La moitié de la population mondiale pourrait être obèse d’ici 2035 et voici pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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Derrière l’obésité, il y a de nombreuses maladies. Ainsi, les maladies cardio-vasculaires sont dans nos pays la première cause de morbi-mortalité.
Derrière l’obésité, il y a de nombreuses maladies. Ainsi, les maladies cardio-vasculaires sont dans nos pays la première cause de morbi-mortalité.
©JEAN-CHARLES SEXE / AFP

Défi mondial

Dès que la situation socio-économique d’un pays s’améliore, les habitants se dirigent vers le junk-food, ce qui est profondément néfaste.

Christophe de Jaeger

Christophe de Jaeger

Le docteur Christophe de Jaeger est chargé d’enseignement à la faculté de médecine de Paris, directeur de l’Institut de médecine et physiologie de la longévité (Paris), directeur de la Chaire de la longévité (John Naisbitt University – Belgrade), et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité.

Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment de "Bien vieillir sans médicaments" aux éditions du Cherche Midi, "Nous ne sommes plus faits pour vieillir"  chez Grasset, et "Longue vie", aux éditions Telemaque

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Atlantico : Selon la Fédération mondiale de l'obésité, plus de la moitié de la population mondiale sera considérée comme obèse ou en surpoids d'ici 2035. À quoi est dû ce constat ? 

Christophe de Jaeger : Dans les pays dits riches, l’obésité ne cesse de croître. Selon le rapport de la Fédération mondiale de l’obésité, on découvre que les pays à faible revenu devraient suivre la même évolution. La cause est double : l’utilisation d’aliments transformés et trop riches en sucre, consommés en trop grande quantité. La qualité et la quantité entrent donc directement en cause. En corollaire à ce constat, on assiste à une diminution de l’activité physique dans des pays de plus en plus sédentaires. Jusqu’à présent, les pays émergents n’étaient pas confrontés à ces problématiques et bien souvent, ils ne mangeaient pas à leur faim. Or, on remarque que dès que la situation socio-économique d’un pays s’améliore, les habitants se dirigent vers le junk-food, à l’image des pays industrialisés, ce qui est profondément néfaste.  

À quel point le surpoids et l’obésité sont-ils des problèmes de santé publique ? Sous-estime-t-on ces enjeux ? 

Derrière l’obésité, il y a de nombreuses maladies. Ainsi, les maladies cardio-vasculaires sont dans nos pays la première cause de morbi-mortalité. Derrière, il y a les maladies métaboliques comme le diabète. Ce sont des maladies dites « de pays riches », qui nous coûtent très cher. Si ces maladies apparaissent dans des pays qui ont une économie précaire, cela risque d’entraîner un manque de soin criant, avec des morts à l’issue. 

Selon le rapport, les enfants et les adolescents seront le plus touchés par l'augmentation des taux d’obésité. Comment l’expliquer ?

Généralement, les gens qui ont l’habitude d’avoir une activité physique ou une bonne hygiène alimentaire ont tendance à la garder. Au contraire, les enfants les plus jeunes pâtissent des nouvelles habitudes délétères, comme aller dans des fast-food. Cela augmente les risques de surpoids, ce qui en soi amène souvent à faire moins de sport. Si on ajoute le temps conséquent consacré aux écrans ou à la télévision, temps qui ne va qu’en augmentant, on favorise la sédentarité de nos jeunes. Arrivés à l’adolescence, il devient très compliqué pour ces jeunes de retrouver un poids normal et de forme. 

Quelles mesures pourrait-on prendre pour endiguer ce phénomène ? 

C’est peut-être une question d’éducation, mais cela reste très complexe. Je pense qu’il est important de s’interroger autour des vecteurs d’éducation actuels. Que ce soit en France ou dans d’autres pays, la famille a parfois du mal à éduquer les enfants sur ces questions. Mais face à l’importance de ces enjeux, je pense qu’il faut aussi passer par des cours de nutrition à l’école, pour que les élèves comprennent l’importance d’avoir une alimentation variée et équilibrée. 

Si les pays les plus touchés sont souvent des pays à faible revenu, la France, réputée pour sa gastronomie et son art de vivre, fait-elle figure de bon élève ?

Non, nous ne sommes pas de bons élèves. Nous avons de plus en plus d’adolescents obèses, les chiffres de l’Insee le démontrent chaque année. C’est quelque chose qui touche de plus en plus d’individus, dans les pays à faible revenus mais aussi en Occident. Les progrès sociaux-économiques passent toujours par une chose simple : la recherche du plaisir. C’est notamment pour cette raison que le surpoids augmente dans les pays les plus pauvres. Le constat est identique pour les individus les plus défavorisés au sein même de nos sociétés. Enfin, on admet de plus en plus qu’il ne faut pas stigmatiser les personnes en surpoids. C’est une très bonne chose puisque ces personnes sont déjà stigmatisés, il ne s’agit pas d’en faire des doubles victimes. Il ne faut pas pour autant considérer le surpoids comme « normal » du fait de ces implications sur la santé des personnes et sur les coûts sociétaux que cela va représenter par la suite. Il faut à mon sens continuer à éduquer enfants et parents à travers tous les supports possibles.

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