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Skate, rap : ces cultures jeunes qui vieillissent... et perdurent !
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Papi cool

NTM et David Guetta encore adulés par les jeunes à plus de 40 ans, la culture skate qui s'expose à Paris, le rap qui ne cesse de vendre des disques... Mais quelle est donc la recette du succès de ces cultures ados qui survivent à leur génération ?

Pierre De Beauvillé

Pierre De Beauvillé

Pierre de Beauvillé est consultant éditorial, auteur et essayiste. Il a publié le Guide des cultures ados à l'usage des adultes (Dangles, mai 2011).

 

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Atlantico : Les cultures adolescentes ont-elles toujours existé ?

Pierre de Beauvillé : Il y a toujours eu des pratiques culturelles jeunes, mais la notion commerciale et culturelle de la jeunesse est née avec l’émergence de la jeunesse comme catégorie sociologique et marketing, dans les années 1950 et 1960 : on a pris conscience des besoins et des envies propres des jeunes, en les considérant comme de véritables consommateurs.


Comment vieillissent ces cultures ?

On assiste souvent à des phénomènes de "revival", comme le retour des années 1950 au cours des années 1980, avec des groupes comme les Forbans. C'est cyclique : une fois entrée dans la vie active, une génération opère un retour en arrière nostalgique.

S'ils occupent des postes de responsabilité dans la culture, ils peuvent favoriser des groupes leur rappelant leur jeunesse. A titre d'exemple, ma génération a grandi dans les années 1980 avec Casimir : cela explique la recrudescence de "soirées Casimir" des années 2000. Mais le phénomène reste souvent cloisonné au niveau des générations : les trentenaires s'amusent entre eux, mais ne pensent pas à transmettre ces références culturelles aux jeunes actuels, qui en ont d'autres.


Comment expliquer que certaines cultures survivent à leur génération ?

Il faut faire la différence entre les simples effets de mode éphémères, comme la Tektonik, et les cultures jeunes riches et intéressantes faites pour durer, comme la culture skate ou des jeux-vidéos. Un jeune skateur d'il y a vingt ans ne skate peut-être plus aujourd'hui, mais il a initié son fils, qui trouve ça cool. Et s'il travaille par exemple dans le monde de la culture, il peut décider d'y consacrer une exposition comme celle de la Gaîté Lyrique, par exemple.

Pour survivre, le phénomène doit reposer sur des fondamentaux puissants, un marketing efficace et une capacité de renouvellement permanent. Si l'un des trois éléments fait défaut, cela restera un simple effet de mode, un buzz marketing.

Par exemple, malgré la récupération commerciale, le rap repose toujours sur un ressort sociologique fort : le discours de révolte, qui a émergé des ghettos mais parle aujourd'hui à tout le monde. Le succès de la littérature de vampires s'appuie pour sa part allégoriquement sur un ressort psychologique profond chez les adolescents : les sentiments de crainte et d’espoir envers les rapports sexuels.


Les cultures jeunes qui survivent ne sont-elles pas inévitablement "récupérées" par le système ?

Si. Mais une culture ado doit-elle forcément rester rebelle ? Certes, le rock de papa n'existe plus en tant que tel. Mais si cette musique plaît à des jeunes quarante ans plus tard, c'est parce qu'elle a su se renouveler et se métisser. Ce n'est pas le cas de la disco, qui n'a duré que quelques années, et a été remplacée par la techno, qui arrive à durer grâce au dynamisme de ses différents courants et à l'incorporation des nouvelles générations.

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