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En quoi une offre politique UMP-UDI sera-t-elle différente d'une offre 100% UMP ou 100% UDI ?
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Alliance au centre

Le triomphe de l'alliance UMP-UDI au premier tour des élections départementales pose la question de la proximité de leurs offres politiques. Ayant historiquement gouverné ensemble, les deux formations politiques partagent de nombreuses positions communes. Suffisamment pour envisager une collaboration à long terme.

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau

Pascal Perrineau est professeur des Universités à Sciences Po. Il est l'auteur de Cette France de gauche qui vote FN (Paris, Le Seuil, 2017), à paraître le 1er juin. 

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  • Historiquement, droite et centre ont toujours gouverné main dans la main.
  • UMP et UDI partagent des positions politiques, sociétales et économiques très proches.
  • Même sur les questions liées à l'immigration, certains élus UDI partagent les positions de leurs alliés UMP.
  • Leur mariage est nécessaire pour la conquête du pouvoir en 2017.

Atlantico : L'alliance UMP-UDI a largement triomphé au premier tour des élections départementales avec 27,51% des voix. Mais au-delà du coup électoral, l'offre politique de ces deux partis est-elle si proche que cela ?

Pascal Perrineau : Depuis des décennies, les deux sensibilités de la droite et du centre-droit, que sont la famille gaulliste ou néo-gaulliste et ce que l'on appelait jadis de la droite non gaulliste et du centre, ont gouverné ensemble. C'était le cas avec le RPR et l'UDF, même si à certains moments, notamment sous Raymond Barre, la cohabitation était conflictuelle. Cela s'est très bien passé sous la présidence de Jacques Chirac, mais aussi de Nicolas Sarkozy. Le projet originel de l'UMP était de fusionner ces deux sensibilités. Cela n'a pas fonctionné car les forces qui constituent l'UDI ont ressenti le besoin de sortir de l'UMP, mais cela n'a pas fait voler en éclats les proximités politiques, idéologiques, sociétales et économiques, notamment sur l'attachement au libéralisme économique contrôlé par une intervention non excessive des autorités publiques, qui existent entre l'UMP et l'UDI. Leurs principales positions sur la politique étrangère sont également similaires. Il peut y avoir des sensibilités différentes sur la construction européenne, l'immigration  ou les questions de tactiques politiques, mais ce n'est pas systématique. Au sein de l'UMP, Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet sont d'ailleurs très proches des positions de l'UDI. Il y a des différences mais elles ne se transforment pas en oppositions radicales. Si l'on regarde les résultats des votes sur les politiques économiques et sociales à l'Assemblée nationale, les députés de l'UMP et de l'UDI vont dans le même sens.

Ce qui met tout le monde d'accord, c'est que si ces deux familles veulent reconquérir les territoires qu'elles perdent de manière constante depuis 20 ans et définir une alternative qui pourrait être majoritaire en 2017, elles n'ont qu'un seul choix : l'union. C'est d'autant plus vrai qu'une troisième force menaçante, le Front National, s'impose. Le succès que l'UMP et l'UDI viennent d'enregistrer leur a permis de résister à la montée en puissance du FN en évitant les divisons que vit actuellement la gauche.

L'électorat de l'UMP se reconnaîtra-t-il dans cette alliance ?

Il suffit de regarder les dernières enquêtes pour se rendre compte que les sympathisants de l'UMP et de l'UDI sont majoritairement en faveur de l'union. Cela ne veut pas dire que ces électeurs sont des clones, mais ce qui les rassemble est plus important. Dans les institutions nationales et locales, l'UMP et l'UDI savent aisément élaborer des choix politiques communs.    

Les centristes ont tendance à éviter les sujets sensibles, comme la question de l'immigration. Ne sont-ils pas de ce point de vue trop éloignés de l'UMP ? Qu'attendent-ils de cette alliance ?

Les électeurs centristes se souviennent que dans un passé immédiat la tentative d'hyper centre lancée par François Bayrou a échoué. Ils n'ont aucune envie de sombrer dans une marginalité politique. Ils attendent de cette alliance la pérennité de leur collaboration avec la droite, comme ce qui se passait déjà au temps de Georges Pompidou ou du général De Gaulle. A aucun moment la droite de tradition gaulliste n'a gouverné seule en voulant marginaliser ses partenaires de la droite non-gaulliste et du centre.

Les électeurs centristes ont un tempérament plus européen que les électeurs de sensibilité néo-gaulliste. Ils ont globalement une sensibilité parlementaire et présidentialiste plus importante et une plus grande modération sur des sujets sensibles tels que l'immigration ou la sécurité, même s'il y a des élus UDI dans des zones du sud-est de la France qui ont des discours aussi fermes que des élus UMP. Parfois les différences passent plutôt à l'intérieur des deux partis qu'entre eux.

Les élus et cadres centristes sont nombreux et bien implantés sur le territoire. Ne vont-ils pas essayer d'imposer un rapport de force ?

Ces rapports de force sont sensibles dans la négociation en amont des candidatures et des investitures. Il y en a eu dans de nombreux départements pour les élections départementales et il y en aura aussi pour les régionales et certainement même à l'approche de la primaire de l'UMP, pour savoir si l'UDI y participera ou non.

Il y aura aussi une tentative de pression de l'UDI dans l'élaboration des projets et des programmes pour les départements, les régions, et s'il y a un programme commun, pour la présidentielle. Au plan régional et local, l'UDI a des positions fortes comme dans l'ouest, le massif central ou en Savoie. Mais au plan national, sauf pendant la parenthèse giscardiste, les centristes savent très bien que c'est toujours la famille néo-gaulliste qui a fait la course en tête et que le rapport de force ne changera pas d'ici 2017.

Les compromis porteront aussi sur la préfiguration des équilibres du pouvoir, notamment dans le cas d'une victoire à la présidentielle d'un candidat UMP. Le Premier ministre pourrait ainsi être de l'UDI. Dans le cadre des prochaines régionales, l'UDI peut prétendre être à la tête de certaines listes d'union.

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