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La PMA en l’absence de père, fabrique d’orphelins-nés
©Flickr/genue.luben

Papaoutai

Célébrée le 20 novembre, la journée internationale des droits de l’enfant commémore chaque année l’anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Illettrisme au collège, taux de suicide record chez les adolescents, maltraitance infantile… la France ne manque pas de défis à relever en matière de protection de l’enfance.Célébrée le 20 novembre, la journée internationale des droits de l’enfant commémore chaque année l’anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Illettrisme au collège, taux de suicide record chez les adolescents, maltraitance infantile… la France ne manque pas de défis à relever en matière de protection de l’enfance.

Ludovine de La Rochère

Ludovine de La Rochère

Ludovine de la Rochère est présidente du Syndicat de la famille (anciennement «la Manif pour tous»).

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La force d’une société et sa fierté démocratique tient toujours et partout dans les moyens qu’elle met à défendre les plus faibles. Nous sommes fiers de vivre dans un pays qui agit pour protéger ses enfants contre toutes les formes d’instrumentalisation, de violences ou de privations. Cependant, face aux alertes du Comité des droits de l’enfant , nous encourageons le gouvernement à prendre au sérieux les atteintes persistantes aux droits des enfants. 

Nous sommes d’autant plus préoccupés que le gouvernement, bien que divisé à ce sujet, laisse entendre qu’il serait prêt à rajouter à ces atteintes l’injustice d’être privé délibérément d’un père dès la naissance.

L’ouverture de l’assistance médicale à la procréation aux femmes seules et aux couples de femmes offrirait la possibilité de faire volontairement des enfants orphelins de père… des orphelins-nés. Comme nous l’avions déjà dénoncé au moment de l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe, la PMA sans père piétinerait les droits de l’enfant au profit d’un droit à l’enfant, c’est-à-dire de l’intérêt des adultes. En contradiction avec les exigences formulées par les articles 2, 3 et 7 de la Convention, mais aussi de l’article 29 qui assigne à l’éducation de l’enfant l’exigence du « respect de son identité ». 

C’est bien l’identité de l’enfant qui est menacée parce que la filiation générée par la PMA sans père est une filiation fictive, incapable de satisfaire aux exigences d’une « parenté symbolique » au sens où l’entend la sociologue Nathalie Heinich :

« La parenté symbolique est la possibilité pour l’enfant de se penser à la fois dans une continuité généalogique et dans la différence des sexes, fondatrice de la conscience qu’il a de l’autre »  

L’absence de père crée pour les enfants une absence de repère, qui n’est pas sans occasionner des conséquences psychiques graves. L’association PMAnonyme recense de très nombreux témoignages poignants émanant de personnes qui souffrent de ne pas connaître leur origine, comme celui de Julie :

« Je suis l’enfant d’une femme et d’un petit tube en verre. Je veux savoir qui est l’homme qui m’a engendrée. Quand je suis face au miroir, je ne veux plus jamais me demander de qui me vient mon nez… » 

Face à cette détresse qu’ils comprennent, 77 % des Français considèrent que « l’Etat doit garantir aux enfants nés par PMA le droit d’avoir un père et une mère ». 

Jacques Testard lui-même ne s’y est pas trompé puisque le pionnier de la fécondation in vitro en France a dénoncé ce glissement du biomédical vers l’idéologie du droit à l’enfant, susceptible d’ouvrir une crise éthique gravissime. Il dénonce le fait que des individus demandent aux institutions de leur faire un enfant en laboratoire afin de leur éviter des relations sexuelles qu’ils ne souhaitent pas avoir. Il pointe aussi le risque de pénurie de sperme.  Dans ce contexte, en effet, les femmes infertiles seraient mises en concurrence avec les femmes célibataires et les couples de femmes et la gratuité du don de sperme pourrait être remise en cause. Cette (r)évolution mettrait à mal le principe de non-marchandisation du corps humain, en contradiction avec les valeurs de la République et sa devise : liberté, égalité, fraternité.

Face à cette menace humaine, sociale et éthique, la Journée Internationale des Droits de l’Enfant est l’occasion de rappeler que les enfants ne sont ni des valeurs d’échange, ni seulement l’objet du désir de leurs parents, mais des sujets de droits qu’il nous appartient de protéger du mieux que nous pouvons. C’est notre responsabilité. Elle est belle. Soyons-en dignes.

Bruno Dary, membre comité de pilotage de La Manif Pour Tous

Albéric Dumont, vice-président 

Ludovine de La Rochère, Présidente 

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