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J-3 avant le début des épreuves du Baccalauréat : faut-il autoriser les participants à utiliser Internet comme les Danois ?
©Reuters

Compte à rebours

Depuis plusieurs années, les lycéens danois ont la possibilité d'utiliser Internet lors des épreuves de l'équivalent du baccalauréat. Mais pour évaluer la façon dont les élèves utilisent les connaissances, une feuille et un crayon de papier font amplement l'affaire.

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

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Atlantico : Depuis trois ans, les étudiants danois sont autorisés à passer l'équivalent du Baccalauréat en utilisant Internet dans les lycées en ayant fait la demande. Cela permettrait d'évaluer la façon dont les élèves exploitent leurs connaissances. Faudrait-il en France autoriser l'utilisation d'Internet lors des épreuves du Baccalauréat ?

Jean-Rémi Girard : Je ne suis pas certain que l'utilisation d'Internet au baccalauréat soit pertinente en France. D'une part,  nous ne disposons pas du matériel nécessaire. Au vu du niveau d'équipement des établissements et de la qualité des connexions Internet, cela me parait compliqué. Par ailleurs, je pense qu'il faut avant tout évaluer la qualité des connaissances. Le baccalauréat est un diplôme sanctionnant la fin de l'enseignement secondaire, il sert à évaluer un certain niveau de culture générale. Et je ne pense pas qu'Internet soit le meilleur moyen d'évaluer ce qu'un élève a dans la tête pour valider sa poursuite d'études.

Et avant de vouloir introduire l'utilisation d'Internet à l'occasion des épreuves de baccalauréat, peut-être faudrait-il aussi songer à apprendre aux lycéens à utiliser l'outil numérique. L'enseignement de l'outil numérique est très peu présent dans les programmes, tout comme dans la formation des enseignants.

D'un point de vue logistique, cela parait-il réalisable ? Quels pourraient-être les problèmes soulevés par l'utilisation d'Internet lors d'examens ?

D'un point de vue logistique, étant donné l'état des établissements scolaires, cela me parait impossible. D'un point de vue quantitatif, l'Education nationale ne dispose pas de suffisamment d'ordinateurs. Et d'un point de vue qualitatif, ces ordinateurs sont anciens. Par ailleurs, nous n'avons pas le personnel pour intervenir en cas de problème technique. A l'heure actuelle, ce sont les professeurs qui s'occupent des réseaux informatiques, ce ne sont pas des professionnels. Nous avons une certaine tendance à l'amateurisme en la matière. Par ailleurs, il faudrait pouvoir empêcher les élèves de communiquer entre eux et d'aller sur certains sites.

N'y a-t-il pas d'autres moyens d'évaluer la façon dont les élèves utilisent leurs connaissances ?

Il y a le papier et le crayon ! Cela ne me parait pas être un moyen obsolète d'évaluer les élèves. Le Baccalauréat est déjà composé d'une grande palette d'épreuves pour vérifier les connaissances et les aptitudes des élèves. On n'a pas nécessairement besoin d'un ordinateur. On peut imaginer des épreuves expérimentales, des épreuves pratiques dans les matières technologiques, voire même dans les matières générales.

L'utilisation d'Internet dans l'enseignement secondaire français est-il suffisamment exploité ?

Le problème de l'exploitation de l'utilisation d'Internet réside en partie dans le manque de formation  des professeurs qui ne sont pas tous spécialistes.  Par ailleurs l'utilisation d'Internet ne présente pas systématiquement un intérêt. Si le professeur l'utilise dans le cadre d'un projet spécifique, cela peut être bénéfique pour les élèves. La possibilité doit effectivement être offerte aux professeurs mais il ne s'agit pas d'en faire une obligation.

Le numérique devrait en revanche devenir un objet d'enseignement, voire une discipline qui trouverait sa place en technologie avec des professeurs de documentation qui pourraient dévier des spécialistes de ces enseignement. Mieux vaudrait l'enseigner plutôt que d'en encourager l'utilisation sans que personne ne sache réellement sans servir.

Beaucoup pensent également que les élèves sont des "digitaux native" mais souvent ils ont des utilisations restreintes de l'outil informatique. Autant ils se débrouillent très bien sur les réseaux sociaux mais ce n'est pas forcément le cas en traitement de texte par exemple.  

Le risque n'est-il pas de délaisser l'apprentissage d'un certain nombre de fondamentaux ?

On souhaiterait effectivement que l'école s'occupe de plus en plus de choses mais elle doit d'abord accomplir sa mission première et elle n'y parvient pas systématiquement. Alors, c'est une bonne chose de réfléchir à de nouvelles missions mais il faut avant tout apprendre aux élèves à lire et à écrire, les fondamentaux.

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