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La communauté LGBT pionnière du communautarisme
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Débat

La communauté LGBT revendique une forte hétérogénéité, et certains militants affichent une plus grande spécificité identitaire : queer, BDSM, polyamoureux ou polysexuels, transgenres... L’hyper segmentation identitaire est poussée à l’extrême, en découpant, divisant, catégorisant, les individus.

Christophe Arvis

Christophe Arvis

Diplômé en science politique, en économie, finance et en théologie, Christophe Arvis est co-fondateur d’une société de conseil et d’innovation financière en matière de financement des entreprises.

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Alors que les partisans de l’ouverture du mariage pour tous, quelle que soit l’orientation sexuelle, viennent d’arpenter les pavés parisiens, il convient de prendre quelques instants pour observer et analyser de plus près cette curiosité sociologique que représente la « communauté homosexuelle ». Le discours politiquement correct parlera plutôt de communauté LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel et Transsexuel).

Loin de rassembler une communauté homogène, la communauté LGBT assume et revendique une forte hétérogénéité des individus qui la composent. Certains militants de cette cause vont plus loin en affichant une plus grande spécificité identitaire : queer, BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Sado-masochiste), polyamoureux ou polysexuels, transgenres, etc. On parlera alors de communauté LGBTQBDSMP…la liste peut être très longue. La multiplication des catégories vise en partie à dénoncer la norme sociale considérée comme hétérosexiste, issue d’une domination hétérosexuelle et masculine. Rien que ça.

L’hyper segmentation identitaire est poussée jusqu’à l’extrême, en découpant, divisant, catégorisant, les individus selon leurs origines ethniques, leurs pratiques sexuelles. On réduit l’individu à un acte en particulier, à une fraction de lui-même. Chaque particularisme pouvant se subdiviser lui-même en d’autres sous-particularismes.

Cette fracturation permet ensuite de construire une cartographie de micro comportements où chacun peut à loisir composer sa propre identité, avec toutes les combinaisons et croisements possibles. Il ne sera pas étonnant de voir demain – quitte à plonger encore davantage dans l’absurde- des groupes revendiqués ou des individus s’affichant comme « femmes lesbiennes noires » ou « hommes blancs polyamoureux fétichistes».

Cette mosaïque des micros identités révèle d’abord un culte porté à soi-même dans la moindre de ses spécificités. Le Moi est au centre de tout. Chaque singularité est sujet à glorification.

Dans cette centralité de Moi, peu de place pour l’autre. L’autre réduit à ses particularismes est un amplificateur de cette réduction de soi. L’autre, c’est celui qui découpé en microéléments, inspire selon ses propres particularismes, sympathie ou répulsion.

Le milieu LGBT n’est pas ici en cause. Notre société a laissé de côté la recherche du sens commun, des valeurs partagées, du regard sur le mystère et le sens profond de nos vies individuelles et communes, pour plonger à cœur meurtri dans un mirage matérialiste et hédoniste. L’idée selon laquelle l’homme peut se suffire à lui-même, replié sur lui-même, objet et fin de toute chose.

Loin d’être à la marge de notre société, la communauté LGBT en reprend tous les travers en les amplifiant. Elle est le miroir grossissant de nos propres comportements individuels, du culte de l’égo et des particularismes, de nos tentations communautaristes poussées à un stade supérieur. En cela, la communauté LGBT fait elle aussi parfois peur à la société, même tolérante, en raison de ce qu’elle révèle de chacun d’entre nous et de l’évolution des rapports sociaux. Elle inquiète par ce qu’elle a de précurseur dans les futurs cloisonnements communautaires, en fonction des origines, de la religion. Elle anticipe également un mode de relation social conflictuel par une forte segmentation culturelle qui augure d’une paix fragile – pour ne pas dire impossible - entre les citoyens.

Cette forme de construction sociale est révélatrice d’une marche lente mais certaine vers un communautarisme grandissant, sans complexe, où la moindre spécificité s’érige en socle identitaire. Chaque soubassement identitaire engendre à son tour des revendications, des luttes sociales et politiques pour obtenir des « droits à », des protections, des prébendes, des subventions. Le risque est de voir d’autres groupes sociaux, religieux, régionalistes, marcher sur les pas des militants LGBT, et pousser à l’extrême leurs propres cloisonnements et revendications communautaires.

Les pouvoirs politiques se font parfois les complices de cette désintégration sociale. Ainsi le Conseil de la ville de Paris a annoncé en septembre dernier son soutien à la candidature de Paris aux Gay Games (Jeux Olympiques gays) en 2018. Qu’est-ce qui empêchera demain les musulmans, juifs, chinois, africains, ou tout autre groupe ou communauté de créer leurs propres jeux olympiques, bien loin des idéaux originels de ce type d’évènement ?

A contre-courant de toutes ces évolutions, la recherche d’un sens commun apparaît comme la seule solution pour, au pire, nous supporter les uns les autres, au mieux chercher ce qui nous rapproche.

N’en déplaise aux militants communautaristes, je fais le vœu (pieux) que l’on puisse encore regarder quelqu’un autrement qu’à travers ses étiquettes de lesbienne, bisexuel, noir ou bouddhiste. Dans le cas contraire, notre société poursuivra sa lente décomposition, les liens sociaux seront plus distendus, notre nation deviendra un patchwork de groupes, de tribus antagonistes.

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