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"Enfant de Bohème" de Gilles Kepel : quand la France faisait rêver
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Un récit à l’écriture précieuse - parfois trop précieuse ! De : Gilles Kepel Gallimard Parution octobre 2022 391 pages 22 euros

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

L’auteur des dix-sept livres précédents - essentiellement des essais -  s’est penché sur le passé de sa famille qui, venue de l’ancien Empire austro-hongrois au début du XXe siècle, s’est installée en France, Paris leur semblant un lieu idéal : celui où chaque jour est une fête qu’elle ait eu lieu dans les années 20 ou aujourd’hui.

POINTS FORTS

L’érudition de l’auteur en fait une odyssée qui, pour une fois, n’est pas consacrée à l’Islam mais à sa famille : parents, grands-parents, petits-enfants, chaque génération y est peinte avec la précision amoureuse d’un sexagénaire fier des siens.

QUELQUES RÉSERVES

Dans l’hypothèse où certains professeurs de français manqueraient de vocabulaire, les vingt premières pages du livre de Gilles Kepel vont faire un tabac chez les plus sadiques : entre « l’acore aux pétales jaunes », « le phragmite houppé », « l’étrange phénotype conconique », « la pentalogie, « l’idiome melliflu », « les perchis et halliers », « le grand suidé cétartiodactyle » et « la pessière », ils auront là une raison toute trouvée d’anéantir l’espoir d’étudiants jugés insuffisants. 

ENCORE UN MOT...

De Prague à Paris, de la capitale française à l’Algérie des années soixante, puis à Genève ou à Londres, les Kepel vont et viennent dans cet Occident où les guerres et les plaisirs se croisent, offrant à chaque génération ses chances comme ses épreuves.

UNE PHRASE

« Personne ne connaissait mieux les battements du cœur de Paris que cet enthousiaste silencieux et fervent qui avait prêté son oreille à l’activité spirituelle, artistique, politique et sociale avec la passion d’un collectionneur et la douceur d’un gourmet. Il [Rodolphe Kepel, grand-père de l’auteur] a saisi la vie des rues, des places, des quais, des boulevards et même des coins perdus en banlieue, des salles de concert, des expositions, des restaurants, des cafés, des cabarets, des brasseries et des dancings. » p. 174-175

[Dans un courrier retrouvé par Gilles Kepel, l’un de ses parents adresse une belle lettre à son père pour lui souhaiter son anniversaire : un texte qui tient plus d’un plaidoyer pour faire ce qui lui plaît que l’habituel Happy Birthday :]« Tu as dû remarquer que j’avais changé ces derniers temps et j’ai l’impression que je suis devenu désormais suffisamment adulte pour pouvoir t’annoncer mes plans pour l’avenir. Prends en considération, s’il te plaît, tout ce que je t’écris et réponds-moi minutieusement. J’ai deux idéaux : le théâtre et la France. Donc je dirais que je veux devenir français et acteur. Tu as dû penser que mon amour de la scène n’était qu’un caprice passager que l’on constate fréquemment chez les jeunes. Mais moi, je ne le pense pas. Je suis certain que je ressens profondément le théâtre, qu’il m’est proche, et quand je suis triste ou déprimé, il me calme et m’apaise. Je dois devenir français. J’aime la France parce que je l’ai connue et parce que j’y ai été élevé dans sa magnifique langue. » p. 334-335

L'AUTEUR

Enfant de Bohême est donc le dix-huitième livre de Gilles Kepel. Après de brillantes études universitaires, Gilles Kepel devient en 1995, directeur de recherche au CNRS, puis professeur à Sciences Po en 2001 et sera nommé en 2016 directeur de la chaire d’excellence Moyen-Orient et Méditerranée à l’université Paris Sciences et Lettres. Paru chez Gallimard en 2013, son livre Passion Arabe a reçu le Prix Pétrarque de France-Culture. Chez Gallimard encore il a publié, entre autres essais, La Fracture en 2016 et Le Prophète et la pandémie, Du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère en 2021.

Sur notre site, on peut lire une chronique sur :

Sortir du chaos, chronique de Charles Edouard Aubry 

Terreur dans l’hexagone, naissance du djihad français, chronique de Jean-Pierre Tirouflet

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