Hollande - Merkel : Christine Lagarde a-t-elle choisi son camp à la tête du FMI ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"En tant que directrice générale du FMI, elle se doit d’agir dans l’intérêt de tous les pays membres en même temps qu’elle doit bénéficier de leur confiance et soutien en tant qu’actionnaires de l’institution de Washington."
"En tant que directrice générale du FMI, elle se doit d’agir dans l’intérêt de tous les pays membres en même temps qu’elle doit bénéficier de leur confiance et soutien en tant qu’actionnaires de l’institution de Washington."
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Le côte obscur de la Force

Christine Lagarde défend pour le moment une position médiane entre celle d'Angela Merkel, centrée sur la discipline budgétaire, et celle de François Hollande, qui prône la croissance.

Dominique  Carreau

Dominique Carreau

Dominique Carreau est professeur émérite de droit international économique.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont Le Fonds monétaire international : FMI (Pedone, 2009).

 

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Madame Lagarde fut élue directrice générale du FMI il y a bientôt un an toute auréolée qu’elle était de son parcours de ministre de l’Economie et des Finances en France. Il convient en effet de rappeler qu’elle parvint à conjurer l’impact sur les banques françaises de la crise financière systèmique de 2008-2009 à la suite de la faillite de Lehman Brothers d’une manière telle que le Trésor devait en tirer un profit significatif de plusieurs milliards d’euros. Aucun autre pays ne peut se vanter d’un tel succès.

Une telle expérience ministérielle ne peut à l’évidence que lui être utile dans ses nouvelles fonctions pour faire face à une crise qui est loin d’être terminée et qui se concentre actuellement sur la zone euro et sur la Grèce en particulier.

Et c’est évidemment là que la difficulté réside pour elle. En tant que directrice générale du FMI, elle se doit d’agir dans l’intérêt de tous les pays membres en même temps qu’elle doit bénéficier de leur confiance et soutien en tant qu’actionnaires de l’institution de Washington. Mais, la crise principale actuelle étant centrée sur l’Europe, elle ne doit pas prêter le flanc à la critique de privilégier cette région du monde dont elle est originaire.

Or, jusqu’à présent, il faut reconnaître que Mme Lagarde a bien « manœuvré ». Elle n’a en effet jamais cessé de militer en faveur d’un assainissement des finances publiques des pays endettés (et souvent surendettés) et pour des réformes structurelles internes passant par un meilleur fonctionnement du marché du travail. Mais, en même temps, elle a toujours considéré que la rigueur (sans parler de l’austérité) n’était pas une fin en soi et qu’il fallait l’accompagner d’une politique de croissance –étant précisé que celle-ci ne saurait résulter en un accroissement des déficits publics. Autrement dit, cette politique de croissance devrait être fondée sur une amélioration de l’offre et non sur l’accroissement de la demande.

D’où la réticence marquée du FMI pour continuer son assistance financière à la Grèce en l’absence de l’adoption de réformes structurelles de fond, à commencer par la mise en place sans cesse reportée d’un programme de privatisations, et de la recapitalisation des banques qui, elle, vient tout juste d’avoir lieu.

D’où également le soutien de Mme Lagarde à l’émission « d’obligations conjointes » au sein de la zone euro qui n’irait pas, semble-t-il, jusqu’à une situation de mutualisation des dettes publiques des pays participant plus que difficile à envisager en l’état actuel de divergence des politiques budgétaires nationales.

C’est dire que Mme Lagarde défend une position médiane entre celle soutenue par Mme Merkel et axée sur la discipline budgétaire et celle avancée par Monsieur Hollande en faveur de la « croissance » -sans que l’on sache bien encore ce que recouvre cette expression.

En tout état de cause, répondant aux nécessités du moment, Mme Lagarde s’exprimant à Londres le 22 mai dernier devait fermement défendre le maintien de la Grèce dans la zone euro en insistant sur le risque de « contamination » s’il n’en allait pas ainsi.

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