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Covid-19 : faut-il que les parents se testent lorsque leurs enfants ont (peut-être juste) un rhume ?
©EZRA SHAW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Inquiétudes face à la pandémie

Alors que les cas de rhumes vont se multiplier, beaucoup de questions se posent face à l'épidémie de coronavirus. Faut-il que les parents se testent en cas de petite maladie de leur enfant (rhume, grippe, maux de gorge, toux, fièvres) ? Doivent-ils faire tester les enfants ?

Faut-il que les parents se testent en cas de petite maladie de leur enfant (rhume, grippe, maux de gorge, toux, fièvres) ? Doivent-ils faire tester les enfants ?

Dr Raïssa Brulé-Pépin : A l’approche de l’hiver, comme le spécifie très bien l’article, les infections virales se multiplient chez l’enfant et de nombreux virus respiratoires circulent. Pour le coronavirus, on sait actuellement que les enfants sont moins atteints que les adultes (environ dix fois moins) et font 1000 fois moins de formes graves (on entend par forme grave les formes hospitalisées en réanimation). 

L’étude de Fontanet (avril 2020), concernant le lycée de Crépy en Valois où un enseignant est décédé début février a montré qu’après tests sérologiques chez 661 sujets, seuls 1% des sujets positifs avaient moins de 14 ans. 

Plusieurs études par ailleurs, en Islande, en Allemagne, en France aux Etats Unis et en Chine sont concordantes et montrent que le pourcentage de prélèvements positifs par rapport au nombre de prélèvements réalisés augmentent avec l’âge, en particulier après 10 ans.

Une autre étude de Levy (Etats Unis) à paraitre, montre que quelque soit le stade épidémique et l’indication (contact avec un malade ou forme symptomatique), la PCR est moins souvent positive chez l’enfant que chez l’adulte.

Se jeter sur un test PCR dès le premier nez qui coule parait donc abusif à la lumière de ces études. En particulier chez les plus petits (moins de six ans), il semble raisonnable d’attendre et de ne pas tester d’emblée. Après 6 ans, les autres virus respiratoires étant plus rares, on testera plus facilement, en particulier en cas de fièvre, si bien sûr aucune autre étiologie n’est retrouvée à l’examen clinique.

En ce qui concerne le fait de tester les parents, là aussi plusieurs études sont disponibles et tendent à prouver que la transmission enfant-adulte est faible (mais non nulle), tout comme la transmission enfant-enfant. Le risque de transmission indirecte est probablement plus important (objets ou transmission adulte accompagnant-enfant dans les écoles en particulier).

Si l’on considère la contamination dans les familles, plusieurs études ont montré non seulement qu’en cas de cas index adulte ou adolescent dans une famille, les plus jeunes sont moins atteints, mais également que lorsqu’un cas de COVID survient dans une famille, les enfants sont rarement le cas index (étude suisse).

Faut-il mettre en quarantaine un enfant soupçonné d'être infecté ?

Si l’on considère la faible contagiosité évoquée plus haut et la transmission enfant-enfant et enfant-adulte faible, il n’y a pas lieu d’isoler tous les enfants en cas de simple suspicion. En cas de confirmation diagnostique, la prudence invite un isolement de 7 jours, comme pour les adultes. Comme chez l’adulte, la PCR peut rester positive longtemps mais différentes études montrent que la contagiosité diminue rapidement après le 8° jour (délai correspondant à l’apparition des anticorps neutralisants). 

Pour mieux protéger les enfants, est-ce qu’il vaut mieux que tous les enfants portent le masque et respectent les distanciations ?

La seule raison pour laquelle on pourrait préconiser le port du masque chez tous les enfants serait qu’ils soient plus contagieux ou plus en danger que les adultes. Hors, toutes les études montrent le contraire. On pourrait se poser la question également d’une éventuelle charge virale plus élevée chez les enfants. Deux études, allemande et suisse, montrent qu’elle est comparable à l’adulte lorsque la PCR est positive. Il n’y a donc pas lieu d’imposer le port du masque aux enfants. La distanciation est souvent très mal vécue par les plus petits qui rappelons le, ne se contaminent quasi jamais entre eux et ne contaminent pas les adultes. 

Par rapport à la question d’un éventuel portage chronique sans signe clinique, une étude américaine a montré que les enfants sont moins porteurs sains que les adultes (33 000 enfants hospitalisés non COVID ont été testés).

Une des hypothèses expliquant la moindre contamination et le portage moindre est que l’expression des récepteurs cellulaires du SARS COV-2 sur les cellules (ACE 2) serait moindre sur les muqueuses de l’enfant. D’autres hypothèses, concernant l’immunité inné et l’immunité acquise grâce aux autres coronavirus, sont en cours d’étude.

On sera donc plus délétère sur le plan psychosocial en imposant une distanciation et un port du masque chez les plus petits, qui ont déjà beaucoup souffert du confinement.

Le maintient des gestes barrières reste essentiel chez les grands enfants (il semble y avoir un seuil à l’âge de 10 ans dans les différentes études) et les adultes.

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