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Jean-Marc Patouillaud – Partech Ventures : "Il n'est pas plus facile de lancer sa start-up en France que dans la Silicon Valley"
©Reuters

L'interview Atlantico Business

Les Français Teads et Ebuzzing, spécialisés dans la vidéo sur internet, ont annoncé leur fusion. L’objectif, conquérir le marché américain et entamer une introduction au Nasdaq en 2015 et devenir "le Criteo de l’advertising" explique Jean-Marc Patouillaud, Managing Partner chez Partech Ventures, un des principaux fonds qui a investi dans Teads lors de la création de la société.

Quel est l’objectif de la fusion entre Teads et Ebuzzing ?

Nous avons investi chez Teads.tv l’année dernière car c’est une boite jeune avec une plateforme technologique particulièrement intéressante. Elle permet l’accès à des inventaires publicitaires mal prévus pour de la vidéo. Cela permet à des éditeurs, comme Le Monde ou Le Figaro par exemple, de monétiser et valoriser leur espace avec de la vidéo. C’est le marché de la publicité qui se développe le plus vite dans le monde de l’Internet. Teads permet d’adapter n’importe quel support éditorial à l’inclusion d’encarts publicitaires vidéo au milieu d’un article de manière élégante. Ce à quoi on ne s’attendait pas, c’est qu’Ebuzzing s’intéresse d’aussi vite et d’aussi près à la technologie de la plateforme. Les discussions ont commencé seulement quelques semaines après avoir réalisé l’investissement. Ce qu’ils recherchent dans Teads, c’est évidement cette capacité de proposer des nouveaux formats, à la fois aux annonceurs et aux éditeurs. A travers la fusion, ils proposent une plateforme vidéo complète sur tout le spectre des possibles pour être considéré comme le Criteo de l’advertising.

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La volonté des dirigeants, c’est de développer le marché aux USA. Cela signifie que la France n’est pas suffisamment importante pour se développer ?

Il y a deux réponses. La première, c’est que cette plateforme présente de nouveaux formats que l’on ne retrouve pas aux États-Unis. Il y a un différenciateur technologique fort qui permet cette implantation aux États-Unis. La deuxième réponse, c’est que dans le monde de la publicité, il ne vous a pas échappé que l’on assiste, comme dans d’autres marchés, à une mondialisation des supports éditoriaux et des marques. Lacoste ou Rolex veulent être présents aussi bien à Shanghai qu’à Philadelphie. Il est important pour eux de communiquer et de publier aussi bien sur les journaux d’une ville ou d’une autre dans le monde. Quand on a une ambition forte, celle d’être un acteur global dans le "add-serving", il faut être présent sur tous les continents.

Justement, est-ce que ces jeunes sociétés françaises sont des challengers sérieux aux start-up américaines montantes ?

Elles sont des challengers lorsqu’elles ont la volonté de rester indépendantes notamment à travers des introductions en bourse qui leur permettent de leur donner les moyens de leur développement. A ce titre, Criteo est plus qu’un challenger : c’est un leader sur son marché. Si avec Ebuzzing and Teads, on a décidé de se diriger vers le Nasdaq, c’est aussi pour demeurer un acteur global et plus qu’un challenger. On aurait pu choisir une voie plus humble qui serait de se vendre à un grand groupe américain – nous ne l’avons pas fait. Cependant, l’introduction en Bourse n’est pas une fin en soi, ni un relais de croissance. C’est une manière de lever des ressources pour son plan de développement qui est technologique, pour constituer une plateforme universelle et pour toucher toutes les géographies du monde. Cela donne de la ressource en cash et le moyen de payer la croissance externe sous forme d’actions liquides.

Est-il plus facile de lancer sa start-up technologique dans la Silicon Valley ou en France ?

Aucun des deux marchés n’est facile mais si on tombe dans la caricature, on peut dire que lancer sa start-up dans la Silicon Valley, c’est un peu comme rentrer à Cambridge. On est en première année, mais il n’y a que des cadors autour de soi et il est difficile de se faire une place parmi les premiers. Démarrer en Europe, ça serait comme démarrer au collège du bourg : la concurrence est moins forte, il est plus facile de se faire une place mais le chemin est plus difficile pour faire partie des premiers mondiaux. Dans la Silicon Valley, la concurrence est féroce. Il y a peut-être beaucoup de fonds disponibles, mais il y a fort à parier que l’on trouve 20 initiatives du même ordre que la vôtre qui se prennent en même temps. C’est un peu le paradoxe de la forêt. Aux Etats-Unis, c’est la compétition : comment arriver à avoir suffisamment de lumière pour pouvoir pousser au moins aussi vite que les autres. En Europe, il y a plus de lumière, mais pour devenir une forêt, c’est plus compliqué. Il faut semer dans des bosquets locaux, parmi les bosquets anglais, allemands, ou bien traverser l’Atlantique avec toutes ses graines. 

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