Ces e-mails secrets qui prouvent que le programme de fact-checking de Facebook a été infiltré par des activistes politiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.
Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg.
©AFP / Kenzo TRIBOUILLARD

Pouvoir centralisé

De nouvelles révélations dans la presse anglo-saxonne prouvent que le programme de fact-checking de Facebook a été infiltré par des activistes politiques.

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico : De nouvelles révélations dans la presse anglo-saxonne prouvent que le programme de fact-checking de Facebook a été infiltré par des activistes politiques. Comment le système mis en place par Facebook permet ces abus ? 

Fabrice Epelboin : Il permet ces abus car il est centralisé et il consiste à déléguer le pouvoir de dire le vrai du faux à des officines ou à des médias locaux. 

Donc le fait que ce pouvoir soit concentré en aussi peu de mains le rend par nature corruptible. La corruption est un phénomène naturel, ce n'est pas non plus un drame, mais c'est quelque chose qu'il faut prendre en compte, et la concentration augmente le risque de corruption. 

Le système est-il vicié par principe ?

Par nature, la concentration, la centralisation, va avec la corruption. Si vous confiez une mission à un seul individu, la pression qui s'exercera sur cet individu pour le corrompre sera gigantesque. Le schéma est le même pour le fact-checking. Cette ambitieuse mission a été confiée à quelques médias et quelques journalistes qui sont évidemment proches du pouvoir et qui vont aller dans son sens et qui vont être par nature biaisés. Ce  système a été imposé à Facebook. Le réseau social n'a absolument pas les moyens humains de faire face aux problématiques de fake news. Rappelons quand même que Facebook a deux milliards d’utilisateurs. La Chine, qui n’en a même pas la moitié, utilise près de 2 millions de community managers pour faire le même travail et éliminer ce qu’elle considère être comme des fake-news. Facebook n'a absolument pas les moyens d'avoir une telle masse salariale. Les États, le sachant plus ou moins, ont trouvé cette idée fabuleuse de confier à des médias en qui ils ont confiance le pouvoir de dire le vrai du faux. Le Covid est passé par là. Le Covid a donné un pouvoir incroyable à ces gens-là qui, par la suite, l'ont utilisé pour, non pas distinguer le vrai du faux, mais le bien du mal, ce qui n'est pas la même chose. 

D’autres garde-fous sont-ils possibles ? 

La seule solution qui marche, c'était la solution de Twitter, qui est une solution qui, d’un point de vue de l'architecture, est l’extrême inverse. 

La communauté Twitter a la capacité de distinguer le vrai du faux à travers deux rôles qui ont été introduits dans Twitter, celui de rédiger des community notes qui s’apparentes à des épreuves qualificatives assez longues et fastidieuses, de façon à s'assurer que vous savez rédiger dans les règles de l'art une note destinée à corriger ou à mettre en contexte un tweet, et puis de l'autres côté, l'ensemble de la communauté Twitter peut voter de façon positive ou négative, selon 12 critères, par rapport aux notes qui ont été rédigées. L'algorithme qui vérifie tout cela est capable typiquement de ne pas prendre en compte des votes qui seraient systématiquement partisans. Les résultats sont très convaincants. Il y a une capacité à traiter un volume considérable de données, qu'aucun média ne pourrait traiter. Là encore, il s’agit d'un problème de masse salariale et de ressources humaines, alors que, si on utilise des dizaines de millions de personnes, il n'y a aucun problème, de masses salariales, aucun problème de ressources humaines, il faut le considérer. Le problème de cette approche est que l'on s’est vite aperçu que les premiers à se faire debunker étaient les politiques et les médias. Forcément, les politiciens et les médias sont vent debout contre Twitter parce qu'ils s’aperçoivent que, au final, ce sont eux les principaux producteurs de fake news. 

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