Journée de l’outre-mer : la relation avec la métropole toujours aussi polluée par l’argent <!-- --> | Atlantico.fr
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La cinquième édition de la JOMD (Journée Outre-Mer Développement) se tient ce samedi.
La cinquième édition de la JOMD (Journée Outre-Mer Développement) se tient ce samedi.
©Flickr/ Selden Vestrit

Rien de nouveau sur le soleil

Aujourd'hui on célèbre la 5ème édition de la JOMD (Journée Outre-Mer Développement), c'est le moment de faire le point sur notre relation avec les ultras-marins. Une relation qui ressemble fort à une relation donnant-donnant.

Nicolas Roinsard

Nicolas Roinsard

Nicolas Roinsard est sociologue, maître de conférences à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Ses travaux de recherche portent sur les transformations des sociétés françaises de l’océan Indien occidental (La Réunion, Mayotte). Il s’intéresse à la fois aux inégalités internes qui structurent ces sociétés, et aux inégalités externes qui informent des flux migratoires observés dans cette région du monde, fortement marquée par l’histoire coloniale et postcoloniale française.

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Atlantico : A l’occasion de la 5ème édition de la JOMD (Journée Outre-Mer Développement) qui se tiendra le 11 avril 2015, un sondage a été réalisé par l'IFOP pour mesurer le regard des Français de la Métropole vis à vis des Français des Outre-mers.  Selon ce dernier, les trois quarts des Français de l’hexagone éprouvent des sentiments positifs pour les territoires d’Outre-Mer : 61% d’entre eux expriment de la « sympathie » et 16% un véritable « attachement » pour les territoires ultra-marins.   Comment qualifier la relation entre les Français de métropole et les Français d'Outre-mers ?

Nicolas Roinsard : D’une certaine manière, on peut dire que c'est une relation qui est acquise, quasiment personne ne se pose la question de savoir si ces territoires devraient faire parti ou non de la République Française. Ce sont des territoires qui sont acceptés, intégrés par une grande majorité des Français.

Cependant la distance entre les départements d'Outre-mer et l'Hexagone fait que les métropolitains sont moins sensibles à l'actualité des DOM TOM.  Ce qui se passe en Outre-mer est très peu traité par les médias. Les métropolitains ne sont pas habitués à s'intéresser  à ce qui se passe là bas. Dans les livres d'histoire, on ne parle pas beaucoup de ces territoires, et de l'histoire coloniale. 

Comment cette relation a-t-elle évoluée au cours de ces dernières années ? Quel est l'attachement des métropolitains avec les DOM-TOM ?

Le lien est peut-être plus fort aujourd'hui, même s'il n'était pas forcément dégradé auparavant, mais aujourd’hui ce sont des territoires qui sont moins perçus comme ayant un retard économique. Dans les années 60, on allait à la Réunion en bateau, l’Etat avait instauré des primes d'éloignement pour attirer les fonctionnaires métropolitains, c'était plus compliqué de les faire venir. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins contraignant de passer un moment de sa carrière en Outre-mer. 

Un petit bémol cependant  : dans certains territoires où les problèmes sociaux sont accrus, où l’on observe une montée de l’insécurité, les métropolitains peuvent être tentés d’écourter leur projet professionnel en Outre-mer.

De plus, 46% des Français de l’Hexagone se déclarent ouverts à un départ dans un territoire d’Outre-mer en cas d’opportunité professionnelle. Pourquoi les territoires d'Outre-mers attirent les Français de métropole ? Quels sont les avantages fiscaux ?  

Ce sont des destinations lointaines qui font rêver, ou l'on peut passer un temps de sa carrière professionnelle. Par ailleurs, En général il y a principalement également des questions de rémunération. Certains salaires sont très attractifs.  

Par exemple, les fonctionnaires qui travaillent en Outre-mer ont des salaires indexés, à La Réunion par exemple ils vont gagner 150% de leur salaire en métropole. Le problème c'est que ces différences créent un fossé entre ceux qui ont un bon emploi et ceux qui sont au chômage. Il faut noter que le taux de chômage est d'environ 30% en Outre-mer.

A l'inverse quel regard porte les ultra-marins sur la métropole ? Est-ce que la métropole fait toujours "rêver" ? 

La relation va dans les deux sens, il y a des français de l'Hexagone qui sont séduits par les Outre-mer, et inversement. Le mot "rêver" est peut-être trop fort.  Pour toute une partie de la jeunesse il y a une obligation de partir en métropole notamment pour suivre des études qui n'existent pas sur leurs territoires, ou pour trouver un emploi. Il y a dans ces déplacements une part de choix et une part de contrainte. 

On a aussi des ultra-marins qui font leur vie en métropole et qui n'ont pas forcément la nostalgie du pays, qui ne cultivent pas le mythe du retour, et qui se sont parfaitement intégrés à la vie métropolitaine. C’est notamment le cas des classes supérieures qui acceptent d'autant plus de vivre en métropole que cela leur permet de faire une belle carrière professionnelle qui aurait été plus difficile à accomplir en restant dans leur territoire d’origine.

Il ne faut pas oublier, que les taux de chômage en Outre-mer sont très importants notamment aux Antilles, à Mayotte, à la Réunion. La métropole a toujours été une bouée de secours, pour espérer faire sa vie, avoir un emploi. La mobilité vers la métropole a aussi été encouragée, de longue date, par les pouvoirs publics pour résoudre la question du chômage Outre-mer.

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