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Coup de patte venu de l’est : les sous-titres de l’interview d’Angela Merkel sur Emmanuel Macron
©Kay Nietfeld / POOL / AFP

Différences franco-allemandes

Dans un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung, la chancelière a parlé de différences entre la France et l'Allemagne pour justifier sa réponse au mouvement initié par Emmanuel Macron.

Henri de Bresson

Henri de Bresson

Henri de Bresson a été chef-adjoint du service France-Europe du Monde. Il est aujourd'hui rédacteur en chef du magazine Paris-Berlin.

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Atlantico : Dans un entretien accordé au Süddeutsche Zeitung, Angela Merkel a répondu aux journalistes allemands qui lui demandaient pourquoi l'Allemagne ne suivait pas le mouvement initié par la France d'Emmanuel Macron, mettant en avant des différences. Comment interprétez-vous cette sortie ?

Henri de Bresson : A l'égard du budget de la zone euro, les Allemands entretiennent une très grande prudence et une méfiance, notamment par rapport à ce que les Français comptent y mettre. C'est une peur assez classique. Le contexte actuel est assez tendu au moment des élections européennes, parce que la situation est difficile en Allemagne comme en France, on sent que la chancelière a cherché, tout en soulignant avec une grande diplomatie certains désaccords, à éviter les conflits. Et ce alors même que techniquement, au sein du Parlement, les

L'enseignement principal, c'est que l'Allemagne veut bien avancer mais se méfie des trop belles phrases. Elle souhaite avancer doucement, car il y a des choses à faire et que c'est un enjeu important : des progrès ont déjà été faits. On comprend que Macron, dans sa fougue, est allé un peu loin, mais il n'y a pas de raisons que l'Allemagne se laisse dicter sa conduite par la fougue de Macron.

Angela Merkel explique-t-elle que l'Allemagne, elle aussi, a son agenda national malgré la campagne européennes ?

En Allemagne, l'extrême-droite, de plus en plus importante malgré tout, n'est pas à la tête d'un mouvement comme le Frexit. Il y a, en Allemagne, un souci de ne pas voir l'extrême-droite prendre davantage d'importance. Il y a également le fait que les trois forces politiques majeures (les Verts, le SPD, la CDO) ont accédé à un consensus que l'Europe est nécessaire pour l'Allemagne. Il y a une peur de se laisser entraîner sur des pistes qui pourraient fournir des armes de croissance à l'extrême-droite ; doublée d'une peur des Allemands en raison de leur réussite économique et financière actuelle d'être la banque des autres.

Cependant il faut se rappeler que le contrat de coalition entre le SPD et la CDO, qui n'aurait sans doute pas été signé aujourd'hui, met l'Europe en tête dans les objectifs de cette coalition. Et comme les Verts sont sur cette ligne, cela indique bien la ligne des élites politiques allemandes.

Cet entretien montre-t-il une certaine fébrilité de l'exécutif face à la population allemande sur la question européenne ?

Il y a dans le débat public allemand une question qui demeure : pourquoi cette peur d'avancer dans le projet européen ?  Il faudrait que l'Allemagne soit plus percutante quant à ce projet. La structure actuelle de la scène politique allemande s'oppose actuellement à ça. Depuis que cette coalition est au pouvoir, les partis n'ont pas arrêté de débattre sur des problèmes qu'ils jugent importants mais qui ne nous semblent pas essentiels, pour nous Français. En France, le président Macron est capable d'arrêter un débat du jour au lendemain, ce n'est pas le cas en Allemagne.

De manière générale, si l'on veut avancer, il y a besoin d'une solidarité européenne. La politique sociale pourrait constituer le ciment de cette solidarité européenne. Seulement, les Allemands ne veulent pas de châteaux de sable financés par leur argent et souhaitent avancer, notamment sur les politiques de défense qui sont laborieuses en Allemagne. On voit la différence sur la politique d'intégration de la zone euro, puisque ça leur paraît dangereux, ce qui n'est pas l'avis de tous les pays européens. Cela serait intéressant de voir quelle sera la recomposition de la social-démocratie allemande durant ces prochaines années, puisqu'ils sont pris entre deux : une partie de la social-démocratie ne comprend pas pourquoi le ministre des Finances semble encore tenir à la "Ligne Schröder" et en même temps elle n'arrive pas à se reconstruire sur un modèle plus offensif quant à la solidarité. La gauche française a explosé en se traitant de social-traître : en Allemagne, c'est un débat qui n'arrive pas à avoir lieu. Depuis les deux dernières élections, on sent que ce débat n'arrive pas à sortir au sein du parti social-démocrate. C'est vrai aussi des Verts en Allemagne : le premier débat anti-nucléaire a eu lieu en France et non en Allemagne.

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