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Connaissez-vous la génération Flocon de neige, ces jeunes adultes qui s’offusquent pour tout et rien ?
©Reuters

Chaque flocon de neige est beau et unique

Ne sommes-nous tous pas des hypersensibles , attachés à notre vérité, dans une conception du monde en accord avec nos valeurs ?

François  Chauchot

François Chauchot

Médecin Psychiatre Libéral. Il exerce également à l'hôpital Sainte Anne. 

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C’est au premier abord une question que peut suggérer cette « génération des flocons de neige ». 

Cette appellation assez ambiguë, surtout quand on en connaît les sources, nous interroge sur ce que pourrait être UNE génération. 

Tout d’abord, il parait important d’écarter toute généralisation, qui d’emblée serait fausse dans son affirmation : ILS ne sont pas tous « des flocons de neige », comme certains pourraient avoir la tentation de le dire, souvent à des fins de manipulations des idées et des valeurs de notre société ; et donc écartons nous de cette description très anglo saxonne, pour nous recentrer sur ce que sont ces jeunes adultes « sensibles et susceptibles ». 

La description des personnalités sensibles, ou sensitives dans le langage psychiatrique est ancienne, depuis les premiers aliénistes ; elle renvoyait à une forme de grande difficulté dans les relations du fait de tout interpréter contre soi, confinant le sujet à une existence de reclus et de méfiance. 

Mais les temps ont changé, et les conceptions également. Il a été possible de décrire des facteurs de vulnérabilité, rendant le sujet fragile face à certains évènements de vie et certains contextes. Le stress est devenu permanent, repris dans des théories des troubles psychiques multifactorielles. Des interventions thérapiques diverses ont aidé ces sujets vulnérables à vaincre leur fragilité , mais au risque d’une conception du monde un peu déformée , le sujet aidé dans son enfance pouvant s’attendre à ce que cette aide perdure à l’âge adulte ... Rien de moins certain , car le monde est loin d’être tendre .. Mais assez curieusement, ces sujets, lorsqu’ils ne présentent pas de troubles psychiatriques, se montrent assez résilients ; tout comme  les dys - dyslexie, dyscalculie, ..., les HPI -ces fameux zèbres..., qui s’épanouissent dés lors qu’ils trouvent un milieu scolaire, universitaire ou professionnel qui leurs convient. 

On pourrait donc dire que cette première catégorie de « sensibles » n'est pas des «flocons de neiges », alors qui sont-ils ? 

Ils semblent questionner deux points, d’une part le rapport à l’injustice (plus qu’à la justice d’ailleurs) et d’autre part celui à la réalité dans ce qu’elle peut avoir de brutale et de violente. Je m’explique, certains jeunes adultes vivent un véritable effondrement psychique lorsqu’ils se trouvent confrontés à ce qu’ils vivent comme une injustice, surtout quand cette dernière est  causée par une personne en position d’autorité et de savoir ;  cette immaturité renvoie à l’attitude de l’enfant face au parent supposé tout savoir et tout prévoir. Car on pourrait penser que ces « flocons de neige » ont été le fruit d’une éducation très protectrice, très ou trop prévoyante des risques, maintenant le sujet dans une relative immaturité, possiblement biologique et émotionnelle. Le monde devient alors une terrain de jeux , avec des règles précises , des solutions de seconde vie prévues à l’avance , et des prises de risques qui ne sont  que virtuelles , sous l’autorité d’une meneur de jeux bienveillant et juste ... Un monde abordé par l’interface de la machine , devient un monde penser mais ni vécu ni éprouvé sur un plan corporel et émotionnel . De même qu’un monde qui bannit le risque comporte plus de risque qu’on ne le pense dans la mesure où le sujet ne vit plus la réalité dans sa complexité. Souvenez vous de votre  première chute à vélo pour intégrer les premiers éléments de physique  et des genoux écorchés...

le problème tient à ce que l’existence est bien réelle , et que vouloir exclure ce qui est désigné comme mal ou incompatible pose problème , et suppose un recours à une abstraction de cette même réalité ; on voudrait alors qu’elle soit comme on le pense , pas telle qu’elle est ; de là peut naître l’incompréhension, la vexation de ne pas se faire comprendre , la sidération intellectuelle face à ce paradoxe « mais alors , tout le monde ne voit pas le monde comme je le vois » !! . 

Alors sont-ils simplement de grands enfants, qui auraient besoin plus souvent de la présence de l’adulte à travers la contradiction, afin de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas  l’unique merveille du monde, et que leur idéalisme cadre mal avec la noirceur de notre monde ? Sans cela, le risque des « flocons de neige », plus que de fondre, serait de s’engager dans la voie d’une flambée de narcissisme paralysant la vie . 
Peut être faut il revoir une scène de Gran Torino, où Clint Eastwood traite ce jeune pasteur trop idéaliste  « d’over educated ». S’agit il des conséquences d’une attitude éducative à la fois très exigeante , excluant le risque de l’échec par toute une série d’interventions préventives et d’actions sur la motivation du sujet  , et d’absences de contradictions de cette enfant roi à la dureté de l’existence qui d’une façon ou d’une autre ne manquera pas de se rappeler à lui . 

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