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Dis-moi si tu es un homme ou une femme et je te dirai quel est ton degré d’adhésion à Emmanuel Macron
©Filckr

Différence des genres

Au cours de ces dernières semaines, plusieurs sondages ont pu révéler un écart de popularité du chef de l'Etat français selon le sexe. Ces chiffres et certaines données peuvent indiquer un soutien plus réservé à l’action de l’exécutif chez les femmes.

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan

Erwan Lestrohan est directeur d'études à l'Institut BVA.

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Atlantico : Au cours de ces dernières semaines, plusieurs sondages ont pu révéler un écart de popularité d'Emmanuel Macron selon le sexe. Ainsi, le sondage BVA publié ce 4 mai, Seules 11% femmes considéraient que la politique réalisée par Emmanuel Macron leur était favorable, contre 18% des hommes. Comment expliquer un tel écart selon le sexe ? 

Erwan Lestrohan En effet, ces chiffres et certaines données peuvent indiquer un soutien plus réservé à l’action de l’exécutif chez les femmes. Pour autant, ce résultat doit être considéré avec précaution car il doit être entendu à l’aune de précisions sur la composition des populations féminines et masculines. Les résultats de notre suivi barométrique de la popularité du couple exécutif indiquent notamment que le Président est moins nettement soutenu par les populations potentiellement plus « fragiles » face au contexte de crise économique et sociale et de chômage important. En effet, si 57% des cadres, 58% des membres de foyers à hauts revenus et 49% des diplômés de l’enseignement supérieur déclarent qu’ils ont une bonne opinion d’Emmanuel Macron, les chiffres sont moins élevés chez les Français vivant au sein de foyers à bas revenus (31%), chez ceux dont le niveau d’études est inférieur au Bac (29%) ou chez les employés et ouvriers (36%).

Dans le même temps, il faut considérer le poids de certaines inégalités de genre et préciser que la population féminine, et notamment la population féminine la plus âgée, compte proportionnellement plus d’employées que de cadres, plus de bas revenus que de hauts revenus et plus de peu-diplômées que de diplômées de l’enseignement supérieur que dans la population masculine. Ainsi, si les jugements à l’égard d’Emmanuel Macron sont plus réservés chez les femmes que chez les hommes, on ne peut en déduire directement une plus grande adéquation du « Macronisme » avec la population masculine et il faut souligner que cette plus grande réserve peut aussi être reliée à une surreprésentation dans la population féminine de profils plus potentiellement fragilisés par le contexte économique et plus réservés à l’égard d’Emmanuel Macron.

Quel est le marqueur le plus fort de la polarisation de l'électorat d'Emmanuel Macron ? Du niveau de revenus en passant par l'âge ou l'appartenance politique, Emmanuel Macron provoque-t-il un clivage plus sociologique que politique ? 

Dans la mesure où la désignation d’Emmanuel Macron s’est construite en préemptant un espace politique inédit, le profil sociologique de ses soutiens est nécessairement instructif. Aujourd’hui, après 1 an de présidence, on observe plusieurs éléments de profils notables. Tout d’abord, ses soutiens principaux sont désormais les cadres. C’est auprès de ceux-ci qu’il dispose de la plus forte cote de « bonnes opinions » et celle-ci est restée assez stable, passant de 59% en mai 2017 à 57% en avril 2018. A l’inverse, la popularité du chef de l’Etat a perdu 26 points en 1 an chez les retraités (de 73% à 47%) qui étaient ses premiers soutiens au moment de sa désignation. Enfin, elle s’est ancrée à un niveau assez bas chez les employés et ouvriers (36% en avril 2018). En termes de niveaux de revenus, au moment de son élection, Emmanuel Macron disposait d’une popularité quasi-équivalente qu’on se situe du côté des Français vivant au sein de foyers dont les revenus mensuels étaient inférieurs à 1500 euros (65% de bonnes opinions) ou chez ceux dont les revenus mensuels du foyer excédaient 3500€ (69%). Aujourd’hui les opinions ont évolué de façon divergente : Emmanuel Macron reste majoritairement soutenu par les membres de foyers à hauts revenus (58%) alors que les membres de foyers à bas revenus expriment un score bien plus limité de bonnes opinions (31%).

Le profil politique des soutiens est aujourd’hui également assez clivé. La popularité du chef de l’Etat reste très élevée auprès des sympathisants LREM (93%) et elle demeure majoritaire chez les sympathisants LR (de 69% en mai 2017 à 54% en avril 2018). En revanche, elle a atteint des niveaux très bas chez les sympathisants FN (de 37% à 12%) et La France Insoumise (de 23% à 6%) et elle a surtout perdu 57 points en 1 an auprès des sympathisants socialistes, de 88% de bonnes opinions en mai 2017 à 31% en avril 2018.

Faut-il y voir une nouveauté dans la vie politique française ? 

Ce profil assez typé sociologiquement des soutiens dans l’opinion ressortait probablement moins nettement de l’analyse de la popularité de François Hollande tant celle-ci s’était confinée, au fur et à mesure du quinquennat, autour du noyau dur des sympathisants socialistes « légitimistes ». Les soutiens des moins de 35 ans, des cadres et des Franciliens, particulièrement marqués au cours de la campagne présidentielle 2012 s’étaient amenuisés entre 2012 et 2017. Sans remonter à des prédécesseurs plus anciens, il est important de souligner que Nicolas Sarkozy aura conservé significativement, jusqu’à l’issue de son quinquennat, le soutien des indépendants, des retraités et des membres de foyers à hauts revenus. En effet, la popularité du chef de l’Etat, en mars 2012 s’élevait encore à 53% chez les indépendants, à 51% chez les 65 ans et plus et à 41% chez les personnes visant dans des foyers dont les revenus mensuels étaient supérieurs à 3000€.

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