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Laurence Sailliet : "Ceux qui inoculent le virus du FN aux Français sont ceux qui se sont auto-proclamés directeurs de conscience de notre société"
©Jean-Philippe Riant

Élection chez LR

Laurence Sailliet, a brigué un temps la présidence des Républicains. Faute de parainnage, elle a dû renoncer à ce projet et soutient aujourd'hui Laurent Wauquiez.

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet est députée européenne Les Républicains et membre du groupe du Parti populaire européen.

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Atlantico : On a appris ce week-end qu’Alain Juppé envisageait un rassemblement central avec Emmanuel Macron dans la perspective des élections européennes de 2019. Nicolas Sarkozy lors d’une cérémonie de décorations vendredi a par ailleurs laissé échapper quelques avertissements implicites à Laurent Wauquiez en lui reprochant entre les lignes de ne pas savoir rassembler. Sagesse d’aînés soucieux de leurs héritages politiques ou papys flingueurs que la droite devrait flinguer pour être capable de s’inventer un nouveau destin ?

Laurence Sailliet : Tout d’abord, il faut distinguer la position d’Alain Juppé qui prône un rassemblement avec Emmanuel Macron et celle de Nicolas Sarkozy qui encourage le rassemblement de la Droite dans toutes ses composantes. Une alliance avec En Marche pour le scrutin européen ou tout autre élection, c’est simplement l’abandon de ce que nous sommes : la Droite républicaine. Notre parti Les Républicains doit-être la première force d’opposition et de de propositions. De tels ralliements de circonstances ne feraient que le jeu des extrêmes, celui du Front national et de Jean-Luc Mélenchon. Nous sommes aujourd’hui dans un esprit de reconstruction et de reconquête et non de capitulation. Notre nouveau destin nous le construirons avec du courage et de la sincérité non dans la compromission. Je suis profondément européenne, la Droite est européenne contrairement aux caricatures. Je souhaite que notre projet pour l’Europe soit innovant et ambitieux sans exclure un certain réalisme car c’est bien les conceptions utopiques de cette Europe qui la desservent.

Vous étiez candidate à la candidature à la présidence des républicains sur une ligne ouverte, moderne et européenne, vous avez finalement choisi de soutenir Laurent Wauquiez. Que vous inspirent les propos de ceux qui redoutent que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes « n’inocule le virus du FN à la droite » ou qu’il rétrécisse le parti en le ramenant à un positionnement droitier sans avenir ?

Soutenir un candidat ce n’est pas renier ce que l’on est, ce en quoi on croit. Je suis dans cet esprit de rassemblement préalable à la Refondation de notre famille politique. J’ai des convictions fortes que j’ai toujours défendues avec constance, rien ne change et personne ne m’a demandé de revenir dessus. Je crois en une Droite qui défend les libertés dans le domaine économique et dans la vie personnelle de chacun, une Droite ferme sur la sécurité et dans la lutte contre le terrorisme et une Droite européenne. Le front national est haut car nous avons été incapables de répondre aux préoccupations de nombreux Français comme le chômage ou l’insécurité. Nous avons même peur maintenant d’aborder certains sujets comme l’immigration ou l’identité car nous sommes accusés de « chasser sur les terres du front national ». Nos concitoyens ont le sentiment de ne pas être entendus et compris, ils crient leur mécontentement en votant pour les extrêmes, c’est logique. Ceux qui inoculent le virus du FN aux Français sont ceux qui se sont auto-proclamés directeurs de conscience de notre société.

 Aurore Bergé déclarait dans une Itw à Atlantico ce dimanche que le simple fait que « Laurent Wauquiez ait le besoin de se justifier sur ses possibles alliances avec l'extrême droite montre l'ambiguïté de ses positions ». Ce type d’analyse qu’on a pu retrouver chez des personnalités comme Alain Juppé, Valérie Pécresse, Edouard Philippe ou encore Xavier Bertrand vous paraît-il refléter une inquiétude sincère ou une simple stratégie politique visant à vaincre un adversaire perçu comme redoutable en le délégitimant ?

Laurent Wauquiez a toujours dit qu’il ne ferait jamais d’alliance avec le Front national. Rien dans ses propos et son comportement n’est venu à ce jour contredire cet engagement. Alors pourquoi le mettre en doute.

Vous êtes membre du bureau politique des Républicains et proche de Xavier Bertrand, comprenez-vous que le président de la région Hauts-de-France envisage de quitter le parti comme des échos l’ont laissé entendre en fin de semaine dernière ?

A la lecture de cet article, je ne suis pas aussi catégorique quant au projet que vous évoquez. Xavier Bertrand a fait le choix de ne pas concourir à cette élection et il s’en est expliqué. Qu’il soit attentif à l’évolution de la ligne politique défendue par son parti est légitime compte tenu des fonctions qu’il a exercées en son sein. Je ne crois pas mais surtout je ne souhaite pas qu’il prenne trop de distances avec notre famille politique. C’est une personnalité importante à laquelle de nombreux militants sont attachés. Notre parti pour se relever aura besoin de tous.

Qu’avez-vous appris de votre campagne à la candidature pour la présidence des LR en rencontrant les militants du parti ? Sont-ils les citoyens radicalisés que voyait Alain Juppé ? Et que veulent-ils : les consultations organisées dans le cadre des ateliers de la Refondation de la droite montrent que le clivage gauche droite existe toujours pour eux mais être de droite aujourd’hui face à un attelage Macron-Philippe qui réussit des réformes promises par la droite depuis des années, ça laisse quel espace ?

Cette campagne a été riche d’enseignements. Tout d’abord, j’ai été surprise de constater que malgré nos défaites, la colère et la tristesse qui en résultent, nos militants restent combatifs et déterminés à poursuivre leur engagement. Notre parti a une histoire, nous avons des troupes, c’est notre force. Le militantisme, le vrai, ne s’altère pas dans la difficulté. La gentillesse et l’écoute qui m’ont été réservées, alors que pour beaucoup ils ne me connaissaient pas, m’ont profondément touchée. J’ai beaucoup de respect pour tous ceux qui mènent le combat sur le terrain et sans lesquels le parti n’est qu’une coquille vide. Ils défendent les valeurs de la Droite : le travail, le respect, l’ordre, la liberté. Je n’ai pas le sentiment qu’ils sont « radicalisés », c’est un faux procès. Par contre, ce qui est clair, c’est qu’ils considèrent, à juste titre, que Macron c’est la Gauche et nous la Droite. Concernant les réformes que vous évoquez, certaines sont intéressantes notamment dans la loi travail. Elles restent minoritaires par rapport à celles qui affectent les classes moyennes, les retraités et les jeunes. Ces quelques décisions ne font pas d’Emmanuel Macron un homme de Droite. Nous avons donc l’espace nécessaire pour mener une opposition déterminée, construite et intelligente dans l’intérêt de notre pays.

En ce jour de commémoration des attentats du Bataclan, que pensez-vous que la droite doive apporter au débat sur le terrain sécuritaire d’une part (Laurent Wauquiez a critiqué la loi sur le terrorisme), « identitaire » d’autre part.

La France est aujourd’hui confrontée à des menaces comme rarement dans son histoire. La responsabilité de la Droite est de tenir et d’assumer des positions fermes sur les sujets régaliens que sont l’intérieur, la défense et la justice. Ce point de vue, je l’ai défendu avant et pendant ma campagne. Il a justifié, en premier lieu, le soutien que j’apporte à Laurent Wauquiez pour la présidence de notre parti. Dans le lutte contre le terrorisme, mettre fin à l’état d’urgence n’est pas une bonne réponse et je déplore que les amendements de nos députés, destinés à amoindrir l’impact de cette décision, aient été rejetés. Alors que l’unité nationale devrait s’imposer sur ces sujets, En Marche priorise la tactique politicienne et le sectarisme. Nous avons beaucoup à faire et nous pourrions nous inspirer de l’Espagne qui en 2015 a fortement durci son arsenal policier et juridique avec notamment la création du délit d’endoctrinement actif et passif. Sur les sujets identitaires il ne faut pas avoir de tabous et savoir en parler comme on parle d’économie, de santé, d’éducation, d’Europe ou encore d’environnement. Redonnons à la droite sa liberté de penser et de proposer.

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