Hugo Clément : « Nous pouvons tous faire quelque chose »<!-- --> | Atlantico.fr
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Le journaliste Hugo Clément pose lors d'une conférence de presse de France Télévisions, le 18 juin 2019, à Paris.
Le journaliste Hugo Clément pose lors d'une conférence de presse de France Télévisions, le 18 juin 2019, à Paris.
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Atlantico Litterati

Pouvons-nous agir partout où nous sommes, chacun à notre (modeste) niveau, pour préserver, autant que faire se peut, végétaux et animaux ? Hugo Clément publie "Les lapins ne mangent pas de carottes" aux éditions Fayard.

Annick Geille

Annick Geille

Annick GEILLE est journaliste-écrivain et critique littéraire. Elle a publié onze romans et obtenu entre autres le Prix du Premier Roman et le prix Alfred Née de l’académie française (voir Google). Elle fonda et dirigea vingt années durant divers hebdomadaires et mensuels pour le groupe « Hachette- Filipacchi- Media » - tels Playboy-France, Pariscope et « F Magazine, » - mensuel féministe (racheté au groupe Servan-Schreiber par Daniel Filipacchi) qu’Annick Geille baptisa « Femme » et reformula, aux côtés de Robert Doisneau, qui réalisait toutes les photos d'écrivains. Après avoir travaillé trois ans au Figaro- Littéraire aux côtés d’Angelo Rinaldi, de l’Académie Française, AG dirigea "La Sélection des meilleurs livres de la période" pour le « Magazine des Livres », tout en rédigeant chaque mois pendant dix ans une chronique litt. pour le mensuel "Service Littéraire". Annick Geille remet depuis sept ans à Atlantico une chronique vouée à la littérature et à ceux qui la font : « Atlantico-Litterati ».

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La Conférence internationale sur le Climat- la COP 27- a commencé ce dimancheà Charm El-Cheikh, en Égypte. « Sur le thème de la crise climatique, la tendance est au développement scientifique numérique et industriel de toutes les nouvelles techniques et technologies possibles et imaginables capables de développer partout ces « bonnes pratiques et savoirs » pour que l’humanité puisse s’adapter et réduire autant que possible les effets du réchauffement». (« Good practices, gaps, needs,adaptation and technologies to adapt to climate change impacts – and to avert, minimize, and facilitate recovery and rehabilitation »,annonce la COP 27 dans ses programmes ([email protected])La conférence des Nations Unies advient pendant la guerre en Ukraine, qui ajoute au dérèglement climatique la crise énergétique et alors que la France a subi cet été canicules,sécheresse, incendies, inondations etc. Résultat : l’écologie radicale sévit, braquant les populations au lieu de les convaincre. Au contraire de ceux qui se trompent de stratégie, provoquant la détestation, pouvons-nous cesser de voir en l’autre (et en tous les autres) le (s) responsable(s) de nos maux, pour défendre le climat d’une autre façon, en respectant la création - a fortiori le génie donc l’art- et tous les objets vivants du monde, humains compris ? Le chercheur belge et essayiste François Gemenne répondaitle 4/11 dernier à lajournaliste du Figaro (et philosophe) Aziliz Le Corre – qui l’interrogeait concernant ces politiques écologistes « coercitives » . Réponse de François Gemenne : « Toute politique autoritaire est vouée à l’échec. »

Pouvons-nous alors agir partout où nous sommes, chacun à notre (modeste) niveau, pour préserver autant que faire se peut, végétaux et animaux ? Il le faut absolument, répond avec le sourire l’essayiste Hugo Clément. Tel est le sujetde son livre- modeste, mais riche d’enseignements. Que devons-nous savoir et que pouvons-nous faire, s’interroge ensuite l’auteur à la manière de Kant. Il s’agit d’éviter ce pire impensable que serait la désertification animale ET végétale telle que la prévoient les scientifiques, si rien ne change. Il le faut, et il n’est pas trop tard, les dictateurs verts ont tort de jeter toutes sortes d’ordures sur Van Gogh et Gauguin. Ce sont des enfants gâtés qui ne lisent pas assez : on embrasse une noble cause en croyant se donner de la noblesse, une vertu. Le résultat est pathétique. Que les plus intelligents parmi ceségarés se réveillent, et changent de braquet. La planète a besoin d’eux ailleurs, autrement.

C’est la raison pour laquelle Hugo Clément, plutôt que de se rendreauPradopourattaquer un Goya qui n’en peut mais préfère lutter contre le dérèglement climatique à sa façon convaincante en publiant « Les lapins ne mangent pas de carottes » (Fayard). Il ne s’agit pas de littérature ou de philosophie- encore que ce jeune auteur semble être un disciple de Philippe Descola- mais d’un ouvrage pratique, une série de bons conseils. Soit le guide des bonnes pratiques envers les objets vivants du monde- en particulier les animaux et végétaux, sans oublier les insectes. Combien de temps pourrions-nous survivre sans abeilles ni papillons ?

« Dans l'ensemble,  la France se réchauffe davantage (environ +20%) que la moyenne planétaire"Ceci aura des impacts très forts sur les écosystèmes et les cultures. Nous subirons des pics de chaleur beaucoup plus fréquents et chauds, et des sécheresses plus intenses et prolongées. Dans ces conditions, l’un de points- clés sera de savoir maintenir les ressources en eauet de savoiraussi les utiliser », annonce par ailleurs Julien Boé ,chercheur  au CNRS. Julien Boé s'intéresse au changement climatique et à ses impacts, notamment en ce qui concerne « le cycle hydrologique continental. » « À 3,8 °C de hausse de températures moyennes, des écosystèmes entiers pourraient disparaître, et le paysage agricole en serait drastiquement modifié ».« Le réchauffement climatique en France s’annonce pire que prévu », confirme un autre expert : Sebastien Escalon, dans « Le Journal du CNRS ».«  Avec une hausse moyenne de 0,36°C par décennie, déclare à l’AFP Aurélien Ribes (climatologue au « Centre national de la Recherche météorologique » ( le CNRM),« la France de 2100 pourrait être 3,8 °C plus chaude que celle du début du XXe siècle ».

« C’est ce à quoi je souhaite contribuer avec ce livre, conclut l’auteur : «parvenir à modifier notre manière de voir le monde, apprendre à cohabiter avec les autres créatures, et prendre conscience que nous aussi faisons partie du règne animal ».

Au contraire de ses congénères radicaux, quiœuvrent dans la haine, Hugo Clément y parvient fort bien.

Annick GEILLE

Extraits

« Changeons de regard sur les animaux  »

Les animaux parlent

« Bien qu’ils n’utilisent pas la même forme de langage que la nôtre, les animaux  parlent. Dans son livre «  La filiation de l’homme et la sélection liée au sexe », publié  en 1871, le célèbre naturaliste Darwin, à l’origine de la théorie de l’évolution, soulignait déjà : « L’homme n’est pas le seul animal qui puisse user d’un langage pour exprimer ce qu’il se passe dans son esprit, et comprendre plus ou moins ce qui est dit par un autre. »

L’étude de la communication animale est passionnante. Le niveau de connaissance, dans ce domaine progresse sans cesse. Professeur à l’université se Saint-Etienne, Nicolas Mathevon est biologiste, spécialiste de bioacoustique. Il a fondé une équipe dédiée à cette spécialité au Centre national de recherche Scientifique (CNRS) et a publié en 2021 « Les animaux parlent, sachons les écouter »(HumanSciences 2021), livre que j’ai dévoré en quelques jours. « Nous ne pouvons plus opposer notre espèce aux autres animaux, chaque espèce possède ses propres caractéristiques biologiques, écologiques, sociales et parfois culturelles, qui définissent son monde », écrit le chercheur en début d’ouvrage. «  Les systèmes de communication acoustiques sont donc divers, mais tous dignes d’intérêt. Lx sont témoins de la diversité du vivant. »

Beaucoup considèrent  encore que  les animaux n’émettent que des sons réflexes, liés à leur émotions du moment : « j’ai mal », « j’ai peur », « j’ai faim ». C’est aussi notre cas. Mais, comme le nôtre, les langages animaux sont bien plus sophistiqués. Car, oui, Nicolas Mathevon qualifie de « langage » les différents modes de communication propre à chaque espèce. « ll y a en fait autant de langages que d’animaux utilisant les sons pour échanger des informations, écrit-il. Ces langages non humains, plus ou moins complexes, suivent les règles générales présentant de grandes similarités avec le nôtre. »

Le trafic des animaux sauvages

Quelques « influenceurs » français de téléréalité installés à Dubaï  font des dégâts considérables en promouvant des « zoos privés »  émiratis. Il se filment en train de promener un singe ou un guépard en laisse. Ils s’assoient  à côté d’énormes lions enchaînés à un piquet. Ils nourrissent un ours en cage avec des biscuits. Ils caressent un crocodile dont la gueule est attachée avec du gros scotch. Tout cela en riant aux éclats. Le discours, soufflé par les propriétaires de  ces prisons pour espèces sauvages est toujours le même : il s’agit de « refuges » qui accueillent des animaux « sauvés ». D’où viennent-ils ? Sauvés de quoi ? Mystère. Ce qui est sûr c’est qu’ils font tourner  à plein régime la machine à « likes »-et donc à cash- des influenceurs. Ces photos et vidéos sont visionnées et commentées des centaines de milliers de fois, incitant le public à faire  pareil dès que l’occasion se présente, et alimentant ainsi le trafic d’animaux sauvages, qui est le troisième commerce illégal le plus lucratif au niveau mondial, après celui des armes et et de la drogue. Beaucoup d’animaux menacés à l’état naturel s’échangent à prix d’or sur le marché noir. Selon une enquête menée par WWF, certains tigres exploités pour des spectacles ou des selfies sont ensuite vendus à des circuits mafieux. Ils sont alors tués et transformés en différents produits.(…) Chaque année 124 tigres disparaissent soit deux par semaine. Le commerce illégal est la principale menace pesant sur cette espèce. Ne devenez pas trafiquant sans le savoir. Les réseaux criminels usent de la naïveté ou de la méconnaissance de tout un chacun. Pour vous donner une idée du désastre, on compte aujourd’hui moins de 4000 tigres dans la nature alors qu’ils sont 14 000 en captivité.

Protégeons insectes et volatiles

Il est aussi possible d’agir à son échelle individuelle. Ces actions en apparence anodines peuvent être incroyablement efficaces si nous sommes des millions à les mettre en œuvre. Vous avez un jardin ? Et si vous en laissiez une petite partie en libre évolution ? Pas de tonte, pas de produits  d‘entretien… Les herbes folles pousseront librement, servant d’habitat à de nombreux insectes, et de garde-manger aux oiseaux. De même si des haies vous séparent de vos voisins, évitez de les tailler entre le 15 mars et le 31 juillet, afin de protéger les volatiles en pleine période de nidification. Certains y verront peut-être un jardin sale ou mal entretenu, mais la nature vous remerciera. (…) Même sur un simple balcon, vous pouvez cultiver quelques plantes en pot pour insectes pollinisateurs ».

Copyright  Hugo Clément / Les lapins ne mangent pas de carottes /Fayard/ 188 pages / 19 euros/ Toutes librairies et « La boutique »

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