Covid-19 : 7 questions essentielles sur les traitements anti-viraux<!-- --> | Atlantico.fr
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Un médecin montre des anti-viraux utilisés dans le cadre du traitement contre la Covid-19.
Un médecin montre des anti-viraux utilisés dans le cadre du traitement contre la Covid-19.
©GERARD JULIEN / AFP

Et sur le front des médicaments ?

Alors que les vaccins ont réduit les cas graves de Covid-19, les médecins ont peu d'options de traitement pour les personnes infectées. Les antiviraux peuvent néanmoins empêcher le virus de se répliquer. Plusieurs études sont menées actuellement sur les traitements anti-viraux contre la Covid-19.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Comment les antiviraux fonctionnent-ils ?

Antoine Flahault : Les antiviraux sont des médicaments qui peuvent empêcher virus d’entrer dans les cellules qu’ils essaient d’infecter, en ciblant le récepteur ACE2 qui est la serrure présente sur nos cellules par laquelle le virus cherche à rentrer pour pouvoir s’y répliquer. Les antiviraux peuvent aussi empêcher la fusion des membranes cellulaires et virales ou encore s’attaquer directement aux mécanismes de réplication du virus dans nos cellules (en inhibant des enzymes liées à la réplication).

Quand devrait-on les prendre?

Comme la réplication virale est particulièrement intense en phase d’invasion virale, c’est-à-dire au début de l’infection, les traitements antiviraux doivent souvent être administrés tôt dans le cours de l’infection, avant que les réactions inflammatoires et immunitaires se développent dans l’organisme.
Après, une fois l’infection installée dans l’organisme, ce seront souvent d’autres types de traitements qui seront utilisés, pas tant des antiviraux mais plutôt des anti-inflammatoires, ou encore des anticorps monoclonaux dirigés contre les protéines du virus ou de l’inflammation provoquée par l’infection virale.

Peut-on bénéficier d'un antiviral si l'on est vacciné ?

On voit aujourd’hui que les vaccins sont efficaces mais n’empêchent pas toujours l’infection par le Sars-Cov-2 et notamment son variant Delta. Les vaccins n’empêchent pas non plus dans tous les cas les formes sévères de la maladie, même s’ils en réduisent très fortement le risque. Disposer de traitements antiviraux ou anti-inflammatoires ou d’anticorps monoclonaux efficaces et sûrs pour combattre l’infection serait donc certainement très utile et précieux dans l’arsenal des solutions en cas de COVID-19 chez les personnes vaccinées ou non. 

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Comment les antiviraux affectent-ils la transmission ?

Dans la mesure où les antiviraux sont particulièrement efficaces aux stades précoces de l’infection, leur rôle préventif, y compris contre la transmission, pourrait théoriquement être prometteur mais seuls les essais cliniques le démontreront.

Les antiviraux seront-ils efficaces contre les nouveaux variants?

À la différence des anticorps monoclonaux, également très prometteurs, mais dont le mécanisme d’action qui simule en quelques sortes le système immunitaire est dépendant de la protéine ciblée par l’anticorps, et donc leur efficacité est susceptible d’être obérée par des mutations portant sur le génome codant pour ces protéines, les antiviraux ciblant le récepteur ACE2 de nos propres cellules n’est pas dépendant des mutations du coronavirus. En revanche, les antiviraux dont le mécanisme d’action est dirigé plus spécifiquement contre des enzymes ou des protéines virales peuvent s’avérer moins efficaces en cas de mutations portant sur les gènes codant pour ces enzymes et protéines.

Des effets secondaires ont-ils été constatés ?

Il n’y a pas de médicaments efficaces sans contreparties et les effets secondaires sont malheureusement souvent le revers de la médaille. Les essais précliniques puis cliniques sont réalisés pour évaluer et encadrer le risque de survenue des effets secondaires et leur fréquence, puis la pharmacovigilance complète le profil de sécurité des médicaments une fois mis sur le marché. Les agences en charge de l’homologation des médicaments (la FDA aux États-Unis, l’EMA en UE) instruisent les dossiers d’enregistrement pour évaluer si le rapport entre les bénéfices (= l’efficacité) et les risques (effets secondaires) est favorable au médicament ou non. Lorsque c’est le cas, elles donnent alors leur feu vert, c’est-à-dire l’autorisation de mise sur le marché.

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Seront-ils disponibles bientôt sur le marché ?

Des procédures d’urgence existent lors de périodes de crise sanitaire que nous vivons actuellement. Mais ces procédures si elles court-circuitent les phases administratives de l’enregistrement des médicaments, n’accélèrent pas les essais cliniques, ni leur évaluation par des experts indépendants. Tout ce temps et cette rigueur sont faits pour protéger la sécurité des futurs utilisateurs de ces produits. Donc cela prend du temps, après que les premières annonces des résultats des essais soient communiqués par les fabricants. Car l’annonce de l’homologation des médicaments doit venir des seules agences de sécurité sanitaire. L’automne 2021 devrait être une période d’annonces de résultats des essais de phase 3 en cours pour plusieurs d’entre eux. On ne peut donc probablement pas espérer disposer de ces médicaments, s’ils sont évalués favorablement, bien avant l’année 2022.

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