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Il ne reste plus que 80 prisonniers à Guantanamo… mais la plupart n’en sortiront sans doute jamais
©Reuters

Hotel California

Ces "prisonniers de toujours" sont trop dangereux pour être relâchés et on ne peut les pas mettre en examen pour des crimes.

Depuis son ouverture en 2002, la prison de Guantanamo a hébergé environ 780 personnes. Aujourd'hui il en reste 80, comme le signale The Atlantic. Barack Obama avait été élu en 2008 notamment sur sa promesse de fermer ce centre, qui avait tant entamé l'image des Etats-Unis et semblait contraire à l'état de droit et aux lois de la guerre. Déjà en 2006, George W. Bush avait déclaré vouloir fermer Guantanamo. Et pourtant la prison existe encore. Et il est probable que certaines personnes n'en sortiront jamais.

Les détenus de Guantanamo existent en effet dans un vide juridique. Ceux-ci ont été appréhendés hors d'un contexte de guerre déclarée ou d'opération policière, ce qui ne leur donne ni le statut de prisonnier de guerre ou de justiciable. Certains ont été torturés, ce qui veut dire que les preuves contre eux ne peuvent pas être recevables devant des tribunaux. Mais beaucoup d'entre eux sont des djihadistes confirmés qui retourneraient au terrorisme s'ils étaient libérés. On ne peut pas les libérer, on ne peut pas les juger…donc on les garde.

L'administration Obama veut transférer certains des détenus dans des prisons militaires ou fédérales aux Etats-Unis, mais le Congrès, dominé par les Républicains, s'y oppose. Les Conventions de Genève s'opposent à la détention indéfinie sans procès, mais pour le gouvernement américain, le droit de la guerre ne s'applique qu'aux "combattants légaux"—se battant sous l'uniforme d'un Etat—et pas aux terroristes et "combattants ennemis illégaux."

Certains détenus contre lesquels il y avait des preuves admissibles ont été jugés devant des tribunaux, civils ou militaires pour crimes de guerre. L'administration Bush a relâché 540 détenus sans autre forme de procès ; l'administration Obama 158. Certains détenus ont été "sous-traités" aux pays dont ils sont originaires, comme l'Arabie saoudite et le Pakistan.

Selon une base de données maintenue par le New York Times, tous les détenus sont des hommes, surtout dans la trentaine et la quarantaine. Le plus jeune a 30 ou 31 ans ; le plus âgé en a 68. La plupart sont là depuis plus de 13 ans. Ils viennent de 17 pays et des Territoires palestiniens. 43 viennent du Yemen, six d'Afghanistan, six d'Arabie Saoudite et six du Pakistan. Le reste vient du Tadjikistan, de la Tunisie, l'Irak, l'Algérie, l'Indonésie, le Kenya, la Libye, la Malaisie, la Mauritanie, le Maroc, la Russie et la Somalie. Il y a un détenu dont le pays d'origine est inconnu.

Un comité évalue les prisonniers et recommande de les relâcher ou pas. Sur les 80, 43 sont en détention pour une durée indéfinie et le comité n'a pas prévu de recommander de les relâcher. Ce sont eux, les "prisonniers de toujours", trop dangereux pour être relâchés, mais qu'on ne peut pas mettre en examen pour des crimes.

Après 14 ans à Guantanamo, Mohammed Ali Abdullah Bwazir, originaire du Yemen et âgé de 35 ou 36 ans, avait été choisi pour être relâché. Alors qu'un avion allait l'emmener en Europe, il a refusé de monter. "Il n'était pas en colère, pas violent. Il était très calme", expliqua le directeur de la prison, le colonel David Heath, au Miami Herald. Bwazir souffrait de dépression et ne voulait pas partir vivre dans un pays qu'il ne connaissait pas où il ne connaissait personne. Il est retourné dans sa cellule.

Carol Rosenberg, journaliste qui suit la prison de Guantanamo depuis son ouverture, croyait après l'élection de Barack Obama qu'elle fermerait. Elle a déclaré à l'organisation journalistique Poynter : "Mais il pourrait s'avérer qu'on va attendre que le dernier homme meure avant qu'elle ferme."

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