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L'art de la guerre baptisée paix
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Voie du milieu

Les bouddhistes de France reçoivent le Dalaï-Lama à Toulouse du 13 au 15 août. Le Dalaï-lama, chef théocratique, est aussi un chef de guerre. Extraits de "Dalaï Lama, pas si zen", de Maxime Vivas, Max Milo (Juillet 2011)

Maxime Vivas

Maxime Vivas

Maxime Vivas est journaliste, coadministrateur du site d'information alternative legrandsoir.info.

Il anime également une émission culturelle sur Radio Mon Païs et fut référent littéraire pour ATTAC-France.

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Le dalaï-lama, adoré de ce peuple heureux, « ne se déplaçait jamais sans une escorte de vingt-cinq
gardes armés et la troupe était toujours postée sur le parcours » . Il est vrai que des dalaï-lamas avaient jadis été assassinés par des nervis commandés par des proches. Sur son armée : « En fait, elle servait essentiellement à tenir les postes-frontières et à empêcher les étrangers démunis de visa [c’est-à-dire, à peu près tous les étrangers, NDA] d’entrer dans le pays. Elle constituait aussi notre police, sauf à Lhassa et dans les monastères qui possédaient leurs propres forces de l’ordre. ». « […] elle totalisait huit mille cinq cents officiers et hommes de troupe. Nous disposions d’un nombre plus que suffisant de fusils, mais notre artillerie ne comptait qu’une cinquantaine de pièces de divers calibres, deux cent cinquante mortiers et environ deux cents mitrailleuses représentant une puissance de feu bien trop faible pour faire la guerre. » Observons que ce n’est pas un amour gandhien de la non-violence qui est ici invoqué, mais le risque d’une défaite.


Cette analyse-là fut reprise par le dalaï-lama presque un demi-siècle après, le 12 mai 2008, quand il donna au magazine allemand Der Spiegel une interview où le pacifisme du chef religieux n’apparaît pas consubstantiel de sa pensée, mais imposé par le rapport des forces : « Les Tibétains doivent-ils prendre les armes pour conquérir cette indépendance ? Quelles armes, d’où ? Des moudjahidines au Pakistan, peut-être ? Et si nous les obtenons, comment les ferons-nous passer au Tibet ? Et si la guerre d’indépendance commence, qui nous viendra en aide ? Les Américains ? Les Allemands ? »

À cette question, une réponse au parfum d’appel au Pentagone avait été donnée par Sa Sainteté le 29 avril 2005 à des sénateurs français venus le voir dans son exil indien : « La politique américaine veut promouvoir la démocratie en Irak et en Afghanistan, par des  méthodes parfois controversées. Je dis tant mieux, c’est bienvenu. Mais ce serait encore mieux si la démocratie était promue en Chine. »


Le dalaï-lama serait-il un général défait qui se replie « sur des positions préparées en avance » ? Pratique-t-il l’art de la paix, ou celui de la guerre, laquelle est faite d’offensives et de replis, de trêves et d’armistices, de victoires et de défaites, de propagande et de mensonges ? Au lecteur de trancher en prenant connaissance des informations complémentaires ci-dessous.


Au temps de son règne, son infériorité militaire le poussera, craignant de voir Pékin réformer en profondeur le Tibet, à en appeler à des puissances étrangères, car « le Tibet ne disposait ni des ressources matérielles, ni des armes, ni des hommes lui permettant de se défendre contre une attaque d’envergure ». « Quatre délégations furent constituées qui devaient se rendre aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Inde et au Népal pour demander à ces pays leur appui. »  Ces derniers se refusèrent tout uniment de répondre favorablement à l’appel belliciste et gardèrent leurs soldats chez eux. Washington « refusa même de recevoir les membres de la délégation ».

Suite à ces « réponses négatives à [leurs] demandes d’aide militaire, les hordes chinoises pouvaient [les] investir ; [ils étaient] abandonnés de tous ». Le dalaï-lama raconte qu’il s’est rendu en Inde sur la tombe de Gandhi « qui possédait une foi profonde dans la paix et l’entente entre les hommes » et il s’interroge : « Ma méditation m’amena à me demander quel sage conseil le mahatma m’aurait donné […] »  Peut-être celui de ne pas faire appel aux armées de quatre pays étrangers pour envahir une province chinoise et y semer la mort afin qu’elle reste engluée dans une gangue théocratique où le pouvoir, non, tous les pouvoirs seraient concentrés dans les mains d’un seul homme, chef spirituel et temporel incontestable, car issu du miracle divin d’une réincarnation adéquate. Le paisible dalaï-lama ayant donc été débouté de sa demande d’intervention armée à quatre nations étrangères pour préserver son pouvoir, que se passa-t-il par la suite ? À l’en croire, tout juste un « soulèvement pacifique des Tibétains à Lhassa, le 10 mars 1959 » …

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Extraits de "Dalaï Lama, pas si zen", de Maxime Vivas, Max Milo (Juillet 2011)

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