Le cannabis, toutes formes de consommation confondues, serait responsable d’une hausse de 42 % des crises cardiaques et de 25 % du risque d’AVC<!-- --> | Atlantico.fr
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Le vapotage du cannabis serait aussi extrêmement nocif pour la santé.
Le vapotage du cannabis serait aussi extrêmement nocif pour la santé.
©FRÉDÉRIC J. BROWN / AFP

Santé publique

Une équipe de chercheurs a démontré que le fait de consommer du cannabis sous toutes ses formes, même en vapotant, était bien « associé à un nombre plus élevé d’effets cardiovasculaires indésirables ».

Jean Costentin

Jean Costentin

Jean Costentin est membre des Académies Nationales de Médecine et de Pharmacie. Professeur en pharmacologie à la faculté de Rouen, il dirige une unité de recherche de neuropsychopharmacologie associée au CNRS. Président du Centre National de prévention, d'études et de recherches en toxicomanie, il a publié en 2006 Halte au cannabis !, destiné au grand public.

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Atlantico : Une récente étude démontre que la consommation de marijuana sous toutes ses formes est liée à un risque accru d'accident vasculaire cérébral de plus de 42 % et de crise cardiaque de 25 %. Les chercheurs du Massachusetts et de Californie  ont passé quatre ans à évaluer plus de 400 000 adultes américains dans 27 États pour examiner le lien entre la consommation de cannabis et des problèmes tels que les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. La consommation de cannabis augmente-t-elle le risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral ?

Pr. Jean Costentin : Des accidents vasculaires cérébraux peuvent survenir chez des sujets jeunes qui sont consommateurs de cannabis. Des études ont montré que le danger s’éloignait lors de l’arrêt de la consommation de drogue mais en cas de rechute, le risque de récidives et de problèmes de santé était bien réel avec éventuellement des séquelles. D’autres travaux ont démontré que le cannabis est la troisième cause de déclenchement d'un infarctus du myocarde. Une vaste cohorte montrait que le cannabis était plus dangereux à cet égard que ne l'est le tabac.

La consommation de cannabis pourrait-elle entraîner une augmentation significative du risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral même si les gens consomment le cannabis en vapotant ou en produits comestibles ?

Le cannabis fumé, relativement au vapotage, induit six fois plus de goudrons cancérigènes et d'oxyde de carbone que le seul tabac. Lorsque tabac est ajouté du cannabis, cela accroit notablement les méfaits inhérents  à l'oxyde de carbone et aux goudrons cancérigènes.

L'oxyde de carbone est un gaz qui se fixe sur l'hémoglobine, le pigment de nos globules rouges impliqués dans le transport de l'oxygène, depuis l'alvéole de nos poumons lorsque l’on respire jusqu'aux muscles qui consomment cet oxygène. Le fait de fumer du cannabis engendre six fois plus d'oxyde de carbone que la cigarette de tabac , perturbant significativement l'apport d'oxygène au muscle cardiaque et à aux fibres musculaires lisses de nos vaisseaux.

Voilà pourquoi du seul fait de l'oxyde de carbone, le cannabis a une toxicité cardiovasculaire. Son tétrahydrocannabinol, le THC a des effets hémodynamiques, affectant le transfert du sang. Ceci est tout à fait malencontreux tant pour la circulation cérébrale que pour la circulation coronaire. Le cœur, qui est un muscle, est irrigué par des vaisseaux qui sont les vaisseaux coronaires. Pour les vaisseaux des membres inférieurs, on connait les artérites oblitérantes chroniques induites par le tabac  chez les gros fumeur au-delà de la cinquantaine. Mais ce trouble grave se produit de manière bien plus précoce chez des sujets jeunes consommateurs importants de cannabis.

Donc le cannabis fumé, par son THC, par l'oxyde de carbone s'il est fumé, par les goudrons cancérigènes, est à l'origine de méfaits cardiovasculaires indubitables.

Le danger, pour les jeunes notamment, n'est-il pas de croire que le fait de vapoter du cannabis ou d'en consommer dans des formes alternatives serait moins dangereux ?

Le fait de vapoter fait que le sujet ne reçoit à ce moment-là que le THC / tétrahydrocannabinol, mais sans avoir ni les goudrons cancérigènes, ni l'oxyde de carbone. Cela semble donc moins toxique. De même pour le tabac, le fait de vapoter permet à celui qui est accro de bénéficier de la nicotine.

Le THC est un drame pour le cerveau. Une revue sur les effets épigénétiques du cannabis/THC, dont je suis l’auteur, va être publiée prochainement dans le Bulletin de l'Académie nationale de médecine. Cela concerne des modifications de l'enveloppe des gènes que l'on appelle la chromatine. Le THC, modifiant cette enveloppe de chromatine modifie l'exposition de ces gènes à la machinerie qui permet de traduire les plans  qu’ils recèlent  en protéines. Les effets épigénétiques affectent d'abord le consommateur. Mais opérant sur les spermatozoïdes ou les ovules, le consommateur va  pouvoir transmettre ces modifications à sa descendance ; ce qui pourra se traduire par des malformations, l’autisme, des dépressions de l’humeur, des déficits cognitifs, une vulnérabilité à la schizophrénie, aux toxicomanies dès l’adolescence etc..

Les résultats de ces études ne devraient elles susciter des campagnes de prévention axées  santé publique, soulignant les risques du cannabis et ses dangers d’en consommer sous toutes ses formes ?

Il y a, outre ces risques cardio-vasculaires, 100 autres méfaits du cannabis. Mais les dés sont pipés, la prévention est polluée par des groupes de pression qui œuvrent pour la légalisation du cannabis. Certains veulent même  en faire un médicament et d’ailleurs sont parvenus  à faire passer dans la loi de financement de la sécurité sociale 2024 l'autorisation du cannabis dit « thérapeutique » pour cinq ans renouvelables. Ce cannabis prétendument « thérapeutique » étant le faux nez, le cheval de Troie, du cannabis  « récréatif » ; cette drogue avec laquelle la « récré » se termine parfois dramatiquement.

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