Carrefour, BDS et Israël : décryptage d'une tentative de boycott<!-- --> | Atlantico.fr
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Implanté dans l’essentiel des pays d’Afrique du Nord, Carrefour y est notamment présent en Egypte, en Jordanie, au Koweït, en Arabie Saoudite, ou encore au Liban.
Implanté dans l’essentiel des pays d’Afrique du Nord, Carrefour y est notamment présent en Egypte, en Jordanie, au Koweït, en Arabie Saoudite, ou encore au Liban.
©Pascal GUYOT / AFP

Polémique

Le géant français de la grande distribution Carrefour subit depuis quelques temps des attaques informationnelles appelant à son boycott.

Gabriel Robin

Gabriel Robin

Gabriel Robin est journaliste et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019).

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Le géant français de la grande distribution Carrefour subit depuis quelques temps des attaques informationnelles appelant à son boycott. Le groupe est accusé par BDS, Révolution Permanente et d’autres associations, de soutenir l’effort de guerre israélien en Palestine. Cela a notamment conduit à plusieurs manifestations devant des franchisés du groupe, dont une dernièrement au magasin de la rue Lecourbe dans le XVème arrondissement parisien. Qu’en est-il réellement ?
Implanté dans l’essentiel des pays du Moyen-Orient, Carrefour y est notamment présent en Egypte, en Jordanie, au Koweït, en Arabie Saoudite, ou encore au Liban, pays où le groupe a noué un partenariat exclusif depuis 1995 avec son franchisé Majid Al Futtaim Holding qui exploite 50 hypermarchés et 44 supermarchés. Carrefour est aussi présent en Israël via son partenaire Global Retail. Accusé d’exploiter des magasins dans les colonies en Cisjordanie – Judée Samarie, Carrefour ne possède pourtant de magasins sous son nom propre qu’à l’intérieur des frontières israéliennes telles que reconnues officiellement par la France.
BDS France a néanmoins pointé du doigt Carrefour pour « avoir distribué » des denrées alimentaires aux soldats israéliens. Sauf que de la même manière que pour ses magasins présents dans les pays musulmans, les Carrefour en Israël sont gérés par un franchisé, en l’occurrence la société Electra Consumer Product à l’origine de ces distributions. Il semblerait que les boycotteurs, liés à des organisations d’extrême-gauche, n’aient pas compris le fonctionnement du secteur dans le cadre d’une économie libre et mondialisée.
Pis, ces groupes de pression accusent le groupe d’être présent dans les colonies et territoires occupés de Cisjordanie alors que le groupe a été critiqué dans la presse israélienne … pour le contraire. Il est notamment expliqué dans ce papier que les dirigeants de Carrefour s’étaient engagés à ne pas soutenir d’implantations commerciales en Cisjordanie, ce qui a même conduit le député israélien Danny Danon à déclarer sur Twitter « C’est dommage, j’aimais bien le poisson de Carrefour ».
L’objectif final des officines appelant au boycott est donc de forcer les entreprises françaises à ne plus entretenir de rapports commerciaux avec des sociétés israéliennes quelles qu’elle soient, quand bien même cela serait parfaitement compris et accepté dans les pays arabes voisins – qui d’ailleurs continuent de commercer avec l’Etat d’Israël pour la plupart d’entre eux -. Une marque ne fait pas de politique. Elle respecte le droit international en vigueur mais ne saurait se substituer aux Etats ! A fortiori sur des critères mensonges et relevant de la diffamation. Par ailleurs, les franchisés locaux sont aussi libres. Ainsi, les franchisés Mac Donald font le choix en France d'acheter de la viande française. Ailleurs, ils feront le choix de vendre des produits halal ou cacher. 
Ce cas illustre toutefois l’extrême tension autour de la question israélo-palestinienne, un groupe pouvant être accusé par BDS France de participer à l’effort de guerre israélien et « en même temps » de pratiquer une politique qui ne serait pas favorable à l’Etat d’Israël par certains politiciens et médias locaux. C’est une preuve supplémentaire que la France se trouve aussi dans l’œil du cyclone, soumise au poids de jeux géopolitiques très largement indépendants de sa volonté et pour lesquels elle essaye d’adopter l’attitude la plus juste possible.
L’arme du boycott est redoutable, surtout à l’ère des réseaux sociaux où les rumeurs infondées deviennent rapidement des vérités virales. C’est pour ça qu’il est du devoir des marques de bien communiquer sur leurs politiques commerciales et de celui des journalistes de vérifier les informations…

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