"Couleurs de l’incendie" de Clovis Cornillac : une fresque romanesque et populaire, à la gloire des femmes, servie par des acteurs impeccables…<!-- --> | Atlantico.fr
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Le film "Couleurs de l’incendie" de Clovis Cornillac est sorti ce mercredi 9 novembre.
Le film "Couleurs de l’incendie" de Clovis Cornillac est sorti ce mercredi 9 novembre.
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Le film "Couleurs de l’incendie" de Clovis Cornillac est à retrouver dans les salles de cinéma à partir de ce mercredi 9 novembre.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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COULEURS DE L’INCENDIE

De CLOVIS CORNILLAC

Avec LÉA DRUCKER, BENOÎT POELVOORDE, ALICE ISAAZ, CLOVIS CORNILLAC…

Notre recommandation : EXCELLENT

THÈME

Paris, février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, Madeleine, sa fille (Léa Drucker) doit prendre la tête de son empire financier dont elle est la seule héritière. Rien ne va se passer comme prévu. Son fils unique Paul (Octave Bossuet, puis Nils Othenin-Girard) va, sans raison apparente, se jeter par la fenêtre et en restera paralysé. Et parallèlement, tous ceux qui l’entourent vont profiter de son désarroi pour la trahir et la gruger. Mise sur la paille, obligée de déménager, Madeleine va courageusement tout mettre en œuvre pour reconstruire sa vie et prendre sa revanche. Dans une France qui observe, impuissante, les premières « couleurs de l’incendie » qui va ravager l’Europe, sa tâche va s’avérer difficile. Elle y arrivera grâce à sa ténacité et l’aide de son ancien et fidèle chauffeur, Lucien Dupré (Clovis Cornillac).

POINTS FORTS

Est-ce parce que Couleurs de l’incendie est né du désir commun de l’écrivain Pierre Lemaitre et de l’acteur-réalisateur Clovis Cornillac de travailler ensemble ? En tous cas, fond (scénario et dialogues) et forme (réalisation) s'emboîtent à la perfection : même romanesque, même précision dans les détails, même « curiosité » aussi pour les personnages. Cette osmose entre l’écrit et l’image donne au film sa belle densité et son humanité.

Depuis ses débuts de réalisateur, Clovis Cornillac avoue un penchant prononcé pour le cinéma populaire :vif, simple, rythmé, centré sur l’humain. Avec cette histoire, riche en rebondissements, de la vengeance d’une femme dans le Paris des années 30, il est à son affaire.

A production française ambitieuse, distribution prestigieuse. Elle rassemble une part de la crème du cinéma belge (Benoît Poelvoorde, Olivier Gourmet, Johan Heldenbergh…) et français ( Fanny Ardant, AliceIsaaz, Jeremy Lopez…) Léa Drucker, est impériale dans son rôle de femme ruinée et trahie qui va prendre sa revanche. Clovis Cornillac émerveille dans son personnage de chauffeur fidèle à sa « patronne » malgré son « déclassement ».

Dus à Guillaume Russel, les thèmes musicaux sont magnifiques. Ils renforcent le ton romanesque du film.

QUELQUES RÉSERVES

Même s’il s’accorde à l’écriture de son auteur, on pourra reprocher à ce film son classicisme formel.

ENCORE UN MOT...

Après le naïf et acidulé C’est magnifique, sorti en juin, et dont il avait cosigné le scénario, Clovis Cornillac offre son talent de cinéaste à Pierre Lemaitre en portant à l’écran son livre Couleurs de l’incendie, qui est le deuxième volet (sur 3) de la saga Les Enfants du désastre, dont le premier Au revoir là-haut, sorti en 2013 avait été adapté au cinéma en 2017 par Albert Dupontel. Couleurs de l’incendie obtiendra-t-il à son tour, comme Au revoir-là haut en 2018, 5 Césars ? Réponse le 12 mars prochain.

UNE PHRASE

« J’aime ce que Pierre Lemaitre écrit, car ses livres font partie d’une littérature qui a trait à tout ce qui me plait au cinéma : le romanesque, qui au même titre que le grand cinéma, allie une élégance d’écriture et une intelligence qui font que le divertissement sollicite l’esprit du spectateur. C’est comme chez Dumas et Hugo : il s’agit d’une aventure humaine avec quelque chose qui nous dépasse ». ( Clovis Cornillac, réalisateur).

L'AUTEUR

Fils de l’actrice Myriam Boyer et du metteur en scène Roger Cornillac, Clovis Cornillac, né à Lyon en 1968, est un enfant de la balle plutôt précoce. Il débute sa carrière à treize ans en tournant avec sa mère dans le feuilleton L’Enfance de Pierrot. A quatorze ans, il quitte la maison familiale pour apprendre le théâtre et multiplie les expériences dans le théâtre de rue et le subventionné. A quinze ans, il débute au cinéma dans Hors la loi et se fait engagé par Peter Brook pour jouer dans le Mahâbhârata… 

Acteur aux multiples facettes, travailleur acharné, il poursuit sa carrière sur tous les “fronts” du jeu, théâtre, petit et grand écran, aussi bien dans le cinéma d’auteur que dans les grosses productions. Parmi ses films marquants, en 2000, Karnaval de Thomas Vincent ; en 2004, Mensonges, trahisons et plus si affinités de Laurent Tirard (pour lequel il décroche le César du meilleur espoir masculin) puis Un Long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet ; en 2005, Brice de Nice de James Huth… En tout, plus de cinquante films, jusqu’en 2015 où il réalise son premier long métrage, Un peu, beaucoup, aveuglément. Depuis il a encore tourné dans une dizaine de films (il en a plus de cent à son actif) et il a joué dans une quinzaine de pièces (classiques et contemporaines). Il a aussi réalisé en 2017, Belle et Sébastien 3: Le Dernier Chapitre, puis en 2021, C’est magnifique. Couleurs de l’incendie est le quatrième long métrage de cet artiste boulimique, inclassable, gourmand, généreux et…talentueux.

ET AUSSI

- ARMAGEDDON TIME de JAMES GRAY — Avec ANTHONY HOPKINS, BANKS REPETA, JEREMY STRONG, ANNE HATHAWAY…

A New-York, dans le Queens des années 80, Paul, 11 ans, enfant tendre mais malicieux et rebelle, grandit dans une famille juive entre des parents aimants mais rigoristes et un grand-père d’une merveilleuse bienveillance (Anthony Hopkins, génial). Entre disputes et réconciliations familiales, tout n’irait pas si mal pour Paul si ses parents, ne décidaient de le sortir de son collège public où il s’est lié d’amitié avec Jimmy, un petit garçon noir, pour le mettre dans une école privée fréquentée par des enfants de la riche bourgeoisie. Obligé de se soumettre à l’autorité parentale, Paul va avoir l’impression de trahir son copain afro-américain. Il découvreen même temps le racisme et les inégalités sociales. En toile de fond, se dessine le portrait d’une Amérique libérale qui votera pour le Républicain Ronald Reagan.

 Est-ce la cinquantaine qui est souvent l’âge des bilans ? James Gray, né en 1969 ( le réalisateur de Little Odessa,The Yards, La nuit nous appartient…) revient sur le quotidien de son enfance dans une famille de religion et de traditions juives. A travers son récit, il nous donne à comprendre pourquoi ses racines, la trahison, le racisme et l’injustice sociale ont toujours été au centre de ses films. Le ton, feutré, doux, nostalgique, à la fois intimiste, politique et sociologique de son scénario, sa photo, splendide ( signée Darius Khondji ), et bien évidemment aussi sa distribution ( Anthony Hopkins, qui devrait rester comme l’un des plus grands-pères les plus touchants de l’histoire du cinéma, Banks Repeta, sensationnel dans le personnage du jeune Paul, Anne Hathaway dont l’interprétation lui vaut de prétendre à un Oscar du second rôle…) font d’ Armageddon Time l’un des meilleurs films du cinéaste. On comprend difficilement que ce film élégant, puissant et fascinant n’ait pas figuré au palmarès du dernier Festival de Cannes.

Recommandation : 5 coeurs

- PACIFICTION - TOURMENT SUR LES ÎLES  d’ALBERT SERRA — Avec BENOÎT MAGIMEL, SERGI LOPEZ…

Sur l’ile de Tahiti, en Polynésie Française, Monsieur de Roller, le Haut-Commissaire de la République française, lunettes bleues, costard blanc impeccable et manières parfaites, passe son temps à se trimballer de réceptions officielles en réunions plus clandestines. Son job ? Écouter la population locale, prendre son pouls et lui distiller des informations au compte-gouttes. Sous son élégance de dandy mystérieux et nonchalant, le fonctionnaire est aux aguets. Une rumeur court selon laquelle on aurait aperçu un sous-marin français, ce qui pourrait annoncer une reprise des essais nucléaires français, et de ce fait, déclencher une révolte des populations autochtones.

Comment définir ce film-fleuve, sans dialogues à proprement parler, qui relève du thriller de politique-fiction et propose une image « sur-réelle » évoquant à la fois les toiles de Gauguin et des univers plus oniriques ? Imaginé par le réalisateur catalan Albert Serra ( Le Chant des Oiseaux, La Mort de Louis XIV ), cet O.V.N.I. cinématographique nous plonge dans un monde « entre-deux » d’une beauté et d’une étrangeté aussi hypnotiques que luxuriantes, dont on ne peut se détacher jusqu’à son générique de fin. S’y invitent des personnages énigmatiques et insondables, mais surtout, s’y impose l’immense Benoît Magimel. Quasiment de tous les plans, l’acteur, d’une présence fascinante, contribue fortement à la séduction qu’exerce ce film sur les spectateurs, Il a été salué unanimement par la critique au dernier Festival de Cannes, en dépit de sa durée (2h45) . 

Recommandation : 4 coeurs

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