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Real-Barça : foot business 
contre artisanat made in Catalogne
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Yin-yang

Real de Madrid - Barcelone : un classique du championnat espagnol. Jeudi dernier, les Barcelonais l'ont à nouveau emporté face aux Madrilènes (3-2). Philippe David était dans les tribunes. Il revient sur cette rencontre qui dépasse le cadre du football.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Peu de matches déchaînent autant les passions que le fameux « Clasico » qui oppose les « Merengue » du Real Madrid aux «Blaugrana » du FC Barcelone. Il faut dire que tout oppose ces deux clubs tant au niveau sportif qu’au niveau historique.

Les blancs madrilènes portent la couleur du Roi d’Espagne, représentent la très catholique Castille qui domine depuis des siècles tant linguistiquement que politiquement l’Espagne et restent dans l’inconscient collectif le meilleur vecteur de propagande de l’Espagne franquiste avec sa domination sans partage sur l’Europe du football à la fin des années 50 et au début des années 60.

Les bleu et grenat barcelonais représentent, eux, la Catalogne proche de la France géographiquement et culturellement et donc baignée par l’esprit des lumières. Durant le franquisme, les décisions d’arbitrage allaient quasi systématiquement dans le sens des madrilènes ce qui a laissé des traces dans la mémoire de chaque descendant de socio qui n’hésitent pas aujourd’hui à arborer fièrement le slogan « antimadridista ». Enfin, pendant le franquisme, le « Camp Nou » était le seul endroit où parler catalan se faisait sans risque.

Depuis l’eau a coulé sous les ponts mais la rivalité est toujours aussi forte. Depuis le début des années Florentino Perez, le Real est devenu une « cash machine » recrutant à prix d’or les plus grandes vedettes du football mondial. Personne n’a oublié les fameux « galacticos » qui regroupaient sur le terrain Roberto Carlos, Luis Figo, Ronaldo, Zidane et Raul. Au Real on a un centre de formation, la Cantera, mais peu nombreux sont les jeunes formés au club qui fouleront un jour la pelouse de Santiago Bernabeu.

Le Barça a lui choisi le chemin inverse en construisant une équipe formée pour l’essentiel de joueurs issus de son centre de formation, la Masia, dont certains ne sont même pas espagnols comme Messi. L’identité catalane de l’équipe est essentielle, Valdés, Puyol, Piqué, Xavi ou encore Busquets sont des catalans « pur jus » auxquels on greffe le meilleur joueur du monde, Leo Messi, la crème du football espagnol avec le castillan Iniesta, l’asturien Villa ou le canarien Pedro et des stars étrangères comme Alves ou Abidal. Cet état de fait en « remet une couche » sur le stéréotype de l’arrogante Castille et de la travailleuse Catalogne surtout en ces temps de crise très durs pour l’Espagne.

Pour avoir été dans les tribunes du Camp Nou lors du match retour de mercredi dernier remporté 3-2 par le Barça, je peux aujourd’hui témoigner qu’un « Clasico » ne ressemble à aucun autre match en termes d’ambiance. Les joueurs du Real sont accueillis lorsqu’ils rentrent sur la pelouse pour s’échauffer non pas par des sifflets mais par le stade entier chantant l’hymne du Barça qui, une fois terminé, est suivi d’une bronca gigantesque. Le speaker fait son office sans jamais prononcer le moindre mot d’espagnol et l’ambiance sur et hors du terrain est électrique comme le prouvent les évènements consécutifs à l’expulsion de Marcelo pour un tacle assassin sur la nouvelle recrue du club, le catalan Cesc Fabregas de retour au pays après 8 années passées à Londres.

Pour ce qui relève du jeu pur, il s’agit ni plus ni moins, alors que la saison n’a toujours pas commencé, que d’une orgie de gestes individuels et collectifs de grande classe avec un Maestro de chaque côté, Messi et Cristiano Ronaldo étant au football ce que Mozart et Beethoven sont à la musique classique. Les tenues de lumière, l’ambiance de feu et la passion qui dégouline de chaque goutte de sueur font le reste, on est bel et bien en train d’assister à un évènement d’exception avec du spectacle, du suspens et des buts, bref ce qui remplit les rêves de tout passionné de football.

Dans la saison qui commence il y aura encore au moins deux « Clasicos », deux bonnes raisons de retraverser les Pyrénées.

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