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Ceux qui stigmatisent les "super" profits oublient d'évoquer les 3,5 millions de salariés-actionnaires qui touchent aussi des dividendes, lesquels représentent un bienvenu 14ème ou 15ème mois de salaire.
Ceux qui stigmatisent les "super" profits oublient d'évoquer les 3,5 millions de salariés-actionnaires qui touchent aussi des dividendes, lesquels représentent un bienvenu 14ème ou 15ème mois de salaire.
©AFP / Lionel BONAVENTURE

Bonnes performances

En plein bras de fer sur la réforme des retraites, la publication des bénéfices des grands groupes cotés en Bourse a rallumé la stigmatisation des « super-profits » et de la distribution des dividendes.

Jacques Gautrand

Jacques Gautrand

Jacques Gautrand est spécialiste de l’image de l’entreprise et la communication de ses dirigeants.

Il dirige Consulendo.comun observatoire indépendant sur l’entreprise et le management, qui s’intéresse notamment à la place de l’entrepreneur dans la société.

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L’opinion publique et les grands médias sont sensibles au contraste entre la conjoncture chahutée de ce début d’année 2023 (stagnation, inflation, hausse des prix de l’énergie, guerre en Ukraine, grèves et manifestations…) et les bonnes performances affichées par les grandes entreprises, dont les profits ont été réalisés en 2022, notamment sur des marchés étrangers, après deux années de pandémie de Covid.

Dans le débat sur les besoins de financements de notre système de retraite par répartition, des voix, à gauche comme à droite, se sont fait entendre plaidant pour une recette simple, voire simpliste : "Surtaxons ces super-bénéfices et le tour est joué, plus de problème de déficit des retraites!"

Rappelons cependant quelques vérités que l'on aimerait voir diffusées plus largement.

- Les dividendes sont versés aux actionnaires une fois payés les salaires ainsi que les différents impôts, prélèvements, cotisations et autres taxes à l'Etat.

- Le dividende est le revenu de l’actionnaire : il rémunère le risque pris par l’investisseur qui a apporté son capital à l’entreprise pour lui permettre d’exercer son activité, sans garantie initiale que celle-ci sera profitable.

- Le dividende fera à son tour l’objet d’un prélèvement fiscal lors de la déclaration des revenus de son bénéficiaire. On peut ainsi en déduire que le profit est taxé deux fois : une première fois via l’impôt sur les sociétés, une seconde fois via les dividendes distribués…

- Ceux qui stigmatisent les "super" profits oublient d'évoquer les 3,5 millions de salariés-actionnaires qui touchent aussi des dividendes, lesquels représentent un bienvenu 14ème ou 15ème mois de salaire.

- Précisons aussi que les grands groupes cotés au fameux CAC 40 de la Bourse de Paris, réalisent essentiellement leurs profits hors de France, sur les marchés étrangers, notamment en Asie ou au Moyen-Orient pour les marques de luxe… Les dividendes versés aux actionnaires français ne sont donc pas prélevés "au détriment" des salariés de l'Hexagone...

- Par ailleurs, tous ceux qui veulent surtaxer les profits des entreprises devraient garder à l'esprit que dans le monde actuel, les sociétés ont toujours la faculté d'installer leur siège social dans des pays où la fiscalité et les prélèvements sont les plus favorables.

Les profits ne tombent pas du ciel : avant de penser à les redistribuer, il faut instaurer les meilleures conditions de leur production... Avant de redistribuer, encore faut-il créer!

- Enfin, rappelons qu'au sommet de sa gloire, si l'on peut dire, l'Impôt sur les grandes fortunes (IGF devenu ISF) ne rapportait que 5 à 6 milliards d'euros par an au budget de l'Etat. Tandis que le déficit annuel des retraites qu'il faudra combler à la fin de cette décennie, est estimé lui à 12 milliards d'euros...

Capitalisation.

Pour reparler de la pérennité de notre système de retraite, on ne peut que regretter que, depuis des décennies, les opposants actuels à la réforme en débat, aient constamment refusé la création de fonds de pension (capitalisation), compléments efficaces de la répartition et qui auraient pu être alimentés, entre autres, par les dividendes distribués et l'épargne salariale.

Après ces commentaires, on ne manquera pas de se réjouir que syndicats de salariés et syndicats patronaux se soient mis d'accord le 10 février sur un texte visant à améliorer la répartition de la valeur ajoutée créée dans l'entreprise, notamment en favorisant l'instauration de l'intéressement et de la participation dans les PME, où ces dispositifs sont encore trop peu répandus.

La preuve que tout le monde trouve intérêt a travailler dans des entreprises plus profitables!

Sans utiliser le terme de "super-profits", cet accord national interprofessionnel (ANI) qui doit être ratifié par une majorité de partenaires sociaux*, prévoit que les bénéfices "exceptionnels" donneront lieu à un versement automatique supplémentaire de participation ou d’intéressement dans les entreprises comptant plus de 50 salariés.

Tout ceci démontre que le dialogue social fonctionne encore dans notre vieux pays, et qu'il peut déboucher sur des accords sociaux mutuellement profitables, sans ingérence de l'Etat.

Dans le contexte actuel, à ceux qui cherchent des motifs de ne pas désespérer du futur, en voici un.

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