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L'Édito : Apple, une mondialisation qui profite à tout le monde
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

L’iPhone n’est pas seulement l’exemple même de l’innovation triomphante et de l’entreprise à succès. Avec la dernière livraison qui s’est enlevée à 9 millions d’exemplaires dans le monde en trois jours, c’est aussi l’exemple de la mondialisation réussie.

Dans la plupart des pays occidentaux, les opinions publiques vivent mal la mondialisation. Elles considèrent que cette mondialisation effrénée depuis dix ans n’a entrainé que des délocalisations industrielles et des destructions d’emplois. Et c’est vrai que beaucoup de secteurs industriels ont déménagé leur fabrication dans des pays à faible coût de main-d’œuvre comme en Chine ou en Inde. Aux États-Unis comme en Europe, la part de l’industrie dans le PIB (le total des activités) a fondu au bénéfice du secteur des services ou des nouvelles technologies. Le résultat de cette mutation, c’est que les opinions publiques, convaincues que la mondialisation a plongé l’occident dans le chômage et la difficulté sociale, se sont très souvent dressées contre les réformes qu'il faudrait engager pour assumer le changement lié à la globalisation et en compenser les effets. La globalisation a engendré des réflexes protectionnistes et conservateurs qui ont aggravé l’appauvrissement de certaines régions résistantes à la modernisation. Les politiques sont  responsables de cette incompréhension. Ils n’ont jamais engagé une pédagogie de la mondialisation. Par démagogie, ils ont toujours préféré taper sur ces industriels qui vont s’installer à l’étranger pour faire de l’argent alors que c’était souvent le seul moyen de sauver la marque.

Le succès mondial et considérable de l’iPhone démontre de façon très claire les bienfaits de la mondialisation. Les iPhones, invention américaine de la silicon valley sont assemblés depuis toujours en Chine avec des composants fabriqués en Corée du sud. En première lecture, c’est une caricature de délocalisation. Si on creuse un peu, l’iPhone est une incroyable machine à produire du PIB partout dans le monde. Plus on fabrique d’iPhone dans les usines d’Asie du Sud-Est, plus on produit de richesses et d’emplois dans les vieux pays occidentaux. Démonstration par les chiffres. Comme à chaque fois qu’Apple sort un nouveau produit le cabinet IHS, spécialisé dans l’optimisation des fonctions de production, calcule le prix des composants du nouveau-né. En se basant sur les spécialisations annoncées par Apple, le cabinet a évalué à 191 dollars le coût des composants nécessaires pour fabriquer un iPhone 5S 16 Go. La note est un peu plus lourde, 210 dollars, pour la version de 64 Go. C’est un coût industriel auquel il faudrait ajouter environ 8 dollars de frais d’assemblage.

Ces iPhones 5S sont proposés en boutique à 649 dollars, soit 699 euros et 849 dollars, environ 900 euros, pour le plus puissant. Tout cela veut dire qu'un iPhone vendu en France 900 euros a couté à fabriquer 220 euros, près de 5 fois moins. Le différentiel est considérable. Mais ce différentiel a servi à financer la R&D, le marketing, le design, la publicité, le software, les transports, la distribution. D’un côté, la fabrication industrielle a créé des milliers d’emplois en Chine en en Corée et de l’autre, la conception, la recherche et le marketing a créé cinq fois plus d’activité à valeur ajoutée dans les économies matures. Plus l’iPhone aura de succès, plus les usines en Asie seront importantes et plus les entreprises en Californie ou en Europe travaillant pour Apple seront nombreuses.

Vu sous cet angle, la mondialisation profite à tout le monde. Ce qui se passe dans les produits technologiques se passe également dans les produits automobiles, les produits textiles, l’aéronautique, la pharmacie, le luxe. Le grand défi est d’assumer la mutation, d’abandonner des fabrications traditionnelles et anciennes au profit des nouvelles. Le problème c’est que très souvent les personnels ne sont pas prêts à assumer la mutation. Le gros problème c’est que les hommes politiques qui ne sont pas très courageux, préfèrent dire qu'ils protègeront les industries traditionnelles plutôt que de préparer les nouvelles. C’était le discours d’Arnaud Montebourg quand il a débarqué au gouvernement.

Il s’étonnait que les entreprises industrielles soient obligées de fermer. Après les avoir copieusement diabolisées, il a proposé aux consommateurs français d’acheter français. Comme si un consommateur achetait ce qu’un ministre lui disait d’acheter. Un consommateur achète ce qu'il a envie ou intérêt à acheter. Pour qu'il achète made in France, il faut qu'on lui raconte une sacrée belle histoire. Arnaud Montebourg ne racontait pas une belle histoire pour valoriser les produits français, il racontait des histoires jusqu’au jour où il s’est aperçu qu'on ne le croyait pas. Aujourd’hui, il a enfin compris que pour que les jeunes pousses puissent grandir, il faut laisser tomber les vieux arbres.

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