Comment la mue de François Hollande en chef de guerre lui permet d’abandonner l’intendance…et les réformes<!-- --> | Atlantico.fr
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L'image du président normal, chère à François Hollande, s'est évanouie.
L'image du président normal, chère à François Hollande, s'est évanouie.
©Reuters

Editorial

Le chef de l'Etat consacre son énergie à sa nouvelle image de gendarme planétaire, oubliant ainsi de réformer une économie qui peine à sortir du marasme.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Apparemment, c’est un François Hollande transformé qui s’est exprimé jeudi devant une assemblée de journalistes presque tétanisés par le ton nouveau, quasiment martial du chef de l’Etat. Avec un vocabulaire emprunté aux militaires, où il n’était question que d’offensive à mener, d’audace dans la conduite de l’action et de rôle central à jouer dans les affaires du monde. L’image du « président normal » s’est totalement évanouie : François Hollande y a substitué celle d’un chef de guerre pour mener le combat pour la paix depuis qu’il a réussi à faire venir à Paris le gotha des dirigeants du monde après le carnage de Charlie hebdo et de l’hypermarché cacher. L’initiative surprise conjointement avec Angela Merkel pour tenter une détente dans le conflit ukrainien s’inscrit dans cette voie nouvelle et va sans doute en appeler d’autres. Car les tensions planétaires s’alimentent aussi dans le développement du terrorisme et créent un climat nuisible au bon fonctionnement de l’économie, alors que celle-ci a déjà toutes les peines du monde à sortir du marasme dans la plupart des pays européens.

La période est pourtant propice à un redémarrage grâce à la chute des prix du pétrole, à la baisse des taux d’intérêt et à la politique audacieuse de la BCE menée par son président Mario Draghi. La Commission de Bruxelles vient au demeurant de donner quelques signes d’espoir dans un début de reprise conjoncturelle, ce qui lui permet de valider les projections du gouvernement français d’une croissance d’un pour cent cette année, hypothèse qu’elle avait contestée jusqu’ici. Mais, du même coup, elle donne le sentiment de donner à la France un répit supplémentaire pour remettre son économie en ordre.

Or, tout se passe désormais comme si François Hollande voulait consacrer toute son énergie à son nouveau costume de croisé de la paix. Il n’est plus question que  de sécurité, de citoyenneté, de laïcité, des notions abstraites pour la plupart de nos concitoyens, qui ont du mal à en donner une définition ou à en évaluer le contenu. Alors que tout ce qui touche aux réalités concrètes de l’économie, aux réformes annoncées parait s’évanouir peu à peu, à l’image de la loi Macron détricotée au fil des jours. Prompt à tenir un langage ferme sur les grands dossiers internationaux, le pouvoir ne cesse de reculer devant les lobbies intérieurs, qu’il s’agisse des taxis, des auto-écoles, des notaires ou d’autres corporations, alors qu’il veille jalousement à maintenir le statut obsolète de la fonction publique. Une fois de plus renait l’inquiétante perspective de voir  la France relâcher ses efforts dès que la pression extérieure se fait moins insistante et céder à sa tentation permanente du laissez aller, alors qu’elle est le seul pays européen où le chômage n’a pas été stabilisé ou réduit l’an dernier, avec des perspectives particulièrement  sombres en raison des sureffectifs existants, qui vont devoir fondre dans les années à venir avec une révolution numérique qui a pris chez nous du retard par rapport à nos voisins. Dans ce domaine au moins, François Hollande n’a pas changé : l’immobilisme reste son credo ; il continue d’attendre tout de la reprise européenne en tablant sur une inépuisable patience des Français pour accepter que les réformes ne dépassent pas le stade des discours.    

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