Cantines scolaires : ce modèle que les anglo-saxons nous envient et que nous sommes en train d’affaiblir<!-- --> | Atlantico.fr
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Les cantines françaises font des envieux jusque chez nos voisins outre-Atlantique.
Les cantines françaises font des envieux jusque chez nos voisins outre-Atlantique.
©Reuters

Abus de normes

Qui l'eût cru ? Les cantines françaises font des envieux jusque chez nos voisins outre-Atlantique où l'on apprécie la qualité des menus servis aux enfants et les manières de tables qui leur sont transmises. Une qualité amoindrie par des normes d'hygiène de plus en plus drastiques.

Lisa Webb

Lisa Webb

Lisa Webb est canadienne et s'est installée en France en 2010. Après un an passé à Paris, elle vit désormais dans le sud de la France. Lisa Webb tient un blog Canadian Expat Mom.

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Valérie Marty

Valérie Marty

Valérie Marty est présidente nationale de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (P.E.E.P).

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Atlantico : A Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, des parents d'élèves ont organisé la semaine dernière un pique-nique géant pour protester contre l'augmentation de 32% des tarifs de la cantine. La Mairie facture désormais 8,64 € les repas pour les familles situées dans la tranche de revenus les plus hauts. Les cantines françaises sont-elles devenues trop cher ?

Valérie Marty : Si l'on se focalise sur les cantines des écoles primaires gérées par les mairies, le coût réel est de 8 euros (repas et prise en charge des enfants). En général le prix des cantines en primaire est assez raisonnable et le tarif est défini en fonction du revenu des familles. Un tarif pouvant aller jusquà 8 ou 9 euros s'applique généralement aux parents qui n'habitent pas la commune. Les tarifs moyens se situent en général aux alentous de 2,50 euros. C'est d'ailleurs rares que les mairies appliquent des tarifs allant au-delà de 5 euros.  

La qualité est-elle toujours au rendez-vous ?

Valérie Marty : Le vrai problème est de pouvoir offrir la cantine aux enfants pour les communes rurales. Les communes de taille moyenne ont même pour leur part réalisé des efforts sur les menus avec une possibilité pour les enfants de choisir  ces denières années. Des commissions cantines sont d'ailleurs mises en place pour favoriser le dialogue entre les familles et les collectivités.  Néanmoins, en raison des normes d'hygiène et du coût en résultant, beaucoup de mairies ont décidé de recourir à des liaisons froides et de fermer les cuisines centrales dont la mise aux normes auraient engendré un surcoût considérable. Un prestataire est moins coûteux et moins lourd à gérer. Ce qui peut parfois engendrer une perte de la qualité et au niveau du goût. Toujours en raison des normes drastiques, il est quasiment impossible de servir des produits frais aux enfants. Mais on note des efforts de la part des prestataires pour s'améliorer. 

Lisa Webb, canadienne, vous vivez en France depuis plusieurs années et raconter vos expérience sur votre blog Canadian expat mom. Lorsque vous avez découvert les cantines à la françaises qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?

Lisa Webb : En tant que principale adjointe d'une école élémentaire au Canada, j'ai passé beaucoup de temps dans les cantines des écoles même si je n'avais pas encore d'enfants à l'époque. Je pensais effectivement que les cantines françaises devaient être un peu différentes de celles que j'avais connues au Canada. Mais lorsque ma fille a fêté ses trois ans et a commencé à aller à l'école en France, j'ai été agréablement surprise de voir que les cantines ressemblaient en fait à des restaurants pour des enfants de trois ans. La table était dressée, ils étaient servis et tous les jours ils mangeaient une entrée un plat et un dessert.

Quels étaient vos apriori ?

Lisa Webb : En Amérique du Nord, beaucoup de cantines servent de la "nourriture de fast-food" comme des pizzas, des hamburgers et des frites. Lorsque j'étais au lycée, la cantine servait de la nourriture qui plaisait aux enfants et qui n'étaient pas nécéssairement les meilleurs d'un point de vue nutritionnel. Et comme les enfants pouvaient commander ce qu'ils voulaient, ils mangeaient régulièrement des frites.

Comment les déjeuners à l'école se déroulent-ils dans les pays anglo-saxons ?

Lisa Webb : Au Canada, les enfants emportent leur déjeuner à l'école. Ainsi, ce qu'ils mangent depénd de leurs habitudes alimentaires à la maison. Les enfants mangent principalement des sandwichs, une brique de jus de fruits, un snack et idéalement un fruit. La plupart des écoles vendent des laits chocolatés pour le déjeuner.

Les écoles élémentaires n'ont généralement pas de cafeteria et c'est le gymnase qui fait office de cantine. Certaines écoles ont des tables mais souvent les enfants pique-niquent à même le sol. Pour les plus âgés il existe effectivement une salle dédiée avec des tables où ils peuvent apporter leur propre repas ou en acheter un.

Les plus-petits ont quant à eux généralement 20 minutes pour jouer et 20 minutes pour manger. Jusqu'à ce qu'ils s'installent, il ne leur reste que peu temps pour manger.

Qu'est-ce que les autres pays peuvent avoir à envier au modèle des cantines à la française ?

Lisa Webb : Les Français aiment la nourriture et sont connus mondialement pour leur cuisine. Pour quelqu'un comme moi qui n'a pas été élevé dans cette culture, cette passion des Français pour la table est évidente, même dans les cantines scolaires. Nous devrions tous apprendre à nous enfants de prendre le temps d'apprécier leurs repas et de manger équilibré.

Pensez-vous qu'il s'agisse d'un bon endroit pour éduquer le goût des enfants ? Pour quelles raisons ?

Lisa Webb : Dans le cas de ma fille, le fait que tous ses camarades mangeaient tous la même chose l'a encouragé à essayer de nouvelles choses. Elle a vu ses amis manger des choses nouvelles, alors plutôt que de laisser la nourriture dans son assiette, elle testait parce que ses amis mangeaient.

Je suis rassurée de savoir que ma fille mange équilibré à l'école et qu'elle a davantage envie de goûter des nouveaux aliments et des nouveaux plats.

Et les manières de table ?

Lisa Webb : J'ai été impressionnée par les manières de tables des tout-petits alors qu'ils n'avaient que trois ans. Ils étaient sagement assis, utilisant des couverts de "grands", des assiettes, des verres, comme ils le feraient au restaurant.

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