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France-USA. Moins payé pour être payé plus. Le choix d’un modèle de pauvreté d’Etat !
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les USA ont aboli la notion de salaire minimum de 2 façons. La première, par l’absence de salaire minimum et la participation au chiffre d’affaire. La seconde par la notion de service obligatoire.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Un sourire et l’addition. Pourboire en plus. Les Américains ont compris 2 choses que les Français, drogués à la gratuité, ne comprennent que peu ou pas. La première, c’est que le service se paie. La seconde c’est qu’un service n’est pas un mot du dictionnaire syndical, mais une réalité commerciale. Explication de texte.

Aux USA, pour de nombreuses professions, il n’y a pas de salaire minimal. Contrairement à d’autres activités (automobile notamment, ou textile), qui l’ont payé cher, sous forme de ces délocalisations « tsunamiennes », qui ont vidé sans pitié les USA comme l’Europe, de ses salaires et salariés au profit de la Chine. Qui n’a pas prévu de nous les rendre et a pu s’offrir ainsi le portefeuille de devises le plus garni du monde, qui lui  permet aujourd’hui de nous racheter à vil prix. Nous leur avons donné le beurre et l’argent du beurre, et nous ramassons les miettes.

Mais revenons à nos moutons. Les activités sans salaire minimum négocié, au prix de pneus brûlés et de chemises de DRH déchirées, comme nous savons si bien le faire en France, provoqueraient un séisme dans l’univers de la bienpensance sociale de notre pays, habitué à la planification soviétique de toute activité économique. Pensez donc, de méchants patrons qui ne seraient plus obligés à un salaire minimum pour leurs pauvres salariés, justifierait que la rue s’enflamme plus violemment qu’un jour de guerre civile afin de défendre l’oppressé ainsi un peu plus asservi au grand capital ! Mais voilà, à l’épreuve des faits, l’oppressé n’est pas celui qu’on pense, et le salaire n’aboutit qu’à une pauvreté certaine. Mais réglementée. Une pauvreté légale grâce à un salaire minimum qui ne garantit qu’une chose : Un minimum à vie.

Les Américains, ont fait un autre choix. Celui qui consiste à oser avancer qu’un salaire se mérite, non pas comme « une rente », aussi faible soit-elle, décidée par l’état et les adversaires sociaux (expression plus juste que celle de partenaires sociaux), mais comme la contrepartie d’un service rendu. Et que c’est au client de le payer. Après tout, le service est rendu non pour le « patron » mais pour le client. Dès lors, les USA ont aboli la notion de salaire minimum de 2 façons. La première, par l’absence de salaire minimum et la participation au chiffre d’affaire. La seconde par la notion de service obligatoire.

Démonstration :

Un coiffeur peut être embauché, comme salarié, mais sans salaire garanti. En revanche il peut toucher jusqu’à 50% du chiffre d’affaire qu’il réalise ! Au final, il n’est pas rare que son revenu mensuel atteigne les 4000, voire 6000$. Si vous demandez à un coiffeur Français (capilliculteur disait Desproges), il vous répondra qu’en fait de tonte, c’est plutôt lui qui y laisse ses cheveux, puisque son salaire dépasse rarement un gros smic. Soit 2 à 3 fois moins que son collègue américain. Alors, à votre avis quel est le système le plus juste et le plus protecteur ? Un salaire minimum ou la possibilité d’un salaire maximum ? Quel est le revenu qui paie le mieux les factures de fin de mois ? Quel est celui des 2 qui est à un cheveu de la pauvreté d’Etat ? Je vous laisse faire le calcul.

Sans oublier qu’il peut, ce qui est quasi criminel en France, travailler autant qu’il souhaite, et bien plus de 35h, si il souhaite faire exploser les compteurs. Pendant que nous condamnons les nôtres à la pauvreté, ils les condamnent à une réussite dont ils décident. Et c’est sans compter les « tips », les pourboires, en espèces qui plus est, qui viennent alimenter un peu plus leur revenu mensuel, en dehors de toute imposition, car c’est culturellement et fiscalement accepté. On peut souvent ajouter un petit 1000$ sans taxes à son salaire. En France, on aurait déjà pondu à l’assemblée, en séance de nuit, au moins 30 amendements pour l’interdire et les inspecteurs des impôts seraient en embuscade, cachés dans les feuillages, armés de lunettes infrarouge, pour faire le décompte des sommes échappant ainsi au racket fiscal déjà intolérable, afin de punir l’indélicat. En oubliant au passage, que cet argent « au black » vient alimenter la consommation, donc les taxes, et donc le salaire dudit fonctionnaire…

Mais bon, on va m’accuser d’incitation à la tricherie fiscale et je ne voudrais pas être attendu à l’aéroport, à mon retour, par un lecteur fiscal orthodoxe choqué par mes propos !

En second lieu, la notion de service obligatoire. Notre ami, Xavier Alberti, lançait sur LinkedIn cette semaine, le débat du pourboire obligatoire. Bonne idée ! Aux USA le pourboire est Roi. Et je suis prêt à voter pour cette monarchie sans état d’âme. En France le service est compris. Apparemment par peu de monde. Ni par les patrons restaurateurs (sauf le haut de gamme) et par une infime partie des serveurs Parisiens, pour qui un sourire ne s’offre que sous la torture. Et uniquement pour marquer la fin du service. En clair, pour l’avoir « compris », on l’a oublié ! J’aimerais d’ailleurs savoir si il est vraiment répartit entre les serveurs ? Je propose donc que l’on fasse comme aux USA. Pas ou peu de salaire minimum, une fois de plus, afin d’assurer un salaire maximal.

Cela signifie que demain, dans ce pays qui ignore la notion de service, et encore plus celle de respect du client, du fait d’une culture étatique qui a fait du client un « usager », qui doit remercier et baiser la main de celui qui daigne le servir, tout en refusant de le payer, nous nous retrouverions, mes frères les clients, avec une addition de 15% en moins (le service qui définitivement ne serait plus compris) et un sourire en plus. Une attention de chaque instant. Et la possibilité de voir le salaire du serveur déplafonné. Plus il donnera au client, plus le client lui en donnera, plus il gagnera. Un petit sondage que quelques serveurs ici à Miami, alors que nous ne sommes pas en période haute (c’est de décembre à mars que la foule afflue), me permet d’affirmer ce que ma vie aux USA m’avait déjà appris de 2005 à 2010 :

Un serveur/serveuse, peut facilement en bossant 5 à 6 jours par semaine, pendant 6 mois, se faire entre 5 et 8000$ par mois. Pendant que son confrère français, « heureux bénéficiaire d’un système de protection de branche» en bon prisonnier du dialogue social, atteint plus facilement le seuil de frustration qu’il ne franchit le seuil de pauvreté. Les serveurs français ici vous diront qu’ils ont eu la sensation de passer du larbin sous-payé, au contribuable de bon niveau, en franchissant l’atlantique. Je ne doute pas que ce soit plus dur dans le Dakota ou le centre de l’Oklahoma, où s’entassent rarement les milliardaires généreux en pourboire, mais généralement, ils gagnent « 100 fois » mieux leur vie et remercient chaque jour les syndicats et patronats américains de leur avoir offert une vie « d’esclaves d’un capitalisme touristique»…. Ils ne démarrent néanmoins pas leurs mois à découvert, comme leurs collègues français, ont 2 voitures, une maison, et ne vivent pas en 3ème couronne. Une fois de plus, le salaire minimum ne garantit qu’une pauvreté organisée, sous prétexte d’une prétendue sécurité.

Bien entendu, le système américain n’est pas parfait. Le nombre de pauvres s’accroît dangereusement et je préfère être malade en France qu’aux USA. Mais au final, celui qui travaille peut travailler à son gré et toucher le fruit de son labeur. Coiffeur ou serveur, ces jobs difficiles, car physiquement éprouvants, reçoivent au moins la compensation que permet un salaire douillet qui amortit bien des frustrations et récompense des efforts fournis. Notre client français pourrait ainsi apprendre le sens du mot service, en récompensant par un pourboire généreux, celui qui les a bien servi, et le serveur aura le sourire quand il regardera son compte en banque à la fin du mois. Son banquier aussi. C’est si beau un sourire de banquier ! La répartition de richesse reprendrait son chemin, en lieu et place d’un partage de la misère.

Comme souvent dans notre système de répartition, on partage plus souvent la misère que la richesse et il serait temps de se poser les bonnes questions. Ce qui permettrait de s’inspirer de ces pratiques pour les nouveaux services que propose l’économie digitale. Le partage de la valeur. Celui de l’opulence plutôt que celui de la pauvreté. A 

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