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Dérèglement climatique : pourquoi les militants pour l’environnement risquent de plus en plus d’employer des actions illégales
©Tolga AKMEN / AFP

Cela va chauffer

Si elle n'est pas nouvelle, la radicalisation des mouvements écologistes s'amplifie et s'organise.

Eddy  Fougier

Eddy Fougier

Eddy Fougier est politologue, consultant et conférencier. Il est le fondateur de L'Observatoire du Positif.  Il est chargé d’enseignement à Sciences Po Aix-en-Provence, à Audencia Business School (Nantes) et à l’Institut supérieur de formation au journalisme (ISFJ, Paris).

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Atlantico : Depuis quelques années, les manifestations en lien avec le climat, dont la plupart sont pacifique, ont connu de plus en plus d’épisodes de violence. Faut-il s’attendre à ce que l’action même des militants écologistes se tourne de plus en plus vers des actions violentes ?

Eddy Fougier : Depuis octobre-novembre dernier, un mouvement, Extinction Rebellion, a décidé de mettre en place des actions de désobéissance civile au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Des ouvrages revendiquent directement des actions concrètes, jugées non violentes du point de vue des activistes, au nom de la même cause. Cela n’est donc pas surprenant qu’une escalade soit à envisager fortement. 

La thématique du changement climatique est un sujet désormais très sensible notamment chez les jeunes qui peuvent devenir de potentiels activistes, qui prennent à bras le corps ce combat avec d’autres, notamment la cause animaliste ou anti-nucléaire. 

Quelles sont les raisons de cette radicalisation de certains mouvements écologistes ?

Il y a toujours eu des ailes radicales dans les mouvements anti-système, notamment anti-capitalistes. Ils veulent le renverser ou le mettre en cause. Il y aura toujours des jeunes rebelles qui veulent sortir du système dominant. 

Ensuite, il faut voir que nombre de militants désespèrent de voir les choses bouger. Du côté des militants écologistes, des concepts de catastrophisme éclairé sont souvent mis en avant, pen espérant que le fait que le chiffon rouge de la catastrophe soit agité amène les citoyens et les gouvernements à bouger. Cependant, certains trouvent que cela ne bouge pas assez. Deux options s’offrent à eux : celle des collapsologues qui considèrent que c’est déjà fichu et que l’effondrement est inévitable. Dans ce cas, il faut juste sauver ce qui peut l’être. Cette posture est défaitiste et apolitique car elle ne croit plus qu’on soit capable de mener un changement. L’autre attitude consiste à vouloir faire bouger les choses sans attendre que les politiques, Nicolas Hulot par exemple, fasse avancer la cause. D’où cette volonté de recourir à ce que les activistes appellent des actions directes. 

La pression climatique leur ferait considérer qu’il faut utiliser la violence pour faire bouger les choses. Un parcours en la matière est assez éclairant : un militant d’extrême-gauche, adepte de la cause écologiste radicale, Ravachol, est parti il y a quelques années combattre au Kurdistan au côté des YPG contre le régime syrien notamment. Il est aujourd’hui revenu en France avec une réelle expérience du terrain. Ce genre de passerelles entre des causes différentes peuvent-elles accréditer l’idée d’une forme de schéma de radicalisation écologiste ? 

Cela dépend de ce qu’on appelle l’action violente. L’action violente au sens terroriste du terme vise expressément à tuer ou blesser des individus. On n’est pas dans ce cas de figure, et il n’est pas évident qu’on aboutisse à ce genre de dérives. Cela sera isolé si c’est le cas. En revanche, des violences plus stratégiques - sabotage, blocage etc - sont déjà fortement utilisées. Ce genre d’actions aboutissent à des violences physiques, mais généralement par accident. On le voit par exemple dans la dégradation de pylônes Enedys à propos du compteur Lynkis, des incendies de lieux scientifiques symboliques comme à Grenoble, des actions contre les postes de police, ou des médias visés… Tout cela se développe. Mais ce n’est pas du terrorisme !

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