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Comment la notion de mort cérébrale a fait de la mort un simple problème technique
©Reuters

Bonnes feuilles

Trois débats nous obsèdent : autour du genre, des droits de l’animal, de l’euthanasie. Et trois disciplines politiquement correctes traitent désormais de ces questions dans le monde universitaire : gender studies, animal studies, bioéthique. En lisant les penseurs à l'origine de ces trois courants de pensée, Jean-François Braustein lève le voile sur la folie très inquiétante qui s'est emparée de la philosophie aujourd'hui. 1/2

Jean-François Braunstein

Jean-François Braunstein

Jean-François Braunstein est professeur de philosophie contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il y enseigne l’histoire des sciences et la philosophie de la médecine ainsi que l’éthique médicale. Il a notamment publié La philosophie devenue folle. Le genre, l'animal, la mort (Grasset, 2018) et La religion woke (Grasset, 2022).

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"Une nouvelle définition de la mort a émergé en Occident depuis une cinquantaine d’années, à travers la notion de « mort cérébrale ». Cette définition est apparue aux États-Unis puis s’est rapidement étendue à la majeure partie du monde, sans rencontrer de grandes résistances, sauf au Japon. Cette reformulation de la mort est directement liée, cela a été souvent remarqué, au développement des techniques de transplantation d’organes. Elle n’est évidemment pas sans conséquences scientifiques et médicales, mais aussi éthiques. Au-delà de l’euthanasie, l’engouement morbide de notre époque pour une mort « digne » ne peut mieux trouver à s’exercer qu’autour de cette question des limites de la mort. Là aussi nous ne serons pas déçus dans la mesure où, derrière le déluge de bons sentiments « solidaires » et « citoyens », se profilent de bien plus inquiétantes perspectives qui, comme dans le cas de l’euthanasie, nous conduisent assez directement aux films d’horreur contemporains les plus « gore ».

Une telle approche tend à considérer la mort comme un problème technique auquel il est possible d’apporter des réponses techniques. C’est ce que note le livre récent de Yuval Noah Harari qui entend décrire l’avenir de l’humanité : « même les gens ordinaires qui ne sont pas impliqués dans la recherche scientifique ont pris l’habitude de penser à la mort comme à un problème technique » et « tout problème technique a une solution technique »."

Extrait de Jean-François Braunstein, La philosophie devenue folle © Editions Grasset & Fasquelle, 2018. 

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