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De gigantesques camions restent garés aux abords d'une mine chilienne, le 27 décembre 2011
De gigantesques camions restent garés aux abords d'une mine chilienne, le 27 décembre 2011
©ARIEL MARINKOVIC / AFP

Risque de pénuries

La crise du Covid-19 et plus récemment la guerre en Ukraine ont provoqué de nombreux chocs, générant des difficultés d'approvisionnement de matières premières. Le manque de l'une d'entre elles pourrait avoir de lourdes conséquences au niveau mondial

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez

Alexandre Baradez, 33 ans, diplômé de l'ESCE (Paris/La Défense) en 2003 a d'abord évolué plusieurs années chez BNPPARIBAS puis la Banque ROBECO en gestion privée avant de rejoindre SAXO BANQUE en 2009 en tant que Sales Trader. Son expérience des marchés financiers et plus particulièrement du marché des devises lui confère rapidement le rôle d’Analyste Marchés. Interlocuteur privilégié des médias français, il délivre quotidiennement des analyses sur les marchés financiers, tendances, risques macro-économiques et participe régulièrement à des conférences dédiées aux investisseurs. En novembre 2013, il rejoint le groupe IG, leader mondial des CFD, côté à Londres au FTSE 250, en tant que Chief Market Analyst.

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Atlantico : Suite à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, de nombreux matières premières font face à des difficultés d'approvisionnement. Comment expliquer les difficultés actuelles en ce qui concerne le cuivre ?

Alexandre Baradez : L’ensemble des matières premières, mais aussi les céréales, sont sous tensions depuis la reprise post-covid. En ce qui concerne les métaux, cela est lié dans un premier temps à une très forte reprise mondiale. Le choc du Covid a généré des soutiens massifs de la part des États et des banques centrales, ce qui a créé un phénomène d’inflation. Cette hausse des prix couplée à une demande très forte génère les chocs auxquels nous assistons aujourd’hui. 

Un deuxième facteur explique ce phénomène, c’est le morcellement de la chaîne du cuivre. Deux tiers des réserves connues sont localisées dans cinq pays (Chili, États-Unis, Pérou, Australie, Mexique). Une fois que le cuivre est produit, il est le plus souvent exporté, souvent vers la Chine qui concentre 50% des importations mondiales. Suite aux confinements massifs, la main-d'œuvre était moins disponible. Les bateaux censés exporter le cuivre étaient coincés dans les ports chinois suite aux mesures sanitaires. Le constat est identique aux États-Unis, mais pour des raisons différentes. Vu que la demande est très forte, il faudrait pouvoir recruter davantage pour accroître les capacités de production. Mais avec un marché de l’emploi tendu, c’est assez compliqué.

En conséquence, le prix du cuivre a explosé. Fin 2019, la tonne coûtait environ 6300 dollars. En mars 2020, son prix est tombé à 4400 dollars, avant d’exploser et d’atteindre 10700 dollars en mai 2021 suite aux tensions logistiques et aux problèmes d’apprivoisement. Depuis, le cours du cuivre ne retombe pas, notamment à cause de la demande mondiale qui est énorme puisque absolument tous les acteurs ont les mêmes besoins au même moment. 

Quelles peuvent être les conséquences de ces difficultés au niveau mondial ? Peuvent-elles provoquer une inflation voire des pénuries dans certains secteurs ? 

Un véhicule électrique requiert 3 à 4 fois plus de cuivre qu'un véhicule thermique. L’industrie photovoltaïque et éolienne est également très demandeuse et ces besoins ne seront pas temporaires puisqu’ils s’inscrivent dans un cycle de transition énergétique. On peut déjà voir des pénuries ponctuelles dans certains pays. Il faut également noter qu’il y avait déjà des pénuries de semi-conducteurs dans l’automobile. Certains constructeurs se sont adaptés en remplaçant les compteurs numériques par des compteurs à aiguilles. En revanche, le cuivre n’est pas substituable. Si une usine n’a pas ce dont elle a besoin, elle ralentit la cadence avant de faire du stock et de produire à nouveau. Les risques sont donc bien réels.

Peut-on espérer une embellie dans les mois à venir ? 

Dans les mois à venir, nous risquons d’assister à un phénomène de récession généralisé. On voit bien que la croissance était négative au premier trimestre en France et aux États-Unis. Cette question de la récession sera centrale en 2022.

Alors que les effets de la guerre en Ukraine sont diffus puisqu’ils impactent le moral des consommateurs et des entreprises, il faudra certainement plusieurs mois avant de constater une embellie sur le prix des matières premières, une baisse de l’inflation et un retour du moral des consommateurs. La Chine lève ses restrictions sanitaires très lentement et si la demande diminue, cela impactera le chiffre d'affaires des entreprises. 

Je pense que nous sommes dans le gros du choc inflationniste et que nous en sortons doucement. Avec des investissements importants dans les mois à venir, nous pourrions assister à une création d'emplois et une reprise de la production. À ce moment, les prix baisseront petit à petit. 

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