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Une personne consulte une vidéo deepfake avec Donald Trump et Barack Obama.
Une personne consulte une vidéo deepfake avec Donald Trump et Barack Obama.
©Rob Lever / AFP

Nouvelles technologies

Les deepfakes sont de plus en plus faciles à réaliser grâce aux progrès des nouvelles technologies et de l'IA.

Alexander Polonsky

Alexander Polonsky

Alexander Polonsky est Directeur de recherche, co-fondateur Bloom

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Atlantico : Avec l'accélération rapide de la technologie de l'IA, les deepfakes photos, audios ou vidéos sont à la portée de tous. À quel point est-il facile de créer de tels contenus pour un non-initié ?

Alexander Polonsky : Il s’agit d’un domaine qui évolue très rapidement. Il y a un an, seuls les développeurs pouvaient créer du contenu de qualité. De nos jours, n’importe quelle personne peut le faire, en l’espace de quelques heures. En somme, ce qui était très sophistiqué il y a un an est aujourd’hui accessible, et il est désormais très difficile de distinguer le vrai du faux. De nombreuses applications existent, notamment Dall-e qui est gratuit (créé par OpenAI, comme ChatGPT) et Midjorney qui est payant.

J'ai re-vérifié et en fait depuis Dall-e n'est plus gratuit - comme Midjourney, il a juste un essai gratuit.

Dans quelle mesure la création de deepfakes est-elle un phénomène inquiétant, qui représente un certain danger ?

L’utilisation des deepfakes n’est pas forcément mauvaise, on peut dire qu’il y a des bons et des mauvais côtés. C’est avant tout une manière de produire du contenu, comme on peut le faire avec Photoshop. Aujourd’hui, pour produire un deepfake, il n’est plus nécessaire d’être bon en photo ou d’avoir du matériel onéreux. Au fond, un deepfake est un objet multimédia qui représente une fausse réalité, en utilisant le deep learning. Le problème, c’est qu’il est de moins en moins possible de faire confiance à ce qu’on voit sur Internet. Dès lors, cette technique peut être utilisée pour générer de fausses informations ou et des canulars malveillants mettant en scène une personnalité politique, par exemple. Les conséquences peuvent donc être très lourdes, et renforcer le doute au sein de nos sociétés. On peut redouter que même lorsque les preuves du faux seront mises en évidence, l’effet recherché sera déjà bien installé au sein de la population. Pour l’heure, les outils informatiques peuvent identifier ces faux, mais je ne sais pas combien de temps cela va durer. Un jour, ils pourront échapper à toute détection.

Comment lutter contre le phénomène de deepfakes utilisés à des fins de propagande ? 

Cela sera très compliqué et il faudra agir le plus vite possible. Chez Bloom, nous travaillons surtout beaucoup sur les risques et les opérations d’influence. Les études ont démontré que plus on agit vite, plus on diminue l’impact de ces opérations. Dans un premier temps, le plus important est de signaler le faux, tout en mettant un lien vers le site qui met la supercherie en évidence pour diminuer la propagation de ce post.

Alors que l’usage de deepfakes va s’intensifier dans les années à venir, à quoi faut-il vraiment s’attendre ?

Les deepfakes vont se démocratiser dans le domaine des productions multimédias. En effet, le travail réalisé aujourd’hui par des studios de cinéma va devenir de plus en plus accessible. Il en est de même pour la publicité. Il faut s’attendre à une explosion de la publication d’images et videos sur les réseaux sociaux, ce qui ne va pas arranger l’empreinte carbone du numérique. Il faudra aussi éduquer les individus, afin de leur faire comprendre qu’il faut aussi se méfier des images et des vidéos, souvent considérées comme plus fiables que le texte. Comme je l’expliquais, le deepfake n’est pas forcément un problème. Mais les réseaux sociaux devront investir pour détecter et avertir les utilisateurs lorsqu’ils détectent un contenu malveillant, avec un label particulier par exemple. Ce qui est problématique, c’est que la puissance de calcul pour détecter ces contenus sera telle qu’il sera compliqué de mettre en place les outils nécessaires. Ce procédé ne pourra pas être fait de manière manuelle, car ce serait beaucoup trop coûteux. Il faudra donc l’automatiser, et c’est tout l’enjeu de la lutte contre les deepfakes sur les réseaux sociaux. 

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