"La parure" de Guy de Maupassant : une parure un peu lourde<!-- --> | Atlantico.fr
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"La parure" de Guy de Maupassant est à découvrir au Guichet Montparnasse à Paris.
"La parure" de Guy de Maupassant est à découvrir au Guichet Montparnasse à Paris.
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Atlanti-Culture

La pièce "La parure" de Guy de Maupassant est à voir au Guichet Montparnasse à Paris.

Anne-Claude  Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »

La parure 

De Guy de Maupassant

Mise en scène : Isabelle Delage

Avec Annie Vergne

INFOS & RÉSERVATION

Théâtre le Guichet Montparnasse

15 rue du Maine

75014 PARIS

01 43 27 88 61

http://ww.guichetmontparnasse.com

Du 10 septembre au 12 novembre. Les dimanches à 15h.

THÈME

Mariée à un petit commis du ministère de l’Instruction publique, Mathilde Loisel est malheureuse et insatisfaite auprès de son terne mari qui « philosophe sur les vertus du pot-au-feu ». Elle rêve de s’arracher aux contingences et à la trivialité de son existence de ménagère pour vivre une existence de luxe, d’élégance et de plaisirs mondains. 

L’occasion de briller en société lui est fournie un jour par l’invitation inespérée au bal du ministère. Elle obtient de son mari de s’acheter une robe digne de l’événement puis, afin de parachever sa tenue, emprunte à son amie d’enfance, la bien née Jeanne Forestier, une parure de diamants. 

POINTS FORTS

Maupassant n’est pas resté sourd et indifférent aux aspirations égalitaires des petites gens. Comme nombre de ses contemporains, il saisit à quel point le désir d’ascension sociale peut conduire à la chute, mais également mieux que beaucoup, il perçoit et rend compte de la rudesse des rapports de classe, de l’amertume du déclassement, de « la vie horrible des nécessiteux » et de l’âpre quotidien d’une vie de labeur et de privations. 

On goûtera le personnage à peine esquissé du mari, sobre jusqu’à la médiocrité, mais absolument dévoué, et qui répond à l’engagement contracté lors de son mariage jusqu’au sacrifice de toute son existence. Cet homme à la parole rare et économe fait sans discuter ce qu’il estime devoir faire. Incarnation d’une probité sans phrase, il a joint son sort à celui de Mathilde, pour le meilleur et pour le pire.

L’adaptation théâtrale de cette courte nouvelle est dans l’ensemble réussie, même si l’exposé des rêves de Mathilde est un peu long. 

Il faut souligner l’inventivité d’une scénographie qui tire astucieusement parti du dénuement du plateau, et du panneau qui, en fond de scène, permet à la comédienne de disparaître, puis de réapparaître et de circuler avec fluidité.

QUELQUES RÉSERVES

Cependant, les transformations infligées au texte de Maupassant ne s’imposaient pas, notamment parce qu’elles en altèrent la sobriété cinglante et la brutale clairvoyance… Le sentimentalisme et le moralisme didactique qui s’en dégagent ont un parfum de trahison : Mathilde est punie d’avoir rêvé et d’avoir péché par orgueil et par excès de futilité (ce qui est bien dans la nouvelle), mais elle découvre que son bonheur était à portée de main, qu’il résidait dans l’amour sincère et simple que lui portait son mari, et ceci est le fait de l’adaptation réalisée par Annie Vergne. 

Pourquoi, en outre, alourdir cette éloquente découverte de commentaires pontifiants qui résonnent comme une banale injonction à se satisfaire de son sort ? 

La comédienne, un peu outrée dans les moments les plus faibles du texte, est meilleure dans l’évocation douce-amère de la grisaille de sa vie de misère que dans celle de l’éclat de ses rêves de jeune fille frivole.

ENCORE UN MOT...

Dans le Paris brillant et festif de cette fin de siècle, la République, malgré l’émergence des « couches nouvelles », n’a pas tenu toutes ses promesses et l'écart entre les catégories sociales demeure. 

Sensible aux vanités sociales, Maupassant nous montre une victime de ses rêves d’ascension sociale, enivrée par le désir impérieux de paraître ce qu’elle n’est pas et de briller dans une société cruelle aux plus démunis. 

L’absurdité du dénouement sonne comme une critique acerbe de ce monde des faux semblants.

UNE PHRASE

« Pourquoi les filles du peuple n’auraient-elle pas le droit d’être l’égale des grandes dames ? »

« Il n’y a rien de plus humiliant que d’avoir l’air pauvre au milieu de femmes riches. »

« Il emprunta, demandant mille francs à l'un, cinq cents à l'autre, cinq louis par-ci, trois louis par-là. Il fit des billets, prit des engagements ruineux, eut affaire aux usuriers, à toutes les races de prêteurs. Il compromit toute la fin de son existence, risqua sa signature sans savoir même s'il pourrait y faire honneur, et, épouvanté par les angoisses de l'avenir, par la noire misère qui allait s'abattre sur lui, par la perspective de toutes les privations physiques et de toutes les tortures morales, il alla chercher la rivière nouvelle, en déposant sur le comptoir du marchand trente-six mille francs. »

L'AUTEUR

C’est la quatrième saison pour cette adaptation d’un texte de Guy de Maupassant, publié pour la première fois dans le Gaulois du 17 février 1884, avant d’être intégré l’année suivante dans le recueil de nouvelles intitulé Contes du jour et de la nuit. 

Maupassant est au cours de cette décennie au sommet de sa production et de sa notoriété.

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