"En attendant Godot" de Samuel Beckett : un grand texte, difficile mais magistralement servi<!-- --> | Atlantico.fr
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La pièce de théâtre est à retrouver à La Scala à Paris.
La pièce de théâtre est à retrouver à La Scala à Paris.
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La pièce de théâtre est à retrouver à La Scala à Paris. Mise en scène d'Alain Françon.

Anne-Claude  Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu pour Culture-Tops

Anne-Claude Ambroise-Rendu est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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THÈME

  • Deux vagabonds, Vladimir et Estragon, se retrouvent dans un lieu (« Route de campagne avec arbre ») à la tombée de la nuit pour attendre « Godot », dont on ne sait rien. Eux-mêmes n’en savent pas grand-chose et ne se rappellent plus vraiment pourquoi ils l’attendent - Estragon oubliant même régulièrement qu’il faut attendre -, peut-être pour être le temps d’une nuit « au chaud, au sec, le ventre plein, sur la paille. »
  • Et en attendant, ils conversent, échangeant les souvenirs décousus et dissemblables de leurs décennies de compagnonnage, se chamaillent sans conviction, menacent de se séparer, envisagent de se pendre à l’arbre, se préoccupent de leurs chaussures, de leurs chapeaux, s’ennuient. 
  • Puis passe un drôle de couple : Pozzo et son domestique Lucky, attaché et mené au fouet.

POINTS FORTS

  • Le texte de Beckett, ses situations et ses dialogues absurdes, et puis tout compte fait pas si absurdes que cela… la poésie des mots qui semblent tout neuf, dans l’éclat dur de leur sens originel. 
  • L’immense talent des comédiens Gilles Privat et André Marcon qui, dans leurs costumes poussiéreux et loqueteux, portent toute la dérision du monde avec une grâce parfaite et drôle. Leur phrasé, leur diction, leurs gestes, la souplesse de leurs déplacements dans l’espace de la scène, tout concourt à la fluidité de la mise en scène d’Alain Françon, qui donne au texte un rythme et une tonalité rarement entendus.
  • Le décor est en harmonie avec le dépouillement du texte : un rocher où s’asseoir, un arbre où se pendre, un velum sur lequel le soleil se couche et la lune se lève, un monde entier de solitude et de grisaille, mais un monde.

QUELQUES RÉSERVES

  • On les attend encore …

ENCORE UN MOT...

  • Beckett cisèle une langue simple, élémentaire, dépouillée et réduite à l’os de l’expression, dont chaque mot pèse d’un poids nouveau, résonne d’une sonorité inusitée et ouvre sous les pas des spectateurs des gouffres de sens et d’interrogations. 
  • Sans caractère psychologique, sans intrigue et sans dénouement, il bouscule la confiance que nous pouvons avoir dans la communication par le dialogue. Sa drôlerie est sarcastique et cruelle, amère certes, mais sans aigreur. 
  • Il y a juste assez d’espace et de liberté dans cette mise en scène pour laisser au spectateur le choix de ne pas désespérer.

UNE PHRASE

Vladimir : « Si on se repentait ?
Estragon :  De quoi ?
Vladimir : « Eh bien ... On n'aurait pas besoin d'entrer dans les détails.
Estragon : … D'être nés ? »

L'AUTEUR

  • Créée en janvier 1953 dans une mise en scène de Roger Blin qui jouait le rôle de Pozzo, En attendant Godot est classé dans la catégorie « théâtre de l’absurde ». 
  • Cette terminologie, récusée par Beckett lui-même, rend compte tout de même de ce que fut la réponse théâtrale à la question que tous les artistes se posaient au lendemain de la guerre : comment continuer à créer après la Shoah, et pour quoi faire ?

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