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François Hollande dans les pas de Lionel Jospin
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Rebelote

Il y a du Lionel Jospin dans ce François Hollande, et ce n’est pas surprenant compte tenu du temps que les deux hommes ont passé ensemble. Et il y a le meilleur de Jospin, comme le pire... Comme on peut le voir durant ses interventions télé.

Roger Célestin

Roger Célestin

Roger Célestin est journaliste.

Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

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François Hollande y croit-il encore ?
Il y a du Lionel Jospin dans ce François Hollande, et ce n’est pas surprenant compte tenu du temps que les deux hommes ont passé ensemble. Et c’est en François Hollande que Lionel Jospin avait placé sa confiance pour tenir le PS lorsqu’il est devenu premier ministre en 1997.
Il y a le meilleur et le pire de Jospin en Hollande.
Le meilleur : une honnêteté intellectuelle, ou en tout cas un fond d’honnêteté intellectuelle, ainsi qu’une bonne connaissance des dossiers, qui l’empêchent de raconter n’importe quoi. Mais aussi qui bloquent l’élan, l’imagination et la capacité à tracer des perspectives.
Et c’est le pire de Jospin qui entrave sa campagne : on n’a pas le sentiment qu’il est habité par une vraie envie de gagner pour transformer son pays et l’Europe, et peser sur le monde. Comme s’il était un acteur, pas mauvais mais pas emballant, qui fait le boulot dans une pièce pas terrible. Un acteur qui cherche son personnage. Sauf que nous avons besoin d’un chef d’Etat qui, avec une équipe compétente et soudée, poursuive les transformations profondes dont a besoin notre pays.
Dans la dernière émission de France 2, jeudi 15 mars, avant le débat avec Jean-François Copé,  François Hollande a même paraphrasé le Nicolas Sarkozy de 2007 : « Le rôle du politique c’est d’aller chercher des capacités  de croissance » (Sarkozy : « la croissance, je vais aller la chercher avec les dents ».
Hollande : « Le rôle du politique, c’est de donner de l’espoir et de la confiance ». Passons sur le caractère discutable de cette affirmation, qui trahit une conception « communicante » de la politique. Ce qu’il faudrait, c’est formuler des propositions qui donnent de l’espoir et de la confiance. Ce n’est pas pareil. Et les positions et des propositions de François Hollande n’apportent ni confiance ni espoir, ni élan. Fermer Fessenheim, lancer un grand plan étatique d’isolation des logements et stabiliser les effectifs de la fonction publique, franchement n’importe quel étudiant, pas très imaginatif, de 1ère année de Sciences Po pourrait pondre ce programme. Où sont la vision puissante, la mise en perspective et en cohérence, le projet maousse, qui donnent envie d’y croire parce qu’on se dit que le candidat a compris l’ampleur des enjeux ?
Pire, rien ne tient dans son programme si la croissance n’est pas au rendez-vous. FOG, plus impitoyable à chaque émission, l’accule, gentiment, en rappelant que Sarkozy commet la même faute, utilise le même mensonge. On sent FOG presque désolé. Il ne déteste pas Hollande, mais il constate cette impasse dans laquelle est bloquée le candidat socialiste.
Des incantations, « l’Europe de la croissance », « Nous sommes un grand pays », et surtout, des prévisions irresponsables de croissance, qui donnent le soupçon qu’il ne saura réduire la dette. Le transfert du problème aux collectivités territoriales apparaît, tel qu’il est formulé, comme une improvisation en mode « patate chaude » et « après moi le déluge ». Comme si fragmenter le problème allait le rendre plus facile à résoudre. Surtout par des élus locaux dont les qualités de gestionnaires ne sont pas éclatantes. C’est vraiment prendre les marchés, les agences de notation et les contribuables pour des gogos. C’est cacher la poussière sous les tapis locaux. Sauf que nous sommes tous, nous-mêmes et nos environnement, devenus doublement allergiques, à la poussière elle-même et à ces méthodes qui mélangent couardise, amateurisme et démagogie.
Avec quels autres leviers que « La France, ce n’est pas rien dans l’Europe » compte-t-il faire revoir le traité européen pour qu’il génère de la croissance, tout en acceptant la discipline budgétaire, le soutien aux pays en difficulté et les mécanismes financiers ? L’équation est très complexe mais quand François Hollande n’a comme argument que le « j’y mettrai toute mon efficacité », on a un peu peur qu’il arrive aux affaires.
Surtout quand il résume ses actions à venir pour la croissance en France : la banque de développement et le soutien aux PME... Franchement, aucun chef d’entreprise, notamment de TPE ou PME, ne peut croire une seule seconde en l’utilité d’une telle approche, datée, conceptuellement dépassée, et qui a maintes fois démontré l’ampleur de son inefficacité, sauf pour la nomenklatura bancaire et administrative qui va se saisir du dossier pour créer lentement dispositifs abscons, dossiers absurdes, circulaire déconnectées, règles opaques et, rapidement cette fois, structures bien dotées et postes bien rémunérés.
Et l’on voit bien que l’ambigüité et les insuffisances de son programme économique rendent sa position intenable. François Hollande est trop intelligent et trop fin pour ne pas le savoir. Alors,  il ne répond jamais aux questions difficiles de François Lenglet. Il ne peut  pas. S’il entre dans le débat tel que le propose François Lenglet, c’est à dire, dans la réalité des faits, le candidat socialiste sait qu’il ne tiendra pas un round. Alors, il est comme un boxeur qui refuse le combat. Il joue la montre. Il s’accroche. Il tente d’embrouiller les juges et le public.

Il est urgent, pour lui, que la campagne s’achève. Les courbes se croisent et François Hollande, dont la voix est cassée, risque de se disloquer.

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