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Indépendance ou mise sous tutelle de la Catalogne : le dangereux bras de fer entre Madrid et Barcelone
©PAU BARRENA / AFP

Action, réaction

La descente aux enfers de la Catalogne : le choix des séparatistes catalans de refuser les élections et de proclamer l’indépendance oblige Madrid à prendre le contrôle de la région catalane

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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A l’opposé de ce que voulaient pourtant les modérés des deux camps, le refus de Carles Puigdemont, président de la Catalogne, de convoquer de nouvelles élections afin de satisfaire ses propres extrémistes et la proclamation de l’indépendance unilatérale (DIU), a supprimé la dernière chance de désescalade.

En effet, par ces deux décisions jusqu’au-boutistes, Puigdemont et ses alliés de l’extrême-gauche séparatiste ont choisi la politique du pire et ont donné à Madrid une justification d’appliquer l’article 155 de la Constitution espagnole qui permet la mise sous tutelle de la Generalitat de Catalogne (gouvernement régional) et la démission de l’exécutif catalan. Chacun ait que l’option électorale aurait pu désamorcer la très grave crise institutionnelle entre Madrid et Barcelone, mais le choix des séparatistes radicaux de la CUP (parti d’extrême-gauche anti-espagnol et anticapitaliste) est depuis le début de la crise celui du refus du dialogue et de la politique du pire, leur stratégie étant de pousser les forces de l’ordre espagnoles à réprimer afin de se poser en victimes et de créer un chaos révolutionnaire. On sait d’ailleurs que la CUP, allié de Puigdemont, est liée à des groupes d’extrême-gauche extrêmement violents et radicaux comme ARRAN, les blacks blocks catalans, qui ont par exemple agressé des touristes cet été et qui attaquent régulièrement les sièges des grandes entreprises « capitalistes » ou des grands partis hostiles à l’indépendance comme le parti populaire de Rajoy et le PASOE de Sanchez ou Ciudad nos de…. C’est ainsi que le départ de plus de 1500 entreprises de Catalogne, qui a été déploré par le ministre de l’économie de Catalogne, Santin Villa, accusé de « trahison » pour sa modération et ses appels au dialogue avec Madrid, a été saluée par ces extrémistes révolutionnaires qui rêvent du chaos et voient le catalanisme non pas comme une défense de l’identité positive catalane, mais comme un moyen de détruire l’Espagne honnie assimilée au « fascisme » et au « franquisme ». Hélas, la stratégie de la provocation est efficace et elle a déjà payé, de ce point de vue révolutionnaire, car la répression du 1er octobre lors du référendum illégal qui a fait des blessés et qui fut filmée par les séparatistes pour diaboliser Madrid a contribué à faire passer de nombreux Catalans jadis hostiles à l’indépendance dans le camp des séparatistes et du rejet de l’Espagne vue comme « anti-démocratique » et répressive.

Carles Puigdemont, prisonnier de la stratégie du pire de ses alliés extrémistes

Comme à son habitude, dans son dernier discours qui a fermé la porte aux élections et qui a donc provoqué l’application de l’article 155, Carles Puigdemont a rejeté toute la faute sur les autorités de Madrid, et il a une fois de plus posé son camp en « victime » absolue de l’Espagne « dictatoriale » et désigné le gouvernement de Mariano Rajoy en bourreau. En réalité, Puigdemont a refusé de proposer de nouvelles élections parce que cette perspective qui aurait pu calmer le jeu avec Madrid et permis de suspendre l’application de l’Article 155. Puigdemont, même s’il ne l’avoue pas pour « sauver la face », a sérieusement envisagé cette option, mais il a dû reculer car elle a été présentée par ses alliés indépendantistes radicaux comme une « trahison », et le président catalan a cédé aux pressions des militants qui l’ont menacé et insulté dans la soirée de jeudi et qui l’ont poussé à choisir le pire des scénarios, celui de la course à la confrontation recherchée par ses alliés de l’extrême-gauche séparatistes (CUP). Très « anticapitalistes », anti-espagnols radiaux et adeptes du chaos révolutionnaire, ces derniers ne cachent pas qu’ils se contre-fichent de la crise économique qui s’annonce, de l’isolement international et européen et même de la fuite des capitaux, des banques et des grandes entreprises.  

La politique du pire et du chaos révolutionnaire : « quanto peor mejor »…

Vu de France, ce qui se passe en Catalogne apparaît comme un immense gâchis, car cette région - parmi les plus prospères d’Espagne et d’Europe - qui a connu un boom économique extraordinaire depuis les années 1980 et qui était vantée pour son cosmopolitisme et son ouverture, n’était pas programmée pour terminer dans le repli nationaliste hispanophobe, populiste et sécessionniste. On sait d’ailleurs que le catalanisme a été initié dans les années 1980 par un parti catalaniste modéré (convergencia i Unio, ex-parti de centre-droit de Puigdemont, ancêtre de l’actuel parti PdeCAT, rebaptisé ainsi pour faire oublier les affaires de méga-corruption) dont le leader historique, Jordi Pujol, frappé de nombreux procès pour détournement de fonds, n’était pas initialement favorable à une sécession. On se rappelle même que ce parti fut un temps l’allié électoral du parti populaire de José Maria Aznar et de Mariano Rajoy face à la gauche indépendantiste et radicale et face au parti socialiste espagnol. Par ailleurs, on sait que ces dernières semaines, certains autonomistes catalans modérés issus de ce parti ont tout fait pour raisonner Puigdemont et ses alliés. Par exemple, le président de la région du Pays basque, Iñigo Urkullu, a tenté une médiation et il a informé une délégation de chefs d'entreprises catalans que si Puigdemont convoquait des élections, Rajoy renoncerait probablement à exercer la tutelle de son gouvernement (article 155), ce qui aurait pu être une formidable sortie de crise, qui plus est sanctionnée par des élections légales admises par tous et qui auraient permis aux Catalans de se prononcer de façon démocratique. De le même manière, les bons offices du chef de file des socialistes catalans (PSC), Miquel Iceta, ont été vains, d’autant que Puigdemont n’envisageait de céder à la demande du gouvernement espagnol qu’à condition de recevoir des garanties concernant le maintien des prérogatives des institutions catalanes autonomes et de ses élus en place puis concernant sa propre immunité judiciaire… Toujours est-il que Rajoy était prêt à accepter un amendement du Parti socialiste (PSOE) qui prévoyait d'exclure l'application de l'article 155 en cas d'élections anticipées, mais celles-ci ont été refusé par Puigdemont, qui a dû prendre acte du refus total des indépendantistes radicaux, la CUP qui l’ont accusé de « trahison » lorsqu’il a été tenté par une solution de sortie de crise avec Madrid...

Devant le Sénat espagnol, et après avoir tenté au maximum de reculer cette échéance malgré les pression de nombreux députés de son parti et de Ciudadanos qui auraient voulu sanctionner les séparatistes depuis longtemps, le président du Conseil espagnol Mariano Rajoy a donc dû demander et justifier officiellement, vendredi matin, l’application de l’article 155, ce qui signifie la destitution du chef de l’exécutif Puigdemont et de ses ministres ; le contrôle du parlement de Barcelone ; la mainmise totale sur les finances régionales et sur la police autonome (17 000 Mossos), puis la prise en main des médias publics (télévision TV3 qualifié par Madrid d’«instrument de propagande sécessionniste»).

Que signifie l’application de l’article 155 ?

Devant le Sénat espagnol, Mariano Rajoy, qui s’est montré à la hauteur des évènements et qui a été ovationné, faisant démentir les accusations opposées lui reprochant tantôt sa rigidité tantôt sa mollesse, a répété que,  face à la crise, la suspension de l’autonomie de la région catalane était la « seule réponse possible et légale » après avoir tout tenté pour dialoguer, et sachant que le dialogue a été empêché non pas par Madrid, mais par les séparatistes catalans, puisque Puigdemont et ses alliés séparatistes - qui se plaignent du « refus madrilène de dialoguer » - n’ont cessé de déclarer qu’ils ne dialogueraient avec Madrid que sur les bases non négociables des termes de l’indépendance….

Concrètement, pour appliquer l’article 155 de façon légale, Rajoy a demandé au Sénat d’autoriser le gouvernement espagnol central à remplacer l’exécutif régional et à dissoudre le Parlement, donc à démettre Puigdemont et son équipe, puis à prendre dans un premier temps le contrôle de la police et des médias publics, après avoir placé le parlement catalan sous tutelle.

-Mariano Rajoy a demandé solennellement la destitution pure et simple de l’ensemble du gouvernement catalan, de la Generalitat (gouvernement catalan autonome), présidé par Carles Puigdemont, ainsi de 13 de ses « conseillers », à l’exception du seul parmi eux qui s’est opposé à l’indépendance, Santi Vila, en charge des entreprises, qui a démissionné jeudi soir afin de se désolidariser de cette course à la radicalisation sécessionniste qu’il a condamnée au nom des graves conséquences économiques pour la Catalogne qui a déjà perdu de nombreuses entreprises. Dans le contexte de l’article 155, les fonctions du gouvernement catalan devront être exercées par des « organes créés à cette fin par le gouvernement national (…), par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle », a expliqué Rajoy.

- Rajoy a également demandé au Sénat de convoquer de nouvelles élections « dans un délai de six mois après le vote du Sénat », sachant que cette compétence qui relève d’habitude du chef du gouvernement catalan, est désormais dévolue au gouvernement de Madrid. Le président du Conseil espagnol a également demandé au Sénat de l’autoriser à nommer, démettre et remplacer dans tous les organismes et entités qui dépendent de la Generalitat, les personnes impliquées dans la dissidence sécessionniste.

- Le gouvernement de Madrid a également demandé la mise sous tutelle du Parlement catalan, où les partis indépendantistes jouissent depuis 2015 d’une majorité relative de 72 sièges sur 135. Rappelons que ceux-ci ont approuvé, le 6 septembre, une loi avalisant le référendum du 1er octobre - pourtant interdit par la Cour constitutionnelle dont ils ne reconnaissent pas la compétence. Ces députés veulent proclamer formellement l’indépendance aujourd’hui, à la faveur du votre d’une nouvelle loi votée et également annulée par Madrid

-Mariano Rajoy a sollicité devant le Sénat la désignation d’une « autorité » qui disposera d’une période d’un mois pour « vérifier qu’aucune loi du parlement local ne viole les mesures prises pour contrôler la Catalogne ». Normalement, une fois Carles Puigdemont destitué, le parlement ne pourra pas choisir la nomination d’un successeur à Puigdemont.

-Concernant la police autonome catalane (16 000 « Mossos d’Esquadra »), qui a été accusée d’avoir été déloyale envers Madrid durant le référendum illégal, elle serait placée sous l’autorité directe du gouvernement de Madrid et détachée de la Generalitat. Mariano Rajoy a même demandé, « au cas où ce serait nécessaire », que les membres des Mossos soient « remplacés par des effectifs des forces de sécurité de l’État » (policia nacional et Guardia civil). Pour information, et preuve parmi tant d’autres du manque total de loyauté des policiers catalans autonomes aux ordres des séparatistes : les Mossos d’Esquadra ont été pris en flagrant-délit hier soir, à Barcelone, de brûler des documents policiers importants afin de cacher à Madrid des informations compromettantes sur des enquêtes en cours…

- Quant aux finances publiques de la Generalitat, le gouvernement de Madrid les a déjà placées sous séquestre depuis septembre, lorsque Rajoy a cherché vainement  à empêcher le référendum d’autodétermination illégal du 1er octobre, mais il demande à présent le pouvoir d’exercer toutes les compétences financières, budgétaires et fiscales de la Generalitat afin de s’assurer que les impôts locaux ou sommes transférées par Madrid à la région catalane ne soient pas utilisés pour financer la propagande sécessionniste.

- Enfin, les médias catalans indépendantistes, notamment la télévision et la radio publiques (TV3 et Catalunya Radio), qui ont joué depuis des décennies un rôle central dans la diffusion de sentiments séparatistes et anti-espagnols, vont aussi être visés par l’article 155, vont être repris en main directement par le gouvernement central dans le but de garantir « la transmission d’une information fiable, objective et équilibrée ». Mariano Rajoy a également demandé au Sénat que Madrid puisse remplacer « les fonctions de la Generalitat de Catalogne en matière de télécommunications et de services numériques », ce qui signifie également la prise de contrôle du Centre de télécommunications et de technologies de l’information (CCTI) qui coordonne les systèmes informatiques du gouvernement régional… En réaction, les syndicats de journalistes de TV3 et Catalanya Radio ont déjà appelé à la rébellion.

L’appel à la « résistance » et à la « désobéissance civile » des séparatistes catalans

Le camp indépendantiste radial, qui n’attendait que cela pour se poser en victime - et qui a qualifié le discours de Rajoy de « coup d’Etat » - n’a cessé d’intensifier sa propagande séparatiste anti-espagnole paranoïde. Il a ainsi lancé moult appels à « la résistance et à la désobéissance civile », puis à la proclamation de la « République catalane souveraine et indépendante ».

On sait que dans leur pari de pourrissement de la situation, les indépendantistes ont de sérieux atouts : sur 220 000 fonctionnaires publics de Catalogne, seuls 9% travaillent pour l’administration étatique. Une majorité ou une forte minorité active contrôlant les directions et les syndicats, peut être sensible à une rhétorique de désobéissance, si Madrid devait utiliser une nouvelle fois la violence (légale) policière pour prendre le contrôle des institutions et des médias catalans en cas de refus d’obtempérer de la part de ceux-ci.

L’application de l’article 155 sera par conséquent très difficile à appliquer concrètement à défaut de pouvoir éviter des « bavures » que les radicaux catalans appellent de leurs vœux en taxant systématiquement d’ailleurs de « fachas » (fachos/fascistes) les forces de Madrid et tous ceux, même catalanistes, qui s’opposent à l’indépendance et tentent de composer avec les « franquistes » de Madrid et leur chef, Mariano Rajoy. Puigdemont est lui-même prêt à se rebeller contre sa propre destitution (annoncée), et il a appelé le Parlement catalan à « décider de la réponse à apporter à l’article 155» sachant que la Chambre siège depuis jeudi soir dans la perspective de déclarer solennellement l'indépendance de la « République indépendante de Catalogne », sans crainte des graves conséquences judiciaires. Depuis jeudi soir, des milliers de jeunes ont d’ailleurs commencé à manifester à Barcelone pour réclamer l’indépendance définitive et faire pression sur les plus modérés, plus que jamais diabolisés et taxés de « traîtres à la patrie », ceci aux cris de « La République, maintenant ». Maître en ambiguïté et en grands écarts pour satisfaire ses ailes modérées et radiales, Puigdemont a donc opté pour le pire des scénarios sans toutefois l’endosser lui-même puisqu’il s’en est remis au Parlement catalan dont les composantes séparatistes radicales ont voté très officiellement, au nom de la « démocratie », ce qu’il n’a pas osé assumer juridiquement lui-même, sans toutefois jamais renier la signature de la déclaration d’indépendance de début octobre et l’adoption, le 8 septembre 2017, d’une loi de « transition juridique et de  fondation de la République catalane »...

La boîte de pandore du séparatisme et la « balkanisation de l’Europe et de l’Espagne »

Comme on pouvait s’en douter, le pire des scénarios a prévalu sur les autres, lorsque, à 15h, ce vendredi, le Parlement catalan a proclamé unilatéralement la « République indépendante de Catalogne », ceci en conséquence de l’application des résultats du référendum du 1er octobre. Cette proclamation, que l’on aurait cru impossible il y a encore 5 ans, est inédite. Elle peut déboucher sur une situation extrêmement sismique et même sur un chaos révolutionnaire, sachant que cela va donner des idées non seulement aux indépendantistes basques, valencianos, galiciens ou même de Navarre ou des Baléares. Cela signifie que ce n’est pas que la perte d’une région riche, que l’Espagne va tenter de conjurer et craint, mais la perte de plusieurs autres régions ou « autonomies » du pays, ce qui signifie un risque pur et simple de destruction de l’Espagne.

Pour cette raison, l’envoi de l’armée et l’inévitable répression des séparatistes par les forces de l’ordre espagnoles envoyées afin d’assurer l’application de l’article 155, répression recherchée et obtenue par les révolutionnaires indépendantistes  qui ont pris en otage les Catalans en tant que minorité active, peut déclencher jusqu’à une nouvelle guerre civile.

Dans leur course à la souveraineté et à la sécession, qui ne fait que commencer, les indépendantistes, qui ont réponse à tout, ont élaboré depuis des mois un très efficace arsenal de propagande. Ils ont envisagé tous les scénarii et sont prêts à la confrontation directe. D’après eux, plus rien ne pourra plus empêcher leur mouvement vers l’indépendance : ni le risque économique et financier du au départ de 1500 entreprises et banques, ni la baisse du tourisme, qu’ils ont souvent critiqué, ni même le risque de chaos et d’affrontements ou encore d’isolement international, le risque de sortie de l’UE, et la sortie de la zone euro, sans oublier les conséquences dramatiques de fermetures des frontières qui risquent s’asphyxier la région la plus ouverte et dynamique du pays.

L’idée des dirigeants catalanistes est que, après une étape de chaos, un équilibre reviendra lorsque les autorités espagnoles seront obligées de reconnaître la réalité et auront été diabolisées une fois de plus après un cycle de répressions provoquées par les sécessionnistes.

Les séparatistes catalans citent volontiers les exemples de la séparation entre la Tchéquie et la Slovaquie, qui s’est passée de façon pacifique, et assurent que s’il y a un risque de violence, celui-ci ne sera que la faute de Madrid. Ils citent aussi l’exemple, en 1991, du référendum d’autodétermination de Slovénie, en ex-Yougoslavie, qui fut suivi d’un « gel » de six mois de la proclamation d’indépendance pour permettre l’ouverture d’un processus de négociations mais qui finit par déboucher sur la séparation, prélude à la dislocation de l’ex-Yougoslavie. Les indépendantistes assurent que ma sécession de la Slovénie survint sans violence, mais ils oublient de rappeler que la suite fut une horrible guerre civile inter-Yougoslave qui aboutit à la fragmentation actuelle généralisée des Balkans. Est-ce un hasard si le porte-parole des « observateurs internationaux » présents lors du référendum (illégal ») catalan du 1er octobre dernier était Dimitrij Rupel, l’ancien ministre slovène des Affaires étrangères ? Tien n’est moins sûr, et cela rend très réaliste l’allusion au risque de « balkanisation ».

On se rappelle que le oui slovène à l’indépendance avait recueilli 88,2% des voix exprimée, quoi que, à la différence du référendum catalan, 90% des électeurs inscrits étaient allés voter, soit plus du double de ceux qui ont voté pour l’indépendance de la Catalogne le 1er octobre dernier. Autre différence, la Constitution yougoslave reconnaissait officiellement le droit à la sécession des républiques fédérées, dont la Slovénie, ce qui n’était pas du tout le cas de la Constitution espagnole qui ne permettait d’aucune manière la possibilité de l’indépendance.

On comprend ainsi pourquoi Madrid n’a jamais reconnu l’indépendance du Kosovo, qui fut arrachée en toute illégalité à la Serbie et à la Yougoslavie après la guerre du Kosovo (1998-1999) dans les années 2000, dans un contexte de balkanisation générale de la région et de résurgence des séparatismes identitaires.

Après les Balkans, l’Espagne, viendra le tour de la Belgique et du Royaume-Uni, très menacés par les indépendantismes écossais et flamand, sans oublier l’Italie du Nord, avec les séparatistes de Vénitien et de Padanie qui ont déjà lancé leurs consultations pour plus d’autonomie. Sans oublier la Roumanie, également membre de l’Union européenne, qui s’alarme de la renaissance du sécessionnisme de la forte minorité « magyare »-hongroise. La boîte de Pandore est ouverte, et l’Europe va devoir faire ainsi face à la plus grave crise de souveraineté jamais connu, parallèlement au problématique Brexit. 

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