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L’Europe de la fuite en avant
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EDITORIAL

160 milliards d'euros, c'est le montant du second plan de sauvetage de la Grèce, décidé tard dans la nuit par les dirigeants de la zone euro. Les marchés sont rassurés mais dans quoi s'embarque l'Europe ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’Europe revient de loin. Elle a retrouvé un équipage muni d’une boussole pour la piloter à travers les orages de la conjoncture. Pendant des semaines, elle avait offert le triste spectacle de la cacophonie face aux coups de boutoir de plus en plus violents assénés par les marchés, au point de donner l’impression d’être au bord du gouffre.

Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, le tandem franco-allemand est enfin sorti de l’ombre, puissamment aidé par Jean Claude Trichet, le président de la banque centrale européenne. L’accord au forceps conclu à Bruxelles va bien au-delà d’un simple plan de sauvetage de la Grèce. Il apporte un nouveau matelas financier de 158 millliards d’euros, qui permettra d’allèger les annuités de remboursement des emprunts passés, mais aussi de consentir des prêts à des taux qui ne soient pas punitifs.

Le Fonds européen de stabilité financière, dispose désormais d’une enveloppe de 440 milliards d’euros qui lui permettra d’intervenir sur les marchés, de porter secours aux Etats qui en auront besoin, notamment l’Irlande et le Portugal, de racheter éventuellement de la dette et d’apparaître comme un embryon de Fonds monétaire européen en développant une politique de mutualisation de la dette.  L’idéal, qui témoignerait de son succès, serait d’avoir à s’en servir aussi peu que possible. Car tous ces moyens déployés doivent permettre de faire reculer la peur et de rétablir la confiance, avec un retour à la normale du fonctionnement des marchés. Ainsi prendrait place peu à peu un début de mutualisation de la dette avec développement d’une véritable solidarité européenne.

Des initiatives franco-allemandes

Mais, pour qu’une dynamique s’enclenche, il faut aller plus loin car les marchés resteront aux aguets pour surveiller l’exécution  du programme, qui n’est pas exempt de difficultés techniques de réalisation. C’est pourquoi Nicolas Sarkozy a annoncé des initiatives franco-allemandes avant la fin de l’été « en vue de faire un saut qualitatif dans la gouvernance de l’Europe ». En clair, le président de la République veut amorcer une véritable fuite en avant, avec le soutien actif d’Angela Merkel, consciente que l’Allemagne doit tout faire pour conserver l’euro, dont elle est le principal bénéficiaire.

La tâche n’est pas simple, car un bond en avant vers une forme de fédéralisme suppose un accord unanime de tous les Etats membres, ce qui provoquera inévitablement des retards toujours nuisibles, lorsqu’il faudra présenter certains changements aux traités devant des Parlements nationaux toujours jaloux de leurs prérogatives. Mais l’obstacle essentiel reste la nécessité de ne pas enfermer les pays endettés dans un corset d’austérité, mais bien de leur ouvrir des capacités de croissance, par une amélioration de leur compétitivité. Cela s’obtenait jadis par la dévaluation de la devise nationale, pratique désormais interdite avec la monnaie unique. Or, l’euro est déjà surévalué et la stratégie américaine de baisse du dollar ne lui laisse pas la liberté de l’usage de sa monnaie.

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