Comment sortir de l'autoritarisme social selon Václav Havel<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ancien président tchèque Vaclav Havel en 2007.
L'ancien président tchèque Vaclav Havel en 2007.
©MARTIN BUREAU / AFP

Metapolitique

Comment peut-on s’opposer à l'autoritarisme social qu’a engendré le système post-totalitaire, particulièrement en France aujourd’hui ? L'analyse de l'enseignement de Václav Havel permet de démasquer le réel caractère du pouvoir.

Ludovic Trolle

Ludovic Trolle

Ludovic Trolle est président de l'IEPM (Institut Ethique et Politique Montalembert).

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Une brève prémisse sur les caractéristiques du pouvoir post-totalitaire en France avec comme point d’orgue la présidence d’Emmanuel Macron, et en Europe occidentale plus globalement, est nécessaire, car ce pouvoir est prisonnier de ses propres mensonges et donc il doit continuellement dire le faux… il fait semblant de ne contrarier personne. Il fait semblant de ne pas avoir peur. Il fait semblant de ne pas faire semblant. L’homme n’est pas obligé à croire à toutes ces mystifications, mais il doit se comporter comme s’il y croyait, ou au moins il doit les supporter en silence ou bien s’accommoder avec ceux qui s’en servent. C’est un constat navrant pour notre modernité et la cause de notre désaffection pour la politique.

Donc, l’homme vit dans le mensonge et, en vivant avec lui, dans les faits, il le confirme et lui permet de prolonger sa prise sur la société.

Dans ce sens, l’autoritarisme social, bien décrit par la routine du vendeur de légumes dans le livre de Vaclav Havel, Le pouvoir des sans pouvoir, qui est la victime du système et, au même temps, son sujet et son instrument, jusqu’au point de considérer comme une « anormalité » chaque attitude qui s’affranchie, qui se libère de cet autoritarisme social et « juste » l’exclusion de la société de tous ceux qui font ces gestes ou vivent dans la vérité.

Nous-mêmes, dans notre expérience, nous apercevons que nous sommes regardés et jugés parfois « anormaux » et « étrangers » par tous les autres, juste parce que cette société est caractérisée par une idéologie dominante que Vaclav Havel nous avait annoncé et qu’il n’a cessé de combattre.

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Comment peut-on s’opposer à cet autoritarisme social qu’a engendré le système post-totalitaire particulièrement en France aujourd’hui ?

Cette opposition selon Havel, se caractérise par tout ce qui est proprement une tentative de « vie dans la vérité », du refus du fruitier de mettre en vitrine le slogan, jusqu’à la poésie écrite de manière libre, en somme tout ce que les intentions de la vie usent pour franchir les limites que les intentions du système leur posent. Aujourd’hui il suffit d’appeler les choses par leur nom, on marginalise ainsi la « Novlangue » après des décennies de déconstructions (genre, mariage, éducation, racialisme, etc...), en s’opposant à sa lecture et en la démythifiant, c’est-à-dire en rompant avec le «politiquement correct sémantique» que tout le système nous impose.

Ainsi, Havel nous dit, que la Charte 77 a été une opposition puisqu’elle a bouleversé réellement l’intégrité du pouvoir post-totalitaire fondé sur le principe de la vie dans le mensonge. Il est clair que ceux qui ont décidé simplement de vivre dans la vérité, de proclamer à voix haute ce qu’ils pensent, de se solidariser avec l’ensemble des concitoyens, de créer librement et de se comporter en accord avec leur conscience, n’acceptent pas d’être définis de manière seulement négative, contre quelque chose. Donc, la dissidence ainsi n’est pas une position idéologique, mais une position existentielle qui s’adresse « au monde du quotidien » et de la tension quotidienne entre les intentions du système et la vérité de la vie. Des personnes simples, avec leurs préoccupations communes qui se distinguent des autres seulement parce qu’ils disent à voix haute ce que les autres ne peuvent pas ou n’ont pas le courage de dire.

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Le seul point de départ pour un destin national est dans l’homme, le changement du cœur de l’homme, seulement ainsi on entend la raison pour laquelle Havel repart de la tentative du fruitier de vivre dans la vérité qui ne consiste pas seulement à ne pas faire certaines choses. Il peut commencer à faire quelque chose de concret, quelque chose qui va au-delà de l’immédiate défense personnelle contre la manipulation. Par exemple, il peut s’organiser avec d’autres acteurs dans une initiative commune dans la défense de leurs intérêts, il peut écrire aux différentes institutions et les interroger.

Donc on entend que la « vie dans la vérité » soit le point de départ de toutes les initiatives civiles indépendantes mais pas seulement, Havel nous avertit, elle est difficilement descriptible, elle est faite pour la plupart par des manifestations qui restent dans l’anonymat…

L’homme simplement se redresse et vit de manière plus digne comme personne.

Quand la vie dans la vérité cesse d’être seulement la négation du système, elle passe à sa dimension créative, à l’auto-organisation sociale indépendante, à organiser et soutenir une vie indépendante de la société. Aussi ici on part de la défense concrète de l’homme parce qu’elle ramène la politique au seul point duquel elle peut partir si on veut éviter les erreurs idéologiques du passé qui sont malheureusement toujours à l’œuvre.

Devant un système post-totalitaire qui lance une « attaque globale », il ne suffit plus de changer la ligne politique ou le gouvernement, nous sommes devant le grand problème de l’existence, donc la défense de l’homme n’est pas seulement la voie la plus réelle (elle peut commencer ici et maintenant, avec un soutien du plus grand nombre, car elle touche le quotidien de chaque Homme) mais elle est aussi la voie la plus cohérente. En effet, tous les grands changements de système sont arrivés, dans les faits, toujours par le bas, puisque la vie quotidienne était changée par la conscience de chaque personne et non pas par le haut. Donc, de cette « polis parallèle » une responsabilité nait « vers tout et pour tout » et engendre une croissance de responsabilité.

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Ainsi, tous ces mouvements d’auto-conscience personnels, depuis la sphère secrète qui indiquait la vie dans la vérité comme alternative humaine et sociale, ont facilité le réveil de l’auto-conscience civile, ils lacèrent le monde de l’apparence et ils démasquent le réel caractère du pouvoir.

Enfin, dans cette analyse on peut voir le consensus et le message positif d’Havel sur la « politique antipolitique » et son sens subsidiaire, c’est-à-dire « les efforts des dissidents, qui ne prenaient pas part immédiatement à la politique comme milieu de gestion du pouvoir (donc pas politique), mais dont la conscience morale et la nature civile ont toutefois un effet politique indéniable.

Encore mieux la « politique antipolitique » est une politique entendue comme un des « moyens pour chercher et trouver le sens de la vie, pour le défendre et le servir, une politique comme moralité en action, comme service à la vérité, préoccupation pour le prochain, en un mot : la charité…sans alternatives meilleures.

L’action de l’IEPM est justement de défendre et promouvoir cette vision de la politique.

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