Covid-19 : petites leçons d’une contamination aux toilettes à… 40 minutes d’intervalle <!-- --> | Atlantico.fr
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Une dose de vaccin contre la Covid-19.
Une dose de vaccin contre la Covid-19.
©JOEL SAGET / AFP

Espaces clos et exigus

Selon une étude scientifique, une preuve de transmission aérienne du SAR-COV-2 entre deux personnes ayant visité la même salle de bain à 40 minutes d'intervalle a été confirmée. La salle de bain était mal ventilée en raison d'un mauvais fonctionnement de l'évacuation d'air. Quels sont les enseignements de cette étude sur les risques de contaminations dans les espaces clos ?

Michaël Rochoy

Michaël Rochoy

Michaël Rochoy est médecin généraliste. Il s'intéresse particulièrement au Covid-19 chez les enfants. Il est membre du Collectif Du Côté de la Science et cofondateur du collectif Stop postillons.

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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?

Michaël Rochoy : C’est une étude qui date d’aout 2020 dans un service d’hématologie, probablement avec des patients qui sont immunodéprimés donc un peu plus à risque. Cela montre une transmission relativement classique : un patient qui a pu transmettre à d’autres personnes notamment aux gardiens de la chambre ainsi qu’à certaines de celles qui ont partagé la même chambre à un moment donné. Mais ce que ça montre aussi, et c’est là l’originalité de cette étude, c’est un patient qui, visiblement, n’a pas été en contact avec un autre mais lui a quand même transmis le virus. La seule explication des auteurs est que la contamination a eu lieu dans une salle de bain où ils se sont rendus à 40 minutes d’intervalle. Le premier s’est lavé, etc. et 40 minutes plus tard le second est venu se laver les dents et c’est à cette occasion qu’il aurait contracté le Covid. La porte, ouverte, entre la salle de bain et la chambre de patients a également entrainé des contaminations.

C’est donc un argument supplémentaire de ce qu’on savait déjà, à savoir la transmission par aérosol du virus. Les auteurs estiment que c’est soit cela, soit un cas rare de manuportage, c’est-à-dire de transmission par surfaces contaminées. C’est ce qui fait que ce papier est intéressant un an après. Car une transmission longtemps après (40 minutes) est un peu étonnante.

Cela montre aussi qu’en août 2020, avec la souche ancienne du coronavirus, pas encore le variant anglais ou delta, on pouvait être contaminé dans ces conditions. C’est encore plus vrai aujourd’hui. Quand on voit qu’en France les bars et restaurants en intérieur ont rouvert, c’est une situation à risque et on le sait. Donc quand le ministre de la Santé met en garde, il a raison, mais en même temps, que faisons-nous pour l’éviter ?

Le fait que ce soit une salle de bain, donc humide et exiguë, pourrait expliquer en partie ce cas ? Les espaces clos et exigus comme des voitures ou des cages d’ascenseur sont-ils de manière générale plus contaminants ?

Oui. Le fait que cela soit humide fait que les particules restent plus longtemps en suspension dans l’air. Cela invite aussi à repenser le système de ventilation car les auteurs indiquent des anomalies de fonctionnement. Cela rejoint un appel lancé dans Science il y a quelques mois concernant la ventilation des bâtiments pour lutter contre la transmission du virus par aérosol. Cela indique aussi que les toilettes publiques peuvent être des lieux de contamination, par exemple dans les hôpitaux. On peut imaginer que souvent les gens retirent leurs masques quand ils sont aux toilettes. Lorsque l’on tire la chasse d’eau il y a probablement un peu d’aérosolisation qui se fait et faire recirculer les particules virales en suspension. Cela invite à toujours penser à la ventilation quand on rentre dans une pièce, même si on est seuls quand on y pénètre, si des gens y circulent.

C’est aussi dans ce cadre que l’on peut évoquer les détecteurs de CO2. S’il y a beaucoup de gaz dans une pièce alors cela signifie que si quelqu’un de contaminé est venu avant, il a aussi expulsé beaucoup de particules potentiellement infectieuses. Si le taux est faible, il y a peu de risques. On peut imaginer que dans cette salle de bain, si le patient qui s’est fait contaminer avait utilisé un capteur de CO2, il aurait constaté un taux relativement élevé. Un peu comme quand on rentre dans une pièce peu ventilée et qu’une forte odeur se dégage. Les exemples que vous prenez sont les bons. Les risques de contamination sont plus élevés dans les endroits exigus.

Que faire pour limiter les risques dans ces lieux exigus ?

Tout d’abord, il faut être soucieux de l’incidence dans la zone où l’on se trouve. Une incidence faible entraine naturellement moins de risques. Et il faut d’abord que les réponses soient globales et non individuelles. Il y a aussi des options individuelles : ventiler autant que possible, aérer, purifier l’air quand on ne peut faire autrement, avec des filtres Hepa. On peut aussi utiliser des capteurs de CO2, comme je l’expliquais. Il faut aussi porter le masque autant que possible, etc.

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