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Une fresque rend hommage aux soignants à New York.
Une fresque rend hommage aux soignants à New York.
©Noam Galai / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le bon côté des choses

La crise sanitaire qui frappe le monde depuis plus d'un an a des effets désastreux, mais a aussi permis de développer de nouvelles façon de coopérer à travers le monde.

Yannick Blanc

Yannick Blanc

Yannick Blanc est le président de Futuribles International.

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Nous avons pris la pleine mesure de notre infrastructure numérique

La crise sanitaire et le confinement a produit un effet d’apprentissage qui aura un impact majeur sur la dynamique numérique. Depuis 30 ans, la dynamique des outils numériques a été pilotée par l'offre et les industriels (les Gafam principalement). La pandémie arrive à un moment où il y a un double mouvement qui va modifier cette dynamique. D'une part, l'émergence de la volonté politique des Etats-Unis et de l'Union européenne de réguler le système avec des législations pour rééquilibrer le pouvoir des Gafam. D'autre part, c'est l'apprentissage des usagers, un phénomène amplifié par la crise sanitaire. Dans le développement à venir des technologies numériques, le rôle des usagers et l'effet de retour des usagers va être massif. On le voit avec le développement des outils collaboratifs : Zoom, Slack, etc. Il y a eu une énorme accélération cette année de l'évolution de ces outils parce qu'il y a un retour massif de la part des usagers qui font part de leurs demandes d’amélioration en fonction de leurs besoins. On peut penser que ça peut avoir des conséquences fortes sur l'organisation du travail, les entreprises, les rapports sociaux, la nature des relations hiérarchiques dans les organisations. 

Ces dernières années, on s'est beaucoup interrogé sur la suppression des emplois par le développement de la robotique et de l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, on va devoir s'interroger sur la dissolution de l'emploi dans les nouvelles activités et dans les nouveaux modes de vie. On s'est collectivement approprié l'outil de travail et on a domestiqué notre façon de travailler alors qu'elle était depuis le XIXe siècle placée sous la discipline collective de l'entreprise (règlement intérieur, rapports sociaux codés…). Là, il y a un changement qui était déjà amorcé mais qui a été extraordinairement accéléré par la crise. Ça nous oblige à écrire de nouveaux scénarios d'évolution du travail. 

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Nous avons réalisé l'importance des initiatives locales

Le mode de décision du président et sa gestion de la crise, avec son conseil de défense, peut être qualifié de militaire et de paternaliste. Emmanuel Macron est passé à côté de quelque chose d'essentiel, c'est qu'une part très importante de l'efficacité de la réponse à la pandémie repose sur la capacité d'initiative des gens au niveau local. Beaucoup de solutions aux conséquences de la pandémie (aide aux personnes âgées, portage des repas, aide aux étudiants précaires et autres actions de solidarité…) ont été apportées au niveau local. Souvenez-vous aussi quand on a manqué de respirateurs, de la mobilisation des Fab lab pour fabriquer des prototypes, des masques de plongée de chez Décathlon convertis en masque de réanimation…

 La capacité d'improvisation et d'initiative repose sur des acteurs locaux, des élus, des associations, des entreprises… A aucun moment le gouvernement n'a été capable de s'appuyer sur cette ressource. Autrement dit, on a adopté une stratégie militaire mais on est passé à côté de la levée en masse. Heureusement, chez de nombreux élus locaux et responsables de service de collectivité territoriale, la crise sanitaire a provoqué un très profond changement de conception de l'action collective. Ils ont pris la mesure des ressources dont ils disposaient "à portée de main" grâce à la capacité d'engagement et de coopération des gens. La politique nationale ne s'y est pas intéressée, gare à la fracture.

Nous avons su développer rapidement des vaccins grâce à la coopération internationale

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La coopération en temps réel entre les savants du monde entier a effectivement bien fonctionné. Même si ce n'est pas totalement nouveau. Ça remonte au XVIIe siècle, c'est le principe même des sociétés savantes. On peut faire un parallèle un peu osé entre les vaccins contre le Covid et la bombe atomique. Au départ, le progrès de la connaissance est le fruit de la coopération internationale entre les scientifiques. Jusqu’en 1940, les physiciens et chimistes publiaient leurs découvertes dans les revues scientifiques. La première observation d'une fission d'atome d'uranium date de 1940, dans un laboratoire de Princeton. C'est à partir de 1941 seulement que les Américains ont ordonné l'arrêt des publications des travaux car ça devenait un enjeu de défense nationale. Comme pour le vaccin, si la bombe atomique a pu être construite en quatre ans, c'est grâce aux investissements massifs des américains. Le vaccin contre le Covid-19 est le fruit du travail des chercheurs sur le décryptage du génome et des investissements financiers massifs, sans qui la mise au point n'aura pas été aussi rapide. 

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