La consommation de gaz recule de 20% en 2 ans et… ça fait flamber les prix et voilà l’explication de cette aberration économique<!-- --> | Atlantico.fr
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La consommation de gaz a reculé de 20% en 2 ans.
La consommation de gaz a reculé de 20% en 2 ans.
©TOLGA AKMEN / AFP

Aberration

Trois tendances de fond expliquent la baisse : la destruction de la demande par effet prix (appelée pudiquement sobriété), la douceur de la météo et l’abandon, chez certains industriels, de process gaz ou leur report vers l’électricité.

Jean-François  Raux

Jean-François Raux

Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et titulaire d’un DESS de Droit Public Européen, Jean-François Raux a effectué la majeure partie de sa carrière au sein d’Electricité de France et de Gaz de France.

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Rappelons quelques faits.

Lors de la crise dite ukrainienne, liée à l’embargo sur le gaz russe (et le sabotage de NS1), les prix de gros du gaz se sont envolés se répercutant bien sûr, sur les prix de détail. Il en est résulté une forte baisse de la consommation plus forte chez les industriels que chez les « petits » clients selon les données de GRT Gaz.

Le fait essentiel est qu’en 2023, la consommation nationale - particuliers, entreprises, grands industriels, centrales électriques - s'est établie à 381 térawattheures (TWh), selon le bilan annuel du gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz, soit une baisse de -11,4% sur l'année et, surtout, un niveau qui n'avait plus été vu depuis les années 1990 !

Trois tendances de fond expliquent la baisse : la destruction de la demande par effet prix (appelée pudiquement sobriété), la douceur de la météo et l’abandon, chez certains industriels, de process gaz ou leur report vers l’électricité. En 2022, la baisse avait été du même ordre de grandeur, malgré une consommation des centrales gaz plus importante du fait de la « crise du nucléaire » en France.

En 2024, les prix de gros du gaz sont revenus quasiment aux niveaux d’avant crise. Des entreprises comme TotalEnergies ont travaillé à remplacer, avec succès et rapidité, l’approvisionnement Russe par du GNL importé. Les prix futurs du gaz sont à la détente.

Par contre le prix du gaz rendu client final n’est pas que le prix de la molécule !

L’ensemble réseau de transport + stockage + réseau de distribution, [ensemble qualifié de « réseau » dans la suite du texte] représente 26% de la facture et les taxes 31% ! (Donc plus de 50% de la facture du client particulier).

Or le prix du réseau est proportionnel à la consommation c’est-à-dire au MWh (ou M3) de gaz consommé, ce qui est économiquement aberrant puisque ce sont des coûts fixes pour l’essentiel. Concrètement, cela veut dire que moins il y a de gaz qui passe dans les tuyaux, plus le coût facturé au client est élevé. Je traduis « plus vous êtes vertueux en diminuant votre consommation de gaz » plus vous payez le réseau cher ! Et si vous abandonnez le gaz au profit de l’électricité (ce qui est recommandé dans le cas de la transition écologique), ce sont les autres consommateurs qui vont payer plus cher l’utilisation du réseau !

Ceci est lié à deux principes retenus par la CRE pour calculer les tarifs de réseau : la proportionnalité à la consommation (MWh) (on facture des coûts fixes sur la base de consommation variable) et le principe d’équilibre des gestionnaires de réseau qui ne peuvent être en déficit, par construction. Donc à la limite, moins il y a de consommateurs gaz, plus les consommateurs restants payent chers ! C’est économiquement et politiquement aberrant, même si cela devrait accélérer la « fuite » des consommateurs vers l’électricité. 

Notons au passage, que cette aberration n’est pas propre au gaz. On la retrouve dans le nucléaire, par exemple, où l’on est à 80% de coûts fixes avec un poids énorme des frais financiers liés à la durée de construction des centrales. Si le nucléaire sous-produit.

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