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Jean-Christophe Lagarde : "Les Français qui voteront pour un référendum pro ou anti Macron lors des élections européennes seront les premiers cocus de l'élection"
©LUDOVIC MARIN / AFP

Interview politique

A l'occasion de l'université d'été de l'UDI, organisée ce week-end, Jean-Christophe Lagarde dévoile les valeurs et les projets de sa formation politique, apporte son regard sur l'action d'Emmanuel Macron et expose les ambitions de l'UDI dans le cadre de la campagne des élections européennes.

Jean-Christophe Lagarde

Jean-Christophe Lagarde

Jean-Christophe Lagarde est président de l'UDI depuis 2014, député de la 5e circonscription de la Seine-Saint-Denis depuis 2002.

Soutien de François Bayrou pendant la campagne présidentielle de 2007, il rejoint ensuite le Nouveau Centre, puis fonde, en 2012, le parti de centre-droit Force européenne démocrate. En septembre 2012, il rejoint l'UDI lancée par Jean-Louis Borloo.

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Atlantico : Malgré la recomposition de l’échiquier politique engendrés par l’élection des manuels Macron, l’espace du centre-droit paraît particulièrement atomisé; pour s’y repérer entre constructifs, Agir, Nouveau Centre, France audacieuse de Christian Estrosi qui se réunissait ce vendredi, etc..., l’UDI que vous dirigez, c’est qui (militants, nombre d’élus), c’est quoi (politiquement)? 

Jean-Christophe Lagarde : L'UDI c'est très simple, c'est aujourd'hui un peu plus de 10 000 adhérents, c'est 53 parlementaires, plus de 3 000 élus locaux (dont 230 conseillers régionaux, 360 conseillers départementaux) et un parti politique qui est en réalité la principale force politique, parlementaire, territoriale et militante du centre et de la droite de progrès. On est donc très loin des groupes que vous avez citez qui sont pour leur part des groupes de réflexions, des clubs d'élus, des micros partis… Nous avons des relations amicales avec eux mais ils n'ont pas, ni la même capacité d'action ni la même autonomie qu'elle soit financière, politique, parlementaire…
Quant à la recomposition dont vous parlez, elle n'a pas eu lieu. Des décompositions il y en a eu : l'éclatement des Républicains, l'effondrement du Parti socialiste, les divisions à la gauche de la gauche entre la France Insoumise et le Parti communiste, des divisions encore il y a en eu au Front National avec le départ de Florian Philippot et le retour sur la scène politique de Marion Marechal. Et en même temps, à l'inverse, l'UDI s'est reconstruite en s'unifiant, en se pacifiant et en étant parfaitement homogène sur le plan politique, conservant ses valeurs et réaffirmant ses projets.

Quels sont les thèmes forts que vous portez ce week-end et que vous disent les militants que vous avez réuni à l’occasion de l’université d’été de l’UDI ?

Je vous disais que l'UDI s'est à la fois reconstruite, densifiée et pacifiée, c'est la première fois depuis six ans que nous faisons une université d'été, laquelle se déroulera sur trois jours avec débats et des réflexions. Celle-ci s'intitule "plus dialoguer pour mieux reformer" car nous ne croyons pas à l'efficacité d'un pouvoir exclusivement vertical. Ce week-end se déroulera en trois temps. On commencera par un débat européen et sur ce sujet notre ambition est simple et elle est double. Nous ne laisserons pas l'élection européenne se noyer dans un enjeu franco-français parce qu'en réalité nous allons élire 79 personnes qui vont représenter la France au parlement européen mais dont le rôle ne sera pas de régler nos problèmes de logement, d'emploi, de sécurité, de chômage qui ne sont que Franco-Français. Problèmes, que la plupart des autres pays ne connaissent pas et sur lesquels l’Europe n’a aucun pouvoir.
Dans l'université d'été il y aura aussi une table ronde qui réunira l'ensemble des associations des élus locaux parce que nous sommes absolument convaincus, d'abord que les collectivités locales sont en crise sous une pression excessive de l'Etat et un manque d'écoute (on le voit surtout avec la multiplication de la démission des petits maires à qui on a rendu la tache impossible d'où leur départ). Et puisqu'on ne leur donne pas l'occasion de le faire et nous leur donnons et souhaitons devenir leur interlocuteur. Il y aura aussi une table ronde avec les représentants du MEDEF, des petites entreprises et des syndicats de salariés réformistes. L'idée est simple : pour mieux réformer on doit plus dialoguer. Si ça ne se fait pas ailleurs, chez nous ça peut se faire et nous continuerons d'ailleurs au-delà de l'université. 

Au moment de l’élection d’Emmanuel Macron, sans jamais céder à ce que le chef de l’État aurait souhaité -à savoir que ceux qui le soutiennent rejoignent tous la République en marche- vous étiez néanmoins plutôt séduit par le nouveau président. Avec un an de recul, qu’en pensez-vous ? La déception que vous avez pu pointer est-elle due selon vous à une erreur de perception où à des promesses et engagements non tenus ?

Vous évoquiez toute à l'heure la recomposition politique dont je vous ai dit qu'elle n'avait pas eu lieu. Emmanuel Macron a choisi qu'elle n'ait pas lieu. 
Pour nous, comme pour d'autres -je pense à Alain Juppé- l'idée était simple : il n'était pas question de rejoindre "la République en Marche" mais pour autant, nous souhaitons la réussite du gouvernement, en refusant les réflexes de clivage partisan, parce que si Emmanuel Macron et sa majorité échouent ce seront les français qui ont payeront les frais.  
Les premières victimes seraient celles des territoires oubliés et les populations les plus fragiles parce que les riches s'en sortent toujours. Pour cette raison, nous avons fait le choix de participer, et de soutenir un certain nombre d'initiatives gouvernementales à l'instar de la réforme du code du travail ou de la réforme SNCF mais par contre lorsque le même exécutif met en place la CSG, nous n’hésitons pas à nous faire entendre, puisque pour nous cette réforme est une erreur. 
A l'origine l'esprit macroniste et le notre sont proches, sauf que sans doute dans l'euphorie de l'épopée qui l'a conduit à l'Elysée et à la majorité parlementaire, on a bien vu que parfois Emmanuel Macron s'est égaré. Entre le discours qui invitait chacun à participer et la réalité, il y avait une marge. C’est notre déception, et celles de nombreux français. 
Et d'autre part, la déception est aussi dans le fait que les français ont entendu une promesse "d'un nouveau monde", or aujourd'hui ils ne voient pas une nouvelle façon de gouverner. Je pense que pour retrouver une dynamique et transformer le pays, le président doit d'abord accepter et prouver une nouvelle façon de gouverner. L'affaire Benalla a montré que nous avons un problème institutionnel. Emmanuel Macron avait commencé une réforme constitutionnelle il faut la reprendre mais l’amplifier afin de faire en sorte que le pouvoir exécutif soit à la fois plus équilibré avec des contre-pouvoirs et plus transparent afin que ce genre de dérives ne se reproduisent plus (notamment avec le renforcement des capacités parlementaires de contrôle du gouvernement). 
Et la deuxième chose, c'est qu'il faut qu'il reprenne le chemin des réformes. Il va faire un certain nombre d'annonces dans les semaines à venir, on verra ce qu'il propose. Sur la loi pacte, j'ai une approche assez favorable à ce que Bruno Lemaire a évoqué jusqu'à présent, on verra ce qu'il en est. Au niveau du plan pauvreté, je n'y crois pas beaucoup. Et j'alerte fortement sur les hôpitaux qui sont en crise grave et où ça risque de finir par craquer. Aujourd'hui pour les personnels médicaux la situation d'exercice de leur métier est devenue quasi impossible, ce qui porte directement atteinte évidemment à la sécurité sanitaire des français et à la sécurité psychologique, mentale et physique des personnes qui travaillent dans les hôpitaux. Je pense que le plus gros accident social qui menace aujourd'hui notre pays se trouve dans l'hôpital parce qu'ils sont arrivés à bout de force. Sur la réforme des retraites, c'est une réforme au long court par définition. Emmanuel Macron disait qu'elle porterait ses fruits d'ici dix ans d’où l'importance de la commencer aujourd'hui. Et de ce point de vue, l'unification des régimes de retraite me semble une bonne chose même si le faire est complexe et qu'ici aussi il y a besoin d'en discuter véritablement avec les partenaires sociaux. 

Comment expliquez-vous que les électeurs du centre droit aient été autant convaincus par Emmanuel Macron et aspirés dans la galaxie de la République en marche alors que ce gouvernement prend de front deux valeurs centrales de l’identité centriste, la décentralisation et le refus de la personnalisation pour voir ?

C'est simple, les français ne voient pas ce qui bouscule, met en cause et rend inefficace la décentralisation, seuls les élus le voient. Les français ne peuvent pas le voir mais ils en subiront les conséquences plus tard. 
Je ne suis pas sur que la personnalisation du pouvoir soit la chose la plus apprécié par les électeurs centristes et ceux de centre-droit. Mais même là, ça ne les gênait pas dans un premier temps, surtout après 5 ans d’immobilisme bollandiste. C'est beaucoup moins le cas aujourd'hui suite à l'affaire Benalla, notamment. 
Ce qu'ils ont remarqué surtout, dans un premier temps, c'est que Macron était en train de faire le boulot qui n'avait pas été fait ni par la gauche ni par la droite depuis 40 ans. Davantage encore par la droite qui promettait de faire plus ou moins le même travail qu'Emmanuel Macron, mais ne le faisait pas (SNCF, code du travail, prélèvement à la source…). 
Les électeurs centristes ont soutenu le fait qu'enfin il y avait des réformes d'autant plus que le contraste était encore plus fort après le calamiteux quinquennat d'Hollande. En quelques mois, l'actuel chef d'Etat a mis en place des réformes que les alternances de droite promettaient et ne faisaient pas et que les alternances de gauche évidemment n'envisageaient même pas. Sauf que, les dérives sont aussi présentes. Et vous en avez un exemple très symptomatique, celui de la suppression de la réserve parlementaire qui s'est faite dans l'enthousiasme et sous les applaudissements des français et de la plupart des médias. Le montant qui était alloué à des associations et des petites collectivités à été réduit de 85 % par l'Etat. Ce qui fait donc moins d'argent pour les associations et les collectivités et au lieu d'être attribué par des élus qui rendent des comptes aux citoyens, il est aujourd'hui attribué par des fonctionnaires qui n'en rendent aucun.  

Vous avez déclaré soutenir Richard Ferrand sur Sud Radio. Pourquoi ce choix ? Quel regard portez-vous sur la course à la présidence de l'Assemblée Nationale ? Alors que le nombre de candidat au sein de LREM est assez important, y voyez-vous poindre les premières divisions au sein de la majorité ? 

Je n'ai pas dit que je le soutenais, simplement que je souhaitais le voir devenir Président de l'Assemblée Nationale. Nous avons la détestable habitude depuis 20 ans maintenant, de désigner un président de l'Assemblée Nationale dont l’élection n’a lieu qu’au sein d’un seul groupe. Je regrette cette pratique parce qu'elle est extrêmement partisane, vieux monde. Dès lors, je ne peux pas soutenir un candidat si l'on ne m'invite pas à le désigner. 
Mais je regarde ce qui s'est passé depuis la nomination de François de Rugy, et je constate que le seul étant capable de faire le boulot qui est celui du président de l'Assemblée (faire exister l'institution, résister à l'exécutif quand celui-ci dérape et être capable de protéger l'opposition pour qu'elle puisse s'exprimer et que les débats aient lieu afin que les français comprennent les enjeux) est Richard Ferrand. Par exemple, Barbara Pompili, si elle venait à être élue, ne pourrait rien imposer, puisqu'elle n'a pas suffisamment de poids politique dans LREM dont elle est une pièce rapportée. Voilà pourquoi je pense que ce serait mieux si Ferrand était élu. 
Il y a réellement l'apparition de divisions au sein de la majorité, avec des lignes politiques différentes mais ce n’est pas ce qu’illustrent la multiplicité des candidatures. Cette situation est surtout le signe de tractation de postes de la part de candidats secondaires qui espèrent sans doute négocier telles ou telles prébendes. 
Maintenant qu'il y ait des tensions au sein de la République en marche tout le monde l'a déjà vu, il y a un groupe de gauche qui cherche en permanence à se constituer, des gens qui se sentent mal à l'aise dans un système trop dirigiste, trop Bonapartiste. Mais encore une fois, ce n'est pas à cette occasion, à mon avis, que cela se traduit. On est plutôt dans des manœuvres de couloir qui font ancien monde.

Les sondages vous promettent en l’état un score relativement faible dans l’hypothèse où vous mèneriez une liste autonome aux élections européennes, quelles conclusions stratégiques en tirez–vous ?

Il n'y a pas de conclusion stratégique à tirer d'un sondage fait a neuf mois d'une élection et qui porte à la fois sur une liste qui n'est pas lancée, qui ne fait pas campagne et donc dont le projet n’est pas connu des français. Pardon, mais des sondages à neuf mois d'une élection alors que la campagne n'a pas démarré ça n'a pas de sens. Néanmoins, si l'on doit en tirer une conclusion, une seule, c'est que même sans candidats, sans liste et sans projet vous avez 2.5% à 3% de gens qui espèrent que nous le soyons, cela montre un espace encore bien plus large de français en attente et que nous pouvons convaincre. Nous prendrons notre décision en décembre ou janvier et nous ne la prendrons ni en nous basant sur des sondages ni par rapport à la politique intérieure. 
J'ai entendu Mélenchon, à la rentrée, expliquer qu'il voulait faire de l'élection des députés européens un référendum anti-Macron, d'autres pourraient vouloir en faire un référendum pro-Macron. Je dis simplement aux français, que ceux qui voteront pour un référendum pro ou anti Macron lors des élections européennes seront les premiers cocus de l'élection. En effet, la politique d'Emmanuel Macron, sa majorité etc.. ne changera pas, mais en revanche, cela nuira à la capacité de la France d'impulser, de corriger une politique européenne.
Ce que nous nous souhaitons, c'est que ces élections soient de véritables élections européennes. Et comme je vous le disais toute à l'heure, à l'heure où Trump nous dicte la marche à suivre tous les matins et que nous ne pouvons rien n'y faire puisque nous sommes trop dépendants aux Etats-Unis sur le plan énergétique, technologique, de la communication… , que Poutine nous menace de couper le gaz alors qu'en étant solidaire cette menace n'aurait guère de poids nous avons besoin d'être davantage fédérés, soudés pour résister et nous défendre efficacement. 
Au contraire, nous devrions développer de nouvelles armes communes. Par exemple, nous avons besoin d’un FBI et d’un Parquet européens capables de lutter efficacement contre le terrorisme et contre la grande criminalité. Nous devrions avoir un ministère européen de l'immigration qui permettrait à chaque pays de définir chaque année combien de migrants il souhaite accueillir tout en sécurisant l’ensemble de nos frontières extérieures par des gardes côtes et gardes frontières de l’Union. Il faut gérer ensemble le problème migratoire plutôt que de le subir. Chaque pays a des besoins différents et doit donc rester souverain pour les définir. Mais la gestion doit ensuite être collective, coordonnée. L'Allemagne, par exemple, à besoin de migrants, bien plus que la France ou le Portugal. 
Chaque pays resterait souverain mais les politiques seraient coordonnées afin que nos politiques et nos frontières ne ressemblent plus à un gruyère. Par ailleurs, il faut un seul statut européen du réfugié afin de dissocier absolument les réfugiés politiques que l'on doit accueillir et les migrants économiques que nous ne sommes pas en mesure d'accueillir et avec lesquels on devrait être bien plus fermes. Enfin, il faut une politique déterminée de développement de l’Afrique, continent dont nous sommes les seuls voisins. Dans 30 ans, ils seront 2 milliards d’habitants. Si cela se passe mal chez eux, nous en seront les premières victimes. Notre intérêt vital est de les aider à se développer. En somme, soit nous aurons 2 milliards de migrants potentiels, soit nous construisons 2 milliards de clients.

Concrètement quels sont les valeurs et les projets de l'UDI ? 

L’UDI un mouvement politique qui estime que pour pouvoir assumer notre destin dans un monde frappé par la mondialisation sans régulation, et que pour garder souveraineté, notre pays a besoin d'être à la fois le leader des projets européens et de se servir de l'UE comme d'un levier. On voit avec le Brexit, combien un pays comme la Grande-Bretagne -équivalent à la France sur le plan économique, sur le plan militaire, démographique- se retrouve seule et démunie pour ne pas dire désarmée face au monde. Que pèse le peuple britannique face à 7 milliards d'habitants, face à la Chine, l'Inde, la Russie ou même les Etats-Unis. Etats-Unis, dont le président est venu insulter Theresa May juste avant l'été sur son propre sol sans même qu'elle puisse réagir ou dire quoi que ce soit tant elle est devenue, dans son isolement, dépendante, des décisions de Donald Trump. 
Et quand je parle de leader, c'est parce qu'il faut remettre l'Europe sur les rails avant de pouvoir s'en servir comme d'un levier. La France seule ne pourrait pas imposer des échanges équilibrés, garantir une réelle souveraineté, permettre que nous ne soyons pas décrochés technologiquement et économiquement. Or, c'est à travers l'Europe qu'elle doit reconquérir cette indépendance, ces souverainetés que nous avons perdus vis-à-vis d'un certain nombre de grands ensembles mondiaux, dans un XXIème siècle qui est celui de l’affirmation des puissances continentales. Trump va même jusqu'à nous dicter avec qui l'on doit commercer, la Chine nous achète en permanence des infrastructures stratégiques (aéroport d'Athènes, de Nice…), pendant que Poutine passe son temps à nous menacer. 
Et l'Europe pendant ce temps là, que fait-elle ? Elle s'occupe de l'heure d'été ! On ne réunira pas 500 millions de citoyens européens en mai prochain pour s'occuper de l'heure d'été. Je ne veux plus de l’Europe de l’heure d’été ! Si l'Europe doit avoir une utilité ce n'est ni pour garantir le culte quasi exclusif de la concurrence libre et non faussée, ni pour s'occuper de détails pour lesquels aucun de nos pays n'a besoin d’elle. Au contraire, le rôle de l'UE est de garantir que nous ne subissions plus les dictats de grands ensembles mondiaux auxquels nous devons faire face et face auxquels nous devons affirmer. Je ne veux plus de l'Europe actuelle, qui s'occupe en permanence de l'accessoire et qui n'est pas là pour l'essentiel. Si elle est absente sur les grandes questions, c'est à cause du poids des nationalistes populistes et de la tiédeur de ceux qui la gouvernent. Et si elle ne change pas d'orientation, elle disparaîtra, nos pays seront seuls et nus face aux grandes puissances étant ainsi davantage vulnérable et incapables de protéger nos intérêts fondamentaux.. 
Ca c'est la première chose, la deuxième chose c'est que nous pensons que  la société française et l'économie française a besoin d'être libérée et je dois dire qu'Emmanuel Macron a commencé à le faire. A la fois du point de vue réglementaire, mais aussi d'un point de vue fiscal, on doit redynamiser le pays et faire en sorte qu'il redevienne attractif. C'est d'ailleurs en ce sens là que nous partageons et soutenons une partie de la stratégie économique du Chef de l’Etat, même si, nos points de vue diffèrent sur un certain nombre de décisions (comme sur la CSG qui pour nous est une injustice sociale et une erreur économique). Mais, dans le même temps on ne peut pas construire une politique économique pour ne s'occuper que du premier de cordée, parce que la cordée n'a de la valeur qu'avec l'ensemble de ses membres. Si on ne s'occupe que du premier de cordée, si on le laisse les derniers  en tong et en short, il n’arriveront jamais en haut de la montagne mais mourront de froid bien avant. 
Ce que nous souhaitons c'est que la politique du Gouvernement s’adresse à l'ensemble des français. C'est-à-dire également aux moins formés d'entre eux, aux plus déshérités. Il faut aussi prendre en compte les territoires fragilisés de notre pays, les banlieue comme les ruraux, pour garantir à chaque français un accès aux soins, aux transports, à la mobilité scolaire (et donc à la progression scolaire), au haut débit numérique... C'est à ce titre que nous proposons une Agence Nationale de Cohésion des Territoires qui s'adresserait aussi bien aux banlieues qu'aux territoires ruraux afin que l'on garantisse à ces gens (70% des français) les mêmes droits qu'à ceux qui sont les gagnants de la mondialisation et vivent au cœur des grandes métropoles.
Et enfin nous avons dans notre identité politique la conviction qu'on ne change pas la France seulement depuis le Palais de l'Elysée. Au contraire, il faut nécessairement s'appuyer sur les corps intermédiaires. Corps intermédiaires qui sont trop négligés aujourd'hui. Je pense aux élus locaux qui sont des pragmatiques, qui seraient prêts à accompagner les changements nécessaires mais qui aujourd'hui ne sont pas pris en considération, je pense aussi aux syndicats de salariés qui sont réformistes (CFDT, CFTC, UNSA…), mais également au MEDEF qui vient de prendre une nouvelle direction. Il faudrait leur permettre à tous de discuter, d'accompagner, de modifier un certain nombre de projets d'exécution. Avec tous ces acteurs, l’Etat doit changer de culture et passer de celle où il impose ses décisions à un culture de la contractualisation entre partenaires.

Laurent Wauquiez a estimé hier sur BFMTV concernant les élections européennes  que la distinction se fera entre ceux "qui veulent protéger les frontières contre ceux, comme Macron, qui disent qu'il faut accueillir toujours plus de migrants". Que pensez-vous de cette analyse ?

En faisant cette analyse, il suit comme toujours l'analyse de l'extrême droite. Il s'agit là de la rhétorique de Matteo Salvini, de celle de Marine Le Pen. Or ce n'est pas en reprenant ce type de discours qu'il sera plus crédible… Il prétend être opposé à une alliance avec l'extrême droite et pourtant il la prône dans les idées. C'est pour cette raison que j'avais dit, il y a un, qu'il était désormais hors de question de travailler avec la direction des Républicains.
Il tente de séduire l'électorat de l'extrême droite, et au vue de son insuccès –il ne fait que transférer des voix à Marine Le Pen- il devrait s'interroger. De plus, il prépare le terrain pour Marion Maréchal car elle est la synthèse entre la droite que le chef des Républicains défend et l'extrême droite.
Deuxième point, c'est une escroquerie intellectuelle de prétendre qu'Emmanuel Macron ouvre les frontières alors que nombreux sont ceux –intellectuels, associations, Républicains même- qui ont accusé le Président de la république d'être bien trop dur en matière d'immigration.

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