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Fabien di Filippo : « Les gens qui critiquent la ligne de LR me font rire car ils sont en général incapables de dire à quels points précis ils s'opposent »
©JACQUES DEMARTHON / AFP

Refondation

Plusieurs jeunes députés Les Républicains ont lancé un appel à "sauver" la droite après la défaite aux élections européennes. Pour eux, le vote LR n'incarne plus suffisamment quelque chose de clair pour nos concitoyens, notamment par rapport au travail.

Fabien Di Filippo

Fabien Di Filippo

Fabien Di Filippo est député de la Moselle et secrétaire général adjoint des Républicains.

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Atlantico : Avec d'autres jeunes députés LR, vous avez lancé un appel à "sauver" la droite après la défaite aux élections européennes. "Nous lançons un appel pour la création d'un Comité du renouvellement qui portera la voix de la nouvelle génération de la droite français",  dites-vous, avant d'appeler à rassembler « les parlementaires, les maires, les élus départementaux et régionaux, les candidats aux élections passées et à venir et les différents acteurs locaux ». Vous ajoutez que « notre socle commun, à partir duquel l'ensemble de notre projet, de nos idées et de nos propositions pour les Français découleraient, doit être celui du travail ». Pourquoi avoir lancé cette initiative ? Quels résultats en attendez-vous ?

Fabien Di Filippo : On a souhaité, tout comme le président qui a parlé de refondation, peser dans le mouvement de refondation des Républicains, en disant que l'on ne peut laisser à certains le monopole du devenir du parti. Nous ne voulons pas de monopole non plus mais nous, la jeune génération, nous avons grandi, travaillé et fondé des familles dans le contexte de la crise de 2008, nous avons une proximité avec citoyens qui ont vécu cette réalité.

Si je reviens au fond de la question. Il faut reconnaître que le vote LR n'incarne plus suffisamment quelque chose de clair pour nos concitoyens, notamment par rapport au travail. Il faut que demain quand les gens se tournent vers nous, nous incarnions un projet clair. Concernant la valeur travail, ils s'agit notamment de la différence entre la rémunération du travail et l'assistanat, nous en parlons dans la tribune. Pour des gens comme nous qui sommes élus dans des territoires "difficiles", c'est aussi l'équité territoriale. Les principaux problèmes aujourd'hui sont la fracture sociale et la fracture territoriale. On ne peut pas avoir d'un côté des territoires qui avancent toujours plus vite et d'autres qui demeurent prisonniers de leur situation ou de leur enclavement.

Vous êtes au contact des militants LR. Selon vous, quel regard portent-ils sur les faiblesses de la campagne ? Quels changements souhaitent-ils dans la stratégie des Républicains, ou dans le fonctionnement du parti ?

Nos difficultés ne sont pas liées spécifiquement à cette campagne. J'ai eu beaucoup de retours positifs, y compris de gens modérés, sur François Xavier Bellamy ; personne ne lui reprochait d'afficher des valeurs claires. Ce que nous disent les gens, c'est que lorsqu'ils allument leur télé, on leur dit qu'Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont au coude à coude. Il y a donc une volonté de nos concitoyens d'aller au bout du "match" et d'infliger une défaite à Emmanuel Macron.

Beaucoup de gens ont voté car ils ne voulaient pas l'un ou l'autre. C'est un facteur important du vote.  Chez moi, dans mon territoire du Sud mosellan, le vote aux élections européennes a penché davantage du côté du RN (20 points d'écart) et dans les grandes villes il y a plutôt un réflexe Macron. Ça me fait rire quand des gens critiquent "la ligne" de LR car ils ne savent pas dire à quels points précis ils s'opposent. Notre travail pour être crédible et audible doit être fort, car nous n'avons pas assez incarné les solutions aux problèmes des gens ; des solutions adaptées à la France dans laquelle ils vivent, et qui a beaucoup changé.
Il faut faire la distinction entre les mots du président et la politique que mène ce gouvernement. A l'automne, il faudra payer la facture des 130 milliards d'euros de déficit. Avant les européennes entre 9 et 22 mai, les retraités ont reçu un chèque du gouvernement, et ensuite on a annoncé le plan social chez General Electric, que les deux-tiers du gouvernement avait subi un redressement fiscal, la hausse des tarifs d'électricité (6 à 8 euros par mois)... On rend l'argent qu'on a pris aux Français avant les élections et on le reprend d'une autre main. Concernant les tarifs de l'électricité, il faut quand même s'accrocher pour dire que la concurrence fait augmenter les prix ! Les Français paient un prix artificiellement élevé, la hausse du pouvoir d'achat est grignotée par ces hausses de taxes jamais arrêtées. Le déficit du budget est le double de celui laissé par François Hollande ! Je veux qu'on mette la politique du gouvernement sur la table.

Erik Tégner (LR) condamne la stratégie fondée sur « l’alliance des conservateurs et des centristes, alors qu’il faudrait faire aujourd’hui une grande alliance des conservateurs et des populistes en tendant la main au Rassemblement national ». De votre point de vue personnel, "l'union des droites" est-elle inéluctable ? Ou bien la solution se trouve-t-elle ailleurs ?

Si l'on se lance dans ce travail de refondation des Républicains, c'est justement pour regagner la confiance des Français et pouvoir battre E. Macron en 2022.

Les spéculations d'alliances politiciennes me paraissent bien dérisoires et la question ne s'est jamais posée.

Aujourd'hui, on assiste à la dissipation de l'illusion Macron. Il y a eu le temps de la colère, avec le mouvement des gilets jaunes. Seul 11% du corps électoral a voté LREM aux élections européennes : c'est un échec et un rejet. Trois français sur quatre sont opposés à la politique du gouvernement. Cette colère est légitime ; le RN arrive en tête, c'est logique. Mais après le temps de la colère va venir le temps des solutions. Ce face-à-face RN/LREM est une impasse. Si les électeurs considèrent que Macron a bien fait son travail, ils voteront pour lui. S'il a échoué sur le budget, la politique migratoire, le pouvoir d'achat, ils devront choisir un autre projet. C'est à ce moment-là que les Républicains vont pouvoir réémerger dans le débat.

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