Un exemple de "gender inequality", messieurs ? Lors d'une rupture amoureuse, les hommes sont... plutôt fuyants et passifs<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Un exemple de "gender inequality", messieurs ? Lors d'une rupture amoureuse, les hommes sont... plutôt fuyants et passifs
©

Bonnes feuilles

La rupture amoureuse est l'une des expériences les plus éprouvantes traversées dans une vie. Quelles sont les périodes critiques de la vie de couple qui rendent plus vulnérable à une séparation ? Comment repérer les signes avant-coureurs ? Extrait de "La rupture amoureuse" de Marcel Bernier et Marie-Hélène Simard aux Editions Eyrolles (1/2).

Marie-Hélène Simard

Marie-Hélène Simard

Marie-Hélène Simard est psychologue clinicienne.

 
 

 

Voir la bio »
Marcel Bernier

Marcel Bernier

Marcel Bernier est psychologue clinicien.

 
 

 

Voir la bio »

Chaque individu réagit à sa façon face à la rupture. Ses émotions seront tributaires de son caractère, de sa personnalité, ainsi que de son bagage individuel d’expériences et de vécu. Pourtant, au-delà des différences individuelles, les expériences cliniques et la recherche démontrent que les émotions vécues tant par les hommes que par les femmes sont à peu près les mêmes. Ainsi, autant d’hommes que de femmes ressentiront la solitude, l’abandon, la tristesse de ne plus avoir quelqu’un à aimer et de ne plus être aimé, le sentiment d’être inapte à la relation et celui d’avoir échoué. Cependant, c’est dans la façon d’être et de réagir que l’on remarque certaines différences en fonction du sexe.

Les femmes, plutôt gestionnaires et actives Certaines études indiquent que les femmes mettent plus facilement fin à la relation que les hommes. Selon un portrait général, les femmes auraient tendance à ressentir davantage leurs insatisfactions au sein de leur relation conjugale. De plus, elles seraient plus actives dans les démarches d’amélioration du couple et dans le processus décisionnel conduisant à la séparation. Des auteurs qui se sont penchés sur les relations de couples rapportent que les femmes qui annoncent la rupture le font de façon plus claire et directe, sans ambiguïté, comme si leur cœur ne pouvait pas se diviser, ou que rester avec une personne qu’elles n’aiment plus leur était plus difficile. Elles quittent leurs conjoints en utilisant la parole.

Souvent, elles sont épuisées d’avoir tout essayé. En psychothérapie, leur demande principale est de pouvoir exprimer leurs émotions. Elles éprouvent un sentiment d’échec, d’injustice et elles préfèrent parler, se sentir écoutées et comprises plutôt que de recevoir des conseils pour affronter la séparation. Souvent, elles ont besoin d’aide pour s’affirmer davantage face à leur conjoint et se protéger dans le déroulement de la séparation. Après la rupture, les femmes craignent plus que les hommes d’être jugées négativement par leur entourage, pour l’échec de leur relation.

Les hommes, plutôt fuyants et passifs

Les hommes sont généralement plus passifs dans le cheminement de la relation amoureuse. Quand des difficultés ou des insatisfactions se présentent, ils ont tendance à éviter de les affronter et à fuir dans d’autres activités. Un homme qui vit des problèmes conjugaux sera donc porté à s’investir dans des activités sportives, à consommer davantage d’alcool, à se changer les idées via des projets extérieurs au couple. Ce type de réaction peut paraître déplorable par rapport aux réactions plus actives des femmes notées plus haut. Pourtant, en évitant les émotions négatives, en se changeant les idées, l’homme peut apporter une nouvelle perspective face aux problèmes du couple. S’activer peut être un moyen de prendre du recul face à une situation, une manière de gérer celle-ci selon un état d’âme plus propice au changement.

Si l’homme demeure passif sur toute la ligne, qu’il évite d’affronter ses problèmes conjugaux, qu’il ne répond pas à des demandes de changements convenus avec sa conjointe, il a plus de chances d’être quitté par celle-ci. Dans ce cas, sa réaction immédiate est la surprise et la désorganisation. La détresse, lors de l’annonce de la séparation, peut être considérable. Certains promettent alors de procéder enfin aux requêtes réclamées depuis longtemps par leur conjointe. Par exemple, alors qu’il refusait auparavant systématiquement les invitations de sa compagne pour des consultations conjugales afin d’améliorer la relation, il peut, face au désespoir de la rupture, supplier celle-ci de recourir à ce type de démarche, ou menacer de se suicider. Encore une fois cependant, il est possible qu’il décide de gérer sa souffrance par la fuite et que, même après la rupture, il prenne le parti de s’occuper ailleurs pour ne pas ressentir ses émotions. Une autre réaction fréquente est la négation. L’homme peut nier ses torts, ou agir comme si sa conjointe ne l’avait pas quitté et faire comme s’il ne comprenait pas.

Quand l’homme prend l’initiative de la séparation, il a tendance à prendre plus de temps, à informer sa partenaire de sa décision au moyen de gestes et de comportements, plus qu’en lui parlant. Les hommes ressentent moins l’inconfort de l’ambivalence et seraient moins affectés par la baisse de sentiments amoureux. Par ailleurs, ils auraient plus peur que les femmes de ne pas voir leurs enfants après la séparation et ils s’engageraient plus facilement dans une autre relation amoureuse.

En psychothérapie, nous constatons que les hommes qui consultent éprouvent une intense détresse dans les semaines qui suivent une rupture. Ils ne comprennent pas ce qui se passe et, malgré les avertissements qu’ils ont reçus, ils sont bouleversés par le départ de leur conjointe. Ils sont désorganisés et se sentent démunis, ne savent plus comment gérer leur peine et leurs affaires. En général, ils préfèrent extérioriser leur souffrance autrement que par la parole. Ils ont besoin d’être rassurés sur le caractère passager de leur détresse. Ils ne cherchent pas tant à être compris et à partager leur chagrin qu’à trouver des outils concrets pour mieux y faire face. Ainsi, le fait de devoir s’organiser pour prendre un nouveau logement, pour la gestion des finances, pour l’aménagement de nouvelles activités et relations les aide à retrouver de l’énergie et à établir un nouvel équilibre. Ils sont soulagés de ne plus souffrir et de constater qu’ils peuvent fonctionner sans leur ex-conjointe. Ils pensent aux avantages de leur nouvelle situation et acquièrent un regard plus critique sur la femme dont ils déploraient la perte.

Extrait de "La rupture amoureuse" de Marcel Bernier et Marie-Hélène Simard aux Editions Eyrolles

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !