. Si l’œuvre nationale que j’entreprends exige l’adhésion des esprits, elle implique évidemment que le pays en ait les moyens. Ce qu’il gagne grâce à ses ressources et à son travail ; ce que, sur ce revenu total, il prélève par ses budgets, soit pour financer le fonctionnement de l’État qui le conduit, l’administre, lui rend la justice, le fait instruire, le défend, soit pour entretenir et développer par des investissements les instruments de son activité, soit pour assister ses enfants dans les épreuves que l’évolution fait subir à la condition humaine ; enfin, ce qu’il vaut au sens physique du terme et, par conséquent, ce qu’il pèse par rapport aux autres, telles sont les bases sur lesquelles se fondent nécessairement la puissance, l’influence, la grandeur, aussi bien que ce degré relatif de bien-être et de sécurité que pour un peuple, ici bas, on est convenu d’appeler le bonheur.

Cela fut vrai de tout temps. Ce l’est aujourd’hui plus que jamais, parce que tout individu est constamment en proie au désir de posséder les biens nouveaux créés par l’époque moderne ; parce qu’il sait qu’à cet égard son sort dépend d’une manière directe de ce qui se passe globalement et de ce qui se décide au sommet ; parce que la rapidité et l’étendue de l’information font que chaque homme et chaque peuple peuvent à tout instant, comparer ce qu’ils ont relativement à leurs semblables. Aussi est-ce là l’objet principal des préoccupations publiques. Il n’y a pas de gouvernement qui tienne en dehors de ces réalités. L’efficacité et l’ambition de la politique sont conjuguées avec la force et l’espérance de l’économie. »

Mémoires d’espoir, I, « Le Renouveau »

A lire aussi, l'interview d'Henri Guaino : “Etre Gaulliste au XXIe siècle ? C’est regarder l’histoire du Gaullisme comme une leçon qui tire la politique vers le haut quand elle est tombée si bas”

« Dans l’activité économique des peuples, depuis l’apparition de la grande industrie, il semble qu’on puisse distinguer trois périodes. Au cours de la première, celle du libéralisme pur et simple, chaque entrepreneur pouvait à son gré, suivant ses idées personnelles, son tempérament et les conditions locales, créer et exploiter des ressources, sans autre contrainte que celle de la concurrence. Il en est résulté certainement beaucoup de bien dans un certain sens, car l’initiative et le profit sont des leviers puissants parmi les hommes. Mais à mesure que se développaient les richesses, la société prenait une autre figure, le problème social se posait et, d’autre part, la dispersion devenait peu à peu impossible à maintenir dans un monde qui allait en se rétrécissant.

C’est alors qu’apparut la concentration et que des intérêts privés, en s’unissant, purent créer ces sommes d’entreprises, ces monopoles, ces trusts, dont je me garderai de dire qu’ils n’ont servi à rien au point de vue économique, mais dont il faut reconnaître qu’ils devinrent peu à peu incompatibles avec la volonté de liberté et degaranties sociales des travailleurs et même avec l’intérêt général de la nation au point de vue de la mise en valeur de ses ressources. À la suite de la guerre et de tout ce qui s’y sera passé, je crois bien que nous entrerons dans une troisième période, celle de l’organisation économique nationale. Il s’agit que l’État lui-même prenne en main l’ensemble du problème, qu’il conçoive et qu’il dirige effectivement l’activité économique du pays et de l’Empire. Lui seul peut, désormais, le faire d’une manière suffisamment concentrée et, par suite, économique. Lui seul aussi est en mesure d’adapter le progrès social au progrès des richesses générales.

Mais pour remplir cette tâche, l’État lui-même a besoin d’une organisation nouvelle. Non seulement, il lui faut des organes propres d’études et de direction capables d’éclairer et d’exercer ses pouvoirs, mais il lui faut aussi la consultation permanente des grandes catégories nationales intéressées : les travailleurs, les producteurs, les techniciens. »

Message au Congrès technique de la France au combat, 19 mars 1944, LNC, p. 171-172

Extraits de "De Gaulle au présent" présenté par Henri Guaino aux éditions du Cherche Midi, 2015

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