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Europe
Un drapeau européen devant le Parlement à Strasbourg.
Un drapeau européen devant le Parlement à Strasbourg.
©FREDERICK FLORIN / AFP

Avenir de l'UE

Les résultats des élections européennes et la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale soulèvent trois questions européennes.

Bruno Alomar

Bruno Alomar

Bruno Alomar, économiste, auteur de La Réforme ou l’insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed.Ecole de Guerre – 2018).

 
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Quel avenir pour Mme Von de Leyen ? 

Selon les règles européennes, le Conseil européen doit au mois de juin (le 17 vraisemblablement) proposer son candidat à la tête de la Commission. Ce choix devra ensuite être avalisé par le Parlement européen à la majorité simple à la mi-juillet. Mme Von der Leyen, présidente sortante et membre du PPE, lequel reste le premier parti européen, est favorite.

Or il est difficilement envisageable qu’Emmanuel Macron propose un nom ou puisse présenter la position de la France dans les semaines qui viennent, alors même qu’il est probable que le RN emportera une majorité relative voire absolue le 7 juillet et que ce parti a fait de la Commission et de Mme Von der Leyen -dont Emmanuel Macron n’a jamais caché que c’était lui qui avait proposé initialement Mme Von der Leyen - le cœur de sa critique européenne. 

Si, malgré tout, au nom du « domaine réservé » le Président de la République devait ne pas tenir compte de la position du RN, il risque, avant les élections parlementaires de juin et juillet, de donner de nouveaux arguments au RN.

Quel commissaire français ? 

En période de cohabitation, la nomination à la commission européenne vient heurter la zone grise du « domaine réservé » du Président de la République. Lors de la cohabitation 1997-2002, J.Chirac et L.Jospin avaient pu trouver un accord pour la commission Prodi 1999-2004 : un commissaire de droite (M.Barnier) et un commissaire de gauche (P.Lamy) avaient été nommés.

Un tel accord n’est plus possible pour une raison simple : la France ne dispose plus que d’un seul commissaire. Dans ce contexte, l’on image mal que le nouveau gouvernement, s’il devait être issu d’une majorité relative ou absolue RN, n’ait pas son mot à dire, voire impose son commissaire. Dans le cas contraire, il est évident que la relation entre le gouvernement français et la commission serait immédiatement et totalement faussée puisque le nouveau gouvernement aurait beau jeu de souligner que ce commissaire n’a pas été choisi par lui. 

Quel avenir pour la zone euro ?

L’arrivée au pouvoir d’une majorité relative ou absolue RN va irrémédiablement revenir tester la solidité de la zone euro. Le programme du RN – à ce stade - est en effet peu compatible avec les engagements européens, engagements que le Président Macron n’a pas tenus lui-même. Surtout, la situation très mauvaise des finances publiques laissées par E.Macron et ses gouvernements successifs – matérialisée par la dégradation récente de la note de rating – ne laisse pratiquement pas de marge de manœuvre. 

Dans un tel contexte, l’alternative pour le nouveau gouvernement sera simple en cas de crise de l’euro rendue probable par les craintes des marchés financiers, peut-être dès juillet : soit renier immédiatement une large partie de ses promesses, ce qui poserait à l’évidence un grave problème démocratique ; soit maintenir son programme et risquer une crise de l’euro et de la zone euro, qui poussera les partenaires de la France à exercer sur le pays une puissante pression. L’exemple de Liz Truss – contrainte rapidement à un changement de politique qu’elle a refusé, la poussant à la démission – montre une chose claire : la pression des marchés peut être rapide et brutale. En d’autres termes, alors que François Mitterrand a attendu 2 ans pour changer de politique en 1983, le temps s’est raccourci à mesure de la financiarisation et de la dégradation de la situation budgétaire.

Ce scénario se produirait dans une situation considérablement différente – et plus dangereuse – que la crise grecque de 2015 pour deux raisons au moins : (i) la France, au moins économiquement, n’est pas la Grèce et les effets économiques – sans parler des effets politiques – seraient beaucoup plus grands ; (ii) le partenaire allemand (sans évoquer d’autres pays de l’UE), compte tenu de sa propre situation politique avec la montée en puissance de l’AFD (deuxième parti d’Allemagne), et dans un contexte de crise larvée au grand jour avec la France, risque d’être très peu ouvert à la négociation quand bien même une crise de l’euro l’affecterait lui aussi.

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