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Calculs sur l'avenir, Hamon ou Macron, le choix cornélien des députés socialistes ...
©PATRICK KOVARIK / AFP

Tiraillements

Ça ne s'arrange pas entre le candidat officiel de la Gauche, Benoit Hamon et les députés légalistes du PS qui ont soutenu Manuel Valls pendant la primaire, tout comme lorsqu'il était à Matignon, et qui jugent aujourd'hui que la ligne du candidat du PS est trop radicale

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Le Parlement a beau être en vacances, les salles de réunion de l'Assemblée nationale demeurent pas moins des lieux de réunions et de rencontres prisés pour ces députés socialistes en proie à d'intenses états d'âme...Ils sont des dizaines qui n'arrivent pas à se résoudre à soutenir celui qui pendant cinq ans, a été " le chef des frondeurs, l'empêcheur de gouverner" pour l'exécutif, à savoir Benoit Hamon. Mais ils hésitent aussi à rallier purement et simplement Emmanuel Macron. Car leur champion à eux, c'était Manuel Valls, le perdant de la primaire de la Belle Alliance Populaire. L'ancien Premier Ministre a subi un échec mais ce combat n'a pas refroidi son ardeur politique ni amoindri son aura, et il a tenu à faire la démonstration de son poids politique. C'est qu’aujourd’hui la tentation est forte pour les députés socialistes qui ont soutenu le gouvernement et qui ne se reconnaissent pas dans le programme de Benoit Hamon (il prône notamment l'avènement d'une Sixième République, l'abandon du nucléaire, et le revenu Universel), et sont tentés de rejoindre En Marche. Pas tant parce qu'ils sont séduits par la personnalité Emmanuel Macron, que parce qu'il incarne l'alternative "vote utile" à la perspective d’un duel Le Pen -Fillon au deuxième tour de la présidentielle. Et aussi parce qu'ils qualifient l'accord conclu avec les Verts d'EELV d’"aberration".

Mais ils sont pris en tenaille par deux menaces : se voir retirer l'investiture Socialiste aux législatives s'ils soutiennent Emmanuel Macron, et devoir affronter un candidat estampillé « En Marche ! » en cas de victoire de l'ancien Ministre des Finances à la présidentielle, même si Emmanuel Macron s'est dit prêt à accepter la double appartenance des futurs élus (En Marche plus un autre parti). Leur situation est d'autant plus cornélienne qu'ils sont soumis à la double pression d'Emmanuel Macron et de Manuel Valls. Du coté d'En Marche, Gérard Collomb, le sénateur maire de Lyon, et cheville ouvrière en chef du mouvement rhodanien prépare un appel au ralliement des hésitants pour se prononcer en faveur d'Emmanuel Macron. Mais on ne coupe pas si facilement le cordon avec le Parti Socialiste, surtout si on y a milité pendant des années avant de le représenter au Parlement. C'est le cas de Manuel Valls et de ceux qui l’entourent ; ils refusent de défendre une ligne qu'ils qualifient de gauchiste et veulent continuer de prôner une ligne réformatrice au sein d'un PS, parti de Gouvernement. Aussi n'entendent-ils pas en laisser le contrôle du Parti à cette aile gauche qui a triomphé à la primaire ouverte, et ils refusent d'apporter leur parrainage au candidat dans l'état actuel des choses, un cas de figure sans précédent. Le secrétaire d'Etat à la Francophonie, Jean-Marie Le Guen l'a dit sans détour hier matin sur RTL : "Je pense qu’il doit rectifier sa campagne, il ne peut pas s’adresser à seulement 20 % des Français qui sont sensibles à des thèmes radicalisés". Hier matin il a participé à la réunion du pôle Réformateur du PS, dont une dizaine de membres ont déjà rejoint de camp Macron. Un petit nombre au regard de la petite foule qui se pressait en fin d'après-midi dans la Salle Colbert, la plus grande salle de réunion du Palais Bourbon, réservée pour l'occasion. Elle affichait archicomplet pour la réunion des amis de Manuel Valls. Une assistance bien supérieure à celle du " Conseil Parlementaire" réuni par Benoit Hamon plus tôt dans l'après midi dans une salle proche de son Q.G. parisien. Une réunion à laquelle assistait également le président sortant de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, des sénateurs PS, ainsi que des maires de grandes villes. Un affichage pour montrer que l'unité de son camp n'était pas fissurée et établir un rapport de force avec le nouveau favori des sondages afin peser dans la perspective d'une négociation future. Pour l'heure la question n'est pas ouvertement sur la table ; les " vallsistes" continuent de plaider leur bonne foi vis à vis du candidat Hamon ("Nous voudrions nous impliquer mais on  ne nous a pas appelés" déplore le député du Val d'Oise Philippe Doucet  qui se plaint d'être snobé par l'équipe de campagne, pourtant pléthorique).

Plus vachards, certains parlent de "stratégie sectaire" en évoquant la ligne de Benoit Hamon. Les porte-parole de ce dernier ne demeurent pas en reste puisque Mathieu Hanotin, son directeur de campagne du candidat a répliqué que les "élus PS pro-Macron, c'est le syndrome de Stockholm", autrement dit, qu'ils sont des victimes consentantes. A vrai dire on voit mal comment les deux camps pourraient se réconcilier et œuvrer ensemble pendant une campagne que les réformistes voient vouée à l'échec certain. Tout laisse à penser que les députés socialistes n'ayant pas encore rejoint Benoit Hamon, ne le feront pas davantage dans les jours qui viennent. Le candidat d'En Marche présente (-pour de bon cette fois) son programme ce jeudi à Paris . Le moment sera alors venu d'établir officiellement un "dialogue" avec les Socialistes réformistes. Regroupés derrière Manuel Valls, ils pèseront davantage qu’en apportant leur soutien de manière individuelle à Emmanuel Macron. Ils sont à la recherche de la bonne formule. Pour l'ancien premier Ministre la situation est cruelle : Emmanuel Macron est aujourd'hui à la place qu'il convoitait il y a quelques semaines : être le candidat du camp réformiste sans passer par la case primaire, dans une élection gagnable alors que cette hypothèse était totalement exclue avant qu'éclate l'affaire Fillon. Pour durer, il lui faut maintenant trouver sa place dans un futur dispositif ...gouvernemental ou dans l'opposition.

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