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De Steve Jobs à Elon Musk, comment la révolution digitale a été initiée par quelques génies... spécialistes de l'échec
©Reuters

Bonnes feuilles

Alors que la révolution digitale ne fait que commencer, les entreprises traditionnelles et les institutions publiques paraissent n'avoir qu'une vague compréhension des bouleversements qu'elles vont devoir amorcer pour rester compétitives. Beaucoup envisagent à tort cette métamorphose comme une adaptation progressive et douce. Or, les règles ont radicalement changé. Extrait de "Transformation digitale : l'avènement des plateformes" de Gilles Babinet, aux Editions Le Passeur (2/2).

Gilles Babinet

Gilles Babinet

Gilles Babinet est entrepreneur, co-président du Conseil national du numérique et conseiller à l’Institut Montaigne sur les questions numériques. Son dernier ouvrage est « Refonder les politiques publiques avec le numérique » . 



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Ainsi, rencontrer les entrepreneurs les plus emblématiques de cette révolution digitale représente une expérience particulière, tant ils diffèrent de ce que l’on imagine : ce ne sont pas systématiquement des grands communicants, ni des individus dont le génie est si saillant que l’on ne doute pas un instant de leur expertise.

Bien au contraire, ce sont parfois des personnages étranges, timides ou peu sûrs d’eux, parfois mal à l’aise en société. Leur parcours scolaire fut, plus souvent que l’on ne le pense, particulièrement chaotique. Ce qui frappe généralement, c’est qu’ils sont, sur un champ particulier, d’un niveau d’expertise unique ; en contact avec l’ensemble des acteurs qui comptent dans leur discipline, au courant des plus récentes innovations les concernant et généralement assez disposés à partager ce qu’ils savent.

Leurs parcours révèlent souvent des points communs. D’Elon Musk à Steve Jobs, en passant par les fondateurs de nombreuses autres start-up, ce sont des individus qui, parce qu’ils se sont retrouvés en situation d’échec, ont inventé des stratégies alternatives. Parce qu’ils ne comprenaient pas le monde qui leur était proposé, ils ont tenté de faire différemment.

Elon Musk a failli se faire démettre à deux reprises de la direction générale d’entreprises qu’il avait cofondées, en grande partie en raison de désaccords sur le modèle de développement qu’il souhaitait initier. Être confronté à l’adversité induit souvent des stratégies alternatives en rupture avec la pensée convenue. Cette situation pousse à concevoir l’échec non plus comme une fin en soi, mais comme un moyen d’accumuler des connaissances – d’une certaine façon, des données – sur ce qui ne marche pas, réduisant ainsi le champ d’expérimentation. Thomas Edison avait coutume de dire, lorsqu’on lui demandait de raconter son invention de l’ampoule électrique : « J’ai fait 10 000 prototypes ; ce n’étaient pas des échecs. J’ai simplement trouvé 10 000 manières de faire une ampoule qui ne marchait pas. » Il démontrait ainsi que l’échec est une notion intrinsèquement liée à la réussite.

La capacité à fédérer un petit groupe de fidèles sur un thème particulier reste un point déterminant. Dans le cas de Facebook, il ne faut jamais oublier que Mark Zuckerberg n’était pas programmeur, mais psychologue de formation. C’est cette compétence qu’il a confrontée avec les visions de designers, de codeurs, de statisticiens, qui, ensemble, disposaient de l’expertise permettant de développer un réseau social d’un genre totalement nouveau.

Ces capacités à réfléchir de façon orthogonale, à s’ouvrir largement sur une communauté d’expertises diverses caractérisent la génération millénium. Cependant, elles ne sont pas reconnues comme essentielles par notre modèle finissant de société. Elles ne sont pas particulièrement encouragées au sein du système éducatif, et encore moins dans le secteur productif.

En réalité, cette génération a commencé à se créer sa culture – une culture encore underground. Une culture qui, d’après Michel Serres, voit la compétence comme seule vraie légitimité : on pourrait presque la qualifier d’« expérientielle ». Une culture faite de partage et d’association d’idées, souvent issues d’univers différents. Aux États-Unis, il est symptomatique de voir que les jeunes générations plébiscitent le lanceur d’alerte Edward Snowden, tandis que les générations plus âgées le voient comme un traître à la nation1. Pour les uns, il est le symbole de la transparence qui vient et pour les autres, un irresponsable qui, en remettant en cause le fonctionnement des institutions, met en situation de faiblesse un modèle intangible.

Extrait de "Transformation digitale : l'avènement des plateformes" de Gilles Babinet, aux Editions Le Passeur - Editeur

Date de sortie : 1er décembre

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